parution octobre 2016
ISBN 978-2-88182-958-1
nb de pages 208
format du livre 140x210 mm

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Agota Kristof

Clous

Traduction des poèmes hongrois par Maria Maïlat

résumé

Après les trois romans de sa trilogie, Le Grand Cahier, La Preuve, Le Troisième mensonge, son dernier roman Hier, ses nouvelles C’est égal et son récit autobiographique L’Analphabète, nous pouvons lire aujourd’hui les poèmes d’Agota Kristof (1935-2011). Peu avant sa mort, elle les avait sortis de ses archives pour qu’ils soient édités.

Clous rassemblent les poèmes hongrois de jeunesse dont elle a intensément regretté la disparition au moment de quitter la Hongrie en 1956. Elle les a reconstitués de mémoire, en a ajouté de nouveaux, a choisi leur titre français mais ne les a pas traduits. Source d’inspiration de plusieurs proses, les poèmes sont restés inédits.

Ce livre bilingue constitue leur édition originale en hongrois et leur première traduction en français. Ils sont accompagnés de quelques poèmes écrits directement en français. On y retrouve le style tranchant d’Agota Kristof, ses thèmes, la perte, l’éloignement et la mort, mais aussi, largement déployés, la nature et l’amour.

biographie

Agota Kristof fuit la Hongrie en 1956, par la forêt, à pied, son bébé dort dans les bras de son père, elle porte deux sacs, des langes dans l’un, des dictionnaires dans l’autre. Elle a 21 ans. Le hasard veut qu’elle s’installe en suisse, à Neuchâtel, où elle travaille d’abord dans une fabrique de montres. Elle y apprend le français et se met à écrire dans cette langue. En 1986, elle devient célèbre avec son premier roman, Le Grand Cahier. Deux livres suivent, La Preuve et Le Troisième Mensonge, formant une trilogie au succès international. Elle publie aussi Hier et C’est égal, et de nombreux textes pour le théâtre. Agota Kristof est décédée en juillet 2011.

En attendant Nadeau

"... [C]es poèmes sont énigmatiques, aussi beaux que tristes. Ils ressemblent à des contes. Comme dans les contes, la nature est vivante, no pas à la manière de la nature véritable, mais à celle des humains qui la rêvent. (...)" Marie Étienne

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World Literature Today

« We cannot fail to notice in these poems the quintessential nucleus of Kristof’s prose and dramatic works as well as the inspirational power of the mother tongue. (...) The poems of Agota Kristof embody spatial and corporeal freedom, like Chagall in words. » Alice-Catherine Carls

revue-secousse.fr

"... Sans cesse la tristesse alterne avec une sorte de gaieté, de vivacité tout au moins, où l'on croit percevoir la voix de la jeune femme d'alors. Là est la petite magie de l'écriture d'Agota Kristof, son charme aussi. La touche unique qui fait mouche. Le ton est incisif, à vif souvent, obsédant comme la peur qui prend la fuite. Des phrases à flux tendu. Qui sans cesse rebondissent. (...)"  Pascal Commère

ccp

"...[L]es poèmes [d'Agota Kristof] transcrivent un rapport vibrant au monde, où la nature et le chaos urbain se côtoient, où l'amour se heurte aux difficultés de la vie sociale, aux malentendus et aléas des relations affectives, où la présence de la mort s'impose, obsédante et inexorable... Clous, acéré comme la cruauté des hommes confrontés à la violence de l'Histoire.

L'angoisse existentielle, la fugacité des sentiments, la douleur diffuse des moments de grande solitude sont consignées sous forme à la fois elliptique et lyrique dans le poème. (...) Les émotions sont cependant tempérées dans quelques-uns des textes par un humour grinçant. (...) Mais ce sont d'abord l'amour et la sensualité qui sont au cœur de cette poésie intimiste et charnelle. (...)" Michel Ménaché
 

Le Temps

"[D]es poèmes empreints de la même tristesse que les romans (...) Il y est question d'oubli, d'éloignement, d'exil dans une ville étrangère. Le meilleur de la vie semble déjà derrière, perdu, presque oublié. (...)" Éléonore Sulser

Le Devoir

"...ces textes peuvent être lus comme une bouleversante autobiographie poétique (...)" Isabelle Boisclair

Le Courrier

"... La poésie de Kristof distille une atmosphère crépusculaire, le déclin est son trait distinctif. Tout semble alors condamné à l'érosion: la pureté, les illusions, l'amour, la nature, la vie. (...) Toutefois, si l'affliction est dominante, elle ne recouvre pas pour autant toute la gamme des possibles C'est dans l'ambiguïté (...) que germe un autre destin. Le doute fait obstacle à une clôture du sens. Et le soupçon d'irréalité, qui imprègne chaque strophe, devient un appel d'air. (...) l'écriture tend à la concision, les images deviennent plus percutantes. (...)" JAGS

Viceversa Littérature

"...la langue est sobre, précise et épurée. La poésie d’Agota Kristof est une poésie faite de notations concrètes, dépouillée et ancrée dans la réalité. (...) L’écriture évolue toujours du dehors vers le dedans. Les émotions sont rarement nommées. Elles sont prises en charge par des visions concrètes, en lesquelles les états d’âme se reflètent (...) À mille lieues d’un lyrisme élancé vers un ciel d’idées transcendantes, Agota Kristof redonne [aussi] des lettres de noblesse aux questions liées à la vie sociale. Ainsi, la pauvreté et la difficulté à trouver de l’argent sortent du silence et de la honte; le motif – à priori non-poétique – du manque d’argent obsède les textes. (...) Dans quelques poèmes, lorsque l’angoisse se fait particulièrement sentir, les images objectives se distordent au profit de visions plus subjectives: «tristesse ulcérée des soirées d’octobre» ou «ces routes hurlantes s’entrelaçant devant moi». Des images percutantes de beauté, qui confèrent une teinte presque expressionniste à l’écriture (...) Derrière l’observation de la nature affleure une lucidité laconique, désabusée, qui traduit un sentiment d’absurdité, de non-sens (...). Les poèmes apparaissent alors comme une façon de garder une trace, peut-être aussi de s’attaquer à ce monde impassible, comme une série d’entailles gravées dans un tronc d’arbre. Se déploie ainsi une poésie de l’immanence, dont la force consiste à mettre des mots sur les choses, à nommer. Les choses restent motrices: elles obéissent à leur loi propre, contre lesquelles la poète ne peut rien. Elle ne peut que tenter de labourer ce réel, le porter vers le dehors; le dire." Marina Skalova

L'article en entier ici

Le matricule des anges

"Les paysages et les lieux ici éclairés par Agota Kristof ne sont pas seulement ceux que la nostalgie de l'enfance fait revenir à la mémoire, mais aussi ceux dévidés par l'oubli et la mort. D'une portée allégorique, le temps n'est plus que l'étau qui enserre l'existence entre son commencement et sa fin. Avant tout rythmée par les saisons, la nature ici dépeinte se compose de tableaux aux tons contrastés, et sur fond de champs, montagnes, et forêts, où se côtoient hommes et animaux, elle est donnée à voir sous une apparente simplicité, une pauvreté foncière, telle celle de ces paysans qui fauchent leur champ, comme de tous temps les hommes voués au labeur de la terre. Mais (...) l'espace de vie comporte aussi sa part de confinement et, l'issue à la monotonie de cet enfermement auquel condamne un monde de solitude, d'attente, et de tristesse, appelle le désir de s'en échapper. (...) [L]e tour de force de plus d'un des poèmes de Clous [est] de faire entendre [une] tonalité aussi sombre que lumineuse. (...)" Emmanuelle Rodrigues

Le Quotidien jurassien

"... Œuvre inédite... à [l']écriture  dépourvue de la moindre fioriture, qui déploie une force d'évocation éludant toute sensiblerie. Les faits à eux seuls racontent l'exil, la mélancolie, l'horreur de la guerre, la solitude, la mort aussi bien physique que mentale. Agota Krostof s'est réfugiée dans la littérature pour supporter sa condition de migrante. (...)
Son écriture est sombre. Les poèmes s'étirent sur le mode d'un désespoir paisible et fulgurant. Les mots frappent, cruels, même s'ils décrivent des détails de la nature, l'amour, le regret, parfois la douceur d'un instant. (...)" Bernadette Richard

L'Hebdo

"... Tous [les poèmes], à la fois lyriques et tranchants, poignants et lumineux, parlent d'exil, de nostalgie, d'amour et de mort." [Isabelle Falconnier]

Delamain

Clous Kristof Delamain

Publiés pour la première fois, les poèmes de jeunesse d'Agota Kristof portent déjà en eux toute la force de son écriture sèche, précise, directe. Les émouvants débuts de l'un des PLUS GRANDS ECRIVAINS DU XXIe SIECLE.
 

Suédois

Éditeur: Ellerströms
Année: 2023

Coréen

Éditeur: Spring Day's Book
Année: 2020

Italien

Éditeur: Edizioni Casagrande
Année: 2017

L'Analphabète (livre audio)

Née en 1935 à Csikvand, Agota Kristof fuit la Hongrie en 1956 après une enfance marquée par la guerre mais aussi par la personnalité de son père instituteur et par les jeux avec ses deux frères. Le hasard veut qu’elle s’installe en Suisse à Neuchâtel. Dans L'Analphabète, l’auteur raconte l’amour des mots, la rupture du « fil d'argent de l'enfance », l'adolescente qui écrit des poèmes et cet exil qui l’a fait quitter sa langue. La narratrice se constate « analphabète » devant la nouvelle langue qu’est pour elle le français. En 1986, Le Seuil publie son premier roman, Le Grand cahier, qui lui vaut un succès mondial. Elle est morte en juillet 2011.

Où es-tu Mathias? (2005, Minizoé)

Où es-tu Mathias?

Où es-tu Mathias ? et Line, le temps convoquent les obsessions d’Agota Kristof : l’enfance et sa terrifiante clairvoyance, le désespoir intégral de la vie, la tromperie des mots, la dilution du temps, mais aussi l’humour et le rêve.

Sandor, le héros de Où es-tu Mathias ? nous entraine dans le dédale d’incertitudes que connaissent bien les lecteurs d’Agota Kristof. Plus légère, plus cocasse, Line, l’héroïne d’un court texte pour la scène, est une jeune fille amoureuse comme plus jamais elle ne le sera adulte.

L'Analphabète

Phrases courtes, mot juste, lucidité et humour : le monde d’Agota Kristof infuse dans L’Analphabète, son seul récit autobiographique, paru pour la première fois en 2004 : onze chapitres pour onze moments de sa vie, de la petite fille en Hongrie qui dévore les livres à l’écriture de ses romans. Les premières années heureuses, la pauvreté après la guerre, l'amour des mots, la rupture du « fil d'argent de l'enfance », puis l'adolescence, et finalement l'exil, qui ne la conduit pas seulement hors d'un pays, mais surtout hors d'une langue.

Clous: extrait

III

Quoi de neuf rien
comment vont les enfants
merci à présent seuls trois sont malades
les grands sont dans les magasins
ne vont pas à l’école
c’est égal
ils s’en sortiront d’une façon ou d’une autre et vous
rien de spécial il est devenu propre
notre chien sort dans la rue
uriner
parfois il neige