parution septembre 2010
ISBN 978-2-88182-675-7
nb de pages 1670
format du livre 140x210 mm
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Thierry Vernet,

Nicolas Bouvier

Correspondance des routes croisées

Texte établi, annoté et présenté par Daniel Maggetti et Stéphane Pétermann.

résumé

« La vie est tellement incandescente. Ici comme là-bas. Vieux frère je te lance un grand pont. » Ces propos de Vernet à Bouvier du 17 août 1955 traduisent l’intensité d’une relation faite de passion et de fraternité. Depuis l’âge du collège, Nicolas Bouvier (1929-1998) et Thierry Vernet (1927-1993) ont rêvé ensemble d’accords majeurs avec le monde, par le voyage et par la création. L’un devient écrivain, l’autre peintre : en mots et en images, ils diront ce que l’on ne peut connaître qu’une fois.

De Cologny à Paris, de Kaboul à Colombo, de Tokyo à Genève, leur correspondance est un fil tendu entre deux vies mises en commun. Nourrie de l’expérience de la route, elle exprime aussi la beauté d’une aventure humaine, celle d’une amitié sans réserve.

La Correspondance des routes croisées réunit les lettres échangées par Nicolas Bouvier et Thierry Vernet jusqu’à la parution, chez Julliard en 1964, de l’édition française de L’Usage du monde, le récit de leur traversée de l’Asie.

 

Extraits disponibles en livre de poche : http://editionszoe.ch/livre/le-courrier-la-courroie-ta-bonne-lettre

Thierry Vernet

Né au grand-Saconnex en 1927, Thierry Vernet s'est initié aux arts plastiques. Après sa formation, il entreprit un grand voyage en Orient en compagnie de l'écrivain Nicolas Bouvier, dont il illustrera « L'Usage du Monde ». Pour assurer sa vie matérielle, il réalisa les décors d'innombrables spectacles, à la Comédie de Genève, pour les spectacles estivaux de l'Opéra de Chambre de Genève, au Grand Théâtre, au théâtre du Jorat ou à la Comédie Française, notamment. Thierry Vernet est décédé en 1993.

Nicolas Bouvier

Nicolas Bouvier est né en 1929 à Genève. Après deux licences, de droit et de lettres, il part en compagnie de son ami Thierry Vernet pour un premier voyage de quatre ans, en Yougoslavie, au Japon, en Afghanistan, au Pakistan, en Inde et à Ceylan. Père fondateur du travel writing moderne, auteur entre autres de L'Usage du monde et du Poisson-scorpion, il trouve dans le voyage une invitation à l’allègement, une initiation à la transparence et à l’effacement de soi. Véritable chasseur d’images, il travaille également comme iconographe pour divers revues et journaux. Nicolas Bouvier s’est éteint en 1998 à Genève.

Télérama

« Ils sont jeunes, très jeunes, frémissent d’impatience. Ils ont la bougeotte : le monde les attend ! L’un est en Laponie ou au Japon, l’autre en Suisse ou à Ceylan. Leurs chemins se croisent. Parfois, ils se sentent seuls : “ Est-ce toi ou moi qui suis loin ? ” Alors ils s’écrivent, souvent plusieurs lettres dans une même journée. Ils se donnent du “ vieux ” à chaque missive. Les vieux frangins se nomment Nicolas Bouvier et Thierry Vernet. Ensemble, ils manigancent “Le livre total, le livre du monde ” celui qui deviendra, bien des déboires et des années plus tard, l’usage du monde, un livre culte. (…) une bible sur l’amitié (indéfectible), la création (qui bouillonne), le temps (qui passe), le travail (acharné), la musique (une passion vitale). » Martine Laval

Retrouvez l'intégralité de l'article sur le site de Télérama

Carnet à Spirales

"Ce livre est « La » porte d’entrée de la littérature vagabonde. Zoé invite à faire un pas de côté dans l’œuvre foisonnante de Bouvier en proposant des textes inédits ainsi qu’une somme, la correspondance avec son alter égo, Thierry.  Émanent de tous ses récits une force littéraire d’exception ainsi qu’une minutie à conter les rencontres. Monumental." Jean-Baptiste

Le dehors et le dedans

Trébizonde, Kyoto, Ceylan, New York, Genève : Nicolas Bouvier n’a cessé d’écrire de la poésie, dans ses années de grands voyages comme dans ses périodes plus sédentaires. "[Elle] m’est plus nécessaire que la prose, expliquait-il, parce qu’elle est extrêmement directe, brutale – c’est du full-contact !" Pourtant, il ne fit paraître qu’un unique recueil de poèmes, Le dehors et le dedans.

Composé de quarante-quatre textes écrits entre 1953 (le départ en voyage avec Thierry Vernet) et 1997 (quatre mois avant sa mort), ce recueil est paru pour la première fois en 1982, puis complété à quatre reprises et autant d’éditions. Bouvier s’y met à nu : de tous ses livres, "c’est l’ouvrage qui propose la plus ample et la plus intime traversée de son existence" (Ingrid Thobois).

Postface d' Ingrid Thobois

La Guerre à huit ans (2020, Zoé poche)

La Guerre à huit ans

Voici trois textes réunis autour d’un sujet rarement traité par Bouvier : son enfance. Dans le récit central éponyme, l’écrivain raconte les étés passés dans la propriété des grands-parents maternels et comment, petit garçon de huit ans, il triompha de l’« une des figures les plus détestées » de son enfance : Bertha, la gouvernante prussienne tyrannique.

Préface de Sylviane Dupuis

Le Courrier, la courroie, ta bonne lettre

«Il y a bien à faire ici : la Topo, le Kudelski dont les amplis sont foutus. Une conférence à l’Alliance française : autrement rien ne m’y retient. Dès que possible, je fonce (manière de parler) vers Madras et ensuite votre île. La Topo arrivera à Colombo, même si on ne lui refait pas un moteur neuf ici.» (Nicolas Bouvier, Bombay, 9 janvier 1955)

«Le boulot va bien, ça s’ensoleille. Je me réjouis comme un timbré de voir le tien. Je fais le projet d’aller te trouver au haut de l’île et qu’on la descende ensemble.» (Thierry Vernet, Galle, 13 janvier 1955) 

Les lettres de ce petit volume sont extraites de la Correspondance des routes croisées. Elles couvrent la période de l’Afghanistan à Ceylan, octobre 1954 à mars 1955, où les deux amis ont suivi chacun un chemin différent après leur séparation à Kaboul. Nicolas Bouvier et Thierry Vernet s’écrivent beaucoup, commencent à évoquer «le livre du monde», racontent les lieux qu’ils découvrent, leur travail et leurs rencontres, sur le ton d’une immense liberté et d’une grande tendresse.

Ce chapitre de leur correspondance, écrit immédiatement après le grand voyage, éclaire intensément l’esprit dans lequel L’Usage du monde a été conçu.

Edition établie et annotée par Daniel Maggetti et Stéphane Pétermann

Histoires d'une image (2015, Zoé poche)

Histoires d'une image

«L’éléphant est peut-être vindicatif , mais plutôt prudent. Il n’aurait guère de raison de s’en prendre à un congénère pour le plaisir de quelques princes enturbannés. On devait donc les bourrer de chanvre indien ou de quelque autre toxique pour augmenter leur combativité, et leurs cornaques les cravacher à mort pour qu’ils s’affrontent. Celui que l’on voit pris sous la patte de l’animal vaincu a l’air bien mal en point. S’il n’en meurt pas, il boitera toute sa vie et ne l’aura pas volé.»

Tous les coqs du matin chantaient

 

Ce petit livre reproduit une œuvre presque inconnue : les trois premiers textes personnels de Nicolas Bouvier et douze gravures de Thierry Vernet, publiés en 1951 dans un portfolio à tirage limité.  Les deux amis allaient le faire connaître à ceux qui croyaient en leur création et qui étaient prêts à les soutenir dans leur projet : le grand voyage vers l’Orient.

C’est le point de départ de L’Usage du monde, le sceau d’une amitié infaillible.

Correspondance des routes croisées (CD)

La Correspondance des routes croisées témoigne de l'aventure d'une amitié indéfectible entre deux créateurs, Nicolas Bouvier écrivain, Thierry Vernet peintre, qui se sont soutenus dès leur rencontre au Collège de Genève. Ils ont cherché à expérimenter une "vie incandescente" où ils connaîtraient le monde par les voyages, les lectures, les films, la musique.

Ces lettres éclairent l'oeuvre de Nicolas Bouvier et permettent de mieux comprendre son écriture. Elles font aussi découvrir les talents et l'esprit infatigable de Thierry Vernet.

L'Oreille du voyageur

 

Pour Nicolas Bouvier, la musique est souveraine, et elle est la dernière marche avant le silence.

Ce livre explore l’univers musical tel que l’a parcouru le voyageur, l’oreille dressée, de trois façons qui s’entremêlent, avec un accent particulier sur le Japon.

Musicologues et critiques littéraires présentent les diverses facettes des musiques – classiques, traditionnelles ou populaires – que Nicolas Bouvier a enregistrées et aimées.

Les musiciens et les instruments de musique ont fasciné le photographe passionné de l’instant que fut Bouvier. Ses photographies évoquent avec intensité le rapport intime et concentré – mains et visages – de la musique en train de se faire et de se donner.

De courts textes de Nicolas Bouvier, relevés dans ses carnets de route ailleurs ou ici, permettent de saisir des moments de grâce que la musique tient ensemble et que les mots et les images de l’écrivain éclairent.

Faire et vivre de la musique, en mourir, tel fut le rêve de Nicolas Bouvier qu’il nous a laissé en partage.

Un CD accompagne le livre, qui reproduit deux entretiens sur la musique réalisés par la Radio Suisse Romande avec Nicolas Bouvier.

Les Leçons de la rivière

Je mets la main en casquette pour regarder la vallée. le soleil relève son relief par quelques pointes de feu qui percent le coton des nuages. Elle fume comme un torchon bouillant sorti de la marmite. C'est une sorte de Chine. Pas n'importe laquelle: la Chine de la peinture Song avec ces mêmes pitons qui montent couverts d'une mousse de pins ou de châtaigniers jusqu'à la limite où le brouillard les sépare du ciel.

DVD: 22 Hospital Street

 

Au terme d'un voyage de deux ans à travers les Balkans,la Turquie, l'Iran et la moitié de l'Asie, l'écrivain et photographe genevois Nicolas Bouvier arrive en 1955 dans une petite localité située à l'extrémité sud du Sri Lanka. La chance qui l'a accompagné jusque-là l'abandonne. Dans cette ville fantôme qui semble n'être peuplée que de démons, de tambours et d'insectes, le jeune homme de 26 ans est confronté à une immobilité telle qu'il ne l'avait jamais connue à ce jour. Pendant neuf mois, il est forcé de constater que son voyage est au point mort, sans savoir pourquoi. Durant ce séjour, il se passe en lui quelque chose qui va bouleverser le cours de son existence.

Le film entreprend de partir sur les traces de Bouvier et de découvrir ce qui lui est arrivé à l'époque sur l'Ile du Sourire. Peu à peu, on comprend que ce mystérieux séjour au Sri Lanka a été décisif pour la suite du parcours de l’écrivain et qu'il est le point de départ et la pierre angulaire de sa conception du voyage en tant que leçon d'humilité. 

Charles-Albert Cingria en roue libre

 

Nicolas Bouvier  (1929-1998), voyageur ouvert au monde entier et aux langues inconnues grâce à son oreille musicienne, n’a pas croisé Charles-Albert Cingria (1883-1954) sur les routes et les chemins, autour de Genève, de Paris ou de Rome, ni n’a fait halte dans les mêmes bibliothèques à la recherche des mêmes manuscrits. Mais il a lu ses chroniques, ses proses, ses récits fantastiques ou fantasmagoriques, ses traductions des maîtres anciens, entrant ainsi en dialogue avec lui, cherchant les raisons de ces instants magiques où le monde dévoile son secret, son sens lumineux, sa beauté légère.

Ce qui intéresse Nicolas Bouvier lisant Cingria, homme au charisme épique, c’est la manière d’écrire le voyage, l’art de circuler et d’aller et venir tout en observant le proche et le familier comme s’il était neuf et inconnu.

«Un mètre carré, et l’univers», c’est la formule de Cingria  pour déambuler, s’étonner, vivre, méditer, écrire.

 

Le titre de ce livre, choisi par Nicolas Bouvier,  souligne le rapport très libre qu’il entretient  avec Cingria : lâcher prise et rouler  sans entrave.

 

Entretiens avec et autour de Nicolas Bouvier (2CD): Le Vent des routes

 

Quelques mois après la disparition de Nicolas Bouvier, en 1998, ses amis, comme pour se consoler de son absence, se sont réunis à l’occasion d’une exposition au Musée d’ethnologie de Conches à Genève, «Le Vent des routes». Conçue comme un hommage aux multiples talents de Bouvier, l’exposition suivait les sentiers de sa vie: voyageur, écrivain, photographe et iconographe. La Radio suisse romande Espace 2 s’est jointe à la manifestation par une série d’émissions qu’elle propose aujourd’hui sous forme d’un double CD.

Plusieurs témoins évoquent l’homme et son œuvre : Jean Starobinski, Charles-Henri Favrod, Kenneth White, Jean-Marc Lovay, Jacques Lacarrière, l’ethnologue Jacques Meunier, les photographes Jean Mohr et Luc Chessex, ainsi qu’Olivier Bauer qui réalisa un film sur Nicolas Bouvier dans la série TV « Un siècle d’écrivains ».

L’émission nous touche par la chaleur et l’enthousiasme des témoins qui révèlent les aspects de sa personnalité. Le voyage : une allégorie de l’existence, une ascèse, un dépouillement de soi. L’écriture : l’expérience se décante jusqu’au dépouillement pour livrer l’essentiel. La photographie : saisir l’éphémère, mais aussi l’utiliser comme une manière de prendre des notes.  L’iconographie : l’abandon de son ego, au service des autres.

L’émission laisse largement la parole à Nicolas Bouvier commentant les musiques qu’il enregistra lui-même, évoquant des rencontres et des expériences fortes et parfois douloureuses dans les îles d’Aran, de Ceylan ou au Japon, ou encore lisant ses propres textes et surtout ses poèmes.

En quittant Bouvier et ses témoins, le désir nous prend de refaire le chemin, de mettre nos pas dans les siens…

 

Durée des CD :  CD 1  70’      CD 2 64’

Livret : Texte d’Isabelle Rüf. Poèmes lus au micro par Nicolas Bouvier, choisis dans Le Dehors et le Dedans. Dessins et photos.

Bleu immortel. Voyages en Afghanistan

En 1939, Annemarie Schwarzenbach et Ella Maillart arrivèrent en Afghanistan après avoir traversé, en voiture, les Balkans, la Turquie et l'Iran. Un goût commun pour les pays lointains avait rapproché la photographe journaliste et l'exploratrice écrivain. De ce voyage elles rapportèrent leurs impressions, transcrites en textes et en photographies. Près de quinze ans plus tard, Nicolas Bouvier suivait leur route jusqu'en Afghanistan, via le Bélouchistan et Kandahar, avant de poursuivre vers le Japon en passant par l'Inde et Ceylan. C'est la première fois qu'un livre réunit les écrits et les photos de ces trois écrivains voyageurs, suisses et célèbres. Leurs regards sur l'Afghanistan, à la fin des années 30 et au début des années 50, sont précieux aujourd'hui où l'on tend à ne plus voir, de ce pays, que l'époque des talibans. Et leurs textes sur le goût du voyage en disent plus sur leurs ressemblances que sur leurs différences: ils sont habités par une géographie de l'infini.

Le Hibou et la baleine (2003, Minizoé)

Le Hibou et la baleine

Dans ce petit livre sont réunis de façon brève et fulgurante tous les thèmes chers à Nicolas Bouvier : du bestiaire fabuleux aux axes du monde et au « point de non-retour », de la figure du corps sidéral et du corps écorché à la volonté constante d’apprivoiser et de conjurer la mort.

Ce parcours contient dix haltes et accompagne le film magnifique de Patricia Plattner, Le Hibou et la Baleine.

Postface d’Anne Marie Jaton

 

Histoires d'une image

Nicolas Bouvier, l'oeil alerte. La curiosité à vif, l'esprit gourmand, s'arrête sur une image qu'il redécouvre avec surprise. Il la sort du dossier où elle dormait, la regarde, l'écoute, la déplie, la lit, comme le pêcheur la rivière pour savoir où et comment y vit le poisson. Une histoire alors prend forme et vie, s'inscrivant à nouveau dans le cours du temps.

Bouvier, chercheur d'images et mémorialiste du cosmos, a composé ainsi, au cours des années de sa collaboration au Temps stratégique, une suite souple et libre de textes sur images, aux harmonique variées et fines, érudites et sensuelles, drôles et critiques.

L'image est le point de départ et le point d'arrivée : entre deux les mille formes du voyage, mais brèves et ramassées : récit d'aventures intérieures et extérieures, découvertes et mystères, dialogues entre les époques et les siècles, les lieux, les mondes et le sphères, le nord, l'est et l'ouest, les hommes et les femmes - avec une préférence nette pour les enfants et les animaux qui sont fidèles et fiables, d'où l'importance immémoriale des ânes -, les hommes célèbres ou non, les écrivains, les musiciens, les cartographes et les calligraphes, les astrologues et les observateurs de tous les règnes.

Le monde est riche, puisque polyphonique:
Bouvier vous l'offre, car, pour lui, tout est affaire de mémoire.

Ouvrage disponible en poche : http://editionszoe.ch/livre/histoires-d-une-image-1

La Guerre à huit ans et autres textes

Les trois textes réunis ici ouvrent une porte sur un sujet rarement traité par Nicolas Bouvier : son enfance. Dans le principal, il raconte, avec cette prose savoureuse qui lui est propre, les étés passés dans la propriété des grands-parents maternels et comment, petit garçon de huit ans, il triompha de l'"une des figures les plus détestées" de son enfance : Bertha, la bonne prusienne.

Disponible en Zoé poche ici : http://editionszoe.ch/livre/la-guerre-a-huit-ans-1

Dans la vapeur blanche du soleil

Pour la première fois une sélection de photographies de Nicolas Bouvier est rassemblée en un livre. Images essentielles qui font résonner les mots. Ici, le rapport entre poésie et photographie s’instaure et restaure un dialogue entre deux modes d’expression auxquels Nicolas Bouvier tenait particulièrement. Les images nous entraînent sur les routes de Yougoslavie, de Macédoine, de Turquie, d’Iran et d’Afghanistan, puis du Pakistan et à travers l’Inde pour s’arrêter à Ceylan. On croit le voyage fini, pas du tout. Nicolas Bouvier infatigable reprend son sac et nous emmène au Japon. A ses yeux, ce n’est qu’au pays du soleil levant que débute sa carrière de photographe. Il gagnera son billet de retour avec son appareil photo. Nous sommes en 1955, le voyage aura duré plus de quatre ans. Au retour, il range les négatifs dans une boite métallique remplie de grains de riz. Il n’exposera régulièrement que ses photographies du Japon.

 

En 1996, Nicolas Bouvier effectue une grande partie du choix des images pour l’exposition « le vent des routes » qui lui est consacrée. Il sort d’un cartable poussiéreux les tirages originaux effectués au retour du voyage plus tard raconté dans l’usage du monde. Merveilles. Ce sont ces photographies que nous présentons ici ainsi qu’une sélection d’images en couleur prises au cours des vingt dernières années.

Les Chemins du Halla San (1994, Minizoé)

Les Chemins du Halla San

Nicolas Bouvier figure parmi les maîtres contemporains du récit de voyage. Dans son œuvre, Les Chemins du Halla San apparaît comme un texte exemplaire. Publié dans le Journal d’Aran et d’autres lieux, il raconte l’ascension d’un volcan, le Halla San, sur l’île coréenne de Chedju. Mais l’aventure de cette longue randonnée dépasse largement l’expérience personnelle. La Corée, les vicissitudes de son histoire, sa culture, nous sont restituées dans ce qu’elles ont de plus vivant.

Postface de Daniel Maggetti.

Le Hibou et la baleine

 

"Le hibou et la baleine sont pour moi des amis tutélaires qui remontent à l'Arche de Noé. Vous me direz que la baleine n'était pas dans l'Arche, c'est vrai; elle batifolait autour avec cette anxiété maternelle des mammifères marins qui depuis toujours nous portent et témoignent une affection à laquelle nous ne comprenons goutte parce que nous sommes si cons. Quant au hibou, toujours perché sur la barre du gouvernail, son hululement faisait office de sirène et signalait les sommets à fleur d'eau ou les grosses souches à la dérive. Quatre mille ans ont bien pu passer, jamais aujourd'hui je n'entends son cri sans nostalgie et gratitude."

 

NICOLAS BOUVIER a toujours souhaité éditer un album de textes et d'illustrations, comme un livre d'enfant, où il ferait découvrir les images qui l'ont accompagné dans son oeuvre. Le voici. Il révèle avec humour son besoin de totems, aussi fort que celui d'un chasseur magdalénien, et sa longue activité d'iconographe.

 

PATRICIA PLATTNER a réalisé un film sur Nicolas Bouvier, sous le même titre.

Coffret contenant le livre et la copie vidéo du film Nicolas Bouvier, Le Hibou et la baleine

"Le hibou et la baleine sont pour moi des amis tutélaires qui remontent à l'Arche de Noé. Vous me direz que la baleine n'était pas dans l'Arche, c'est vrai; elle batifolait autour avec cette anxiété maternelle des mammifères marins qui depuis toujours nous portent et témoignent une affection à laquelle nous ne comprenons goutte parce que nous sommes si cons. Quant au hibou, toujours perché sur la barre du gouvernail, son hululement faisait office de sirène et signalait les sommets à fleur d'eau ou les grosses souches à la dérive. Quatre mille ans ont bien pu passer, jamais aujourd'hui je n'entends son cri sans nostalgie et gratitude."

 

NICOLAS BOUVIER a toujours souhaité éditer un album de textes et d'illustrations, comme un livre d'enfant, où il ferait découvrir les images qui l'ont accompagné dans son oeuvre. Le voici. Il révèle avec humour son besoin de totems, aussi fort que celui d'un chasseur magdalénien, et sa longue activité d'iconographe.

Correspondance des routes croisées: extrait

 

 

1. Nicolas Bouvier à Thierry Vernet

 

 

1

10 45 Wengen

 

Grand long et sympa,

 

Aussi vrai que je m’appelle Nicolas, tu nous manques.

Quelle chose inouïe que de savoir que cet ennui est réciproque !

Je t’écris sur un papier infect qui servit à faire des brouillons pour les fresques qui décorent notre tôle.

Je t’écris mal, mais avec la bonne main (la gauche) la droite sert à signer les reçus.

Je te remercie de te souvenir de moi et de le rappeler dans chaque lettre, moi qui ne suis ni beau comme Pierre, ni peintre comme Pierre II ni historien comme Dufour, mais qui ne suis qu’un pauvre type qui cherche cherche et qui trouvera (il en est sûr).

Je trouve fantastique dans notre amitié à six[1] que nous nous aidions auprès des filles. C’est une amitié de bons films français. (Fasse le Ciel qu’elle dure.)

Nous avons eu hier une choucroute savoureuse et une discussion qui fit moult étincelles. Dufour doux, persuasif Oederlin bramant et injuriant chacun. Je me suis engueulé avec lui et ai quitté la pièce en me disant que le niaire[2] déconnait avec lourdeur et obstination. Après quoi nous nous sommes mutuellement congratulés sur notre foi dans l’opinion défendue.

Je me suis rendu compte que c’était ça le lien le plus fort qu’on puisse avoir avec Wanderlain « N’être pas d’accord ». Je pourrai dire plus tard à tel et tel type : « Jamais tu ne t’es engueulé comme ça avec lui. »

Adieu

Nicolas

 

3. Nicolas Bouvier à Thierry Vernet

 

 

 

Le <29> IV 45 – Cour Saint-Pierre

Au page

 

Alors !

Ça va.

Quelle chose magnifique que la maladie ! Seul état où tu ne fais pas de gaffe, où tu n’es pas ridicule, où tu es libre, conscient, patient, et seul. Évidemment tout dépend de quoi on souffre.

Quand viendras-tu voir ma chambre ? J’y ai effectué des modifications, et avec la patience et le temps, elle risque un jour d’être belle. J’ai dégoté une manchette d’une naïve obscénité. Le texte en est « Formidable poussée sur le Pô » puéril, puéril !

Et toi ?

À quoi penses-tu, qu’as-tu trouvé, qu’as-tu fait ? Au fond qu’as-tu fait à ce pince samedi ? De ce bal, je n’ai rien eu de positif, si ce n’est un programme prodigieusement drôle.

Je crains que l’annonce au sujet du collège ne mette Zöller[3] à dos de la Paed (ce n’est pas peu dire).

As-tu dansé, bien, fort, utilement, avec plaisir et fruit ? Ma sœur[4] t’a trouvé grande allure et bouillonnait encore d’une jouissance intempestive vingt-quatre heures après ladite soirée, au sujet de Binschedler. Curieux accouplement.

Excuse-moi, j’écris très mal, mais j’aime écrire ainsi, car il me semble que la chanson sort mieux. Oh vous, heureuse clique de Saconnex, si vous vous pouviez savoir quelles jouissances on a quand on est à la campagne. C’est justement parce que vous y êtes que vous les ressentez autrement que nous qui n’y sommes pas.

J’ai eu une véritable invasion cet après-midi. Tournier, admirable de discrétion, Bertrand[5] admirable de sans-gêne, Oederlin admirable de lunettes et d’un beau regard derrière les lunettes, Choisy[6] admirable de malice. Mais je fais du Bottin c’est emmerdant. Oederlin est d’un grand secours quand mon père tombe pour gueuler dans une réunion clandestine ; il prend un air calé, l’air de dire « les engueulées, ça me connaît, haha ! » et met chacun parfaitement à son aise.

Viens une fois faire invasion chez moi, j’attends. C’est beau les lettres, c’est même tellement beau et créateur que je crois que je m’y vouerai tout à fait et complètement. C’est un art indirectement créateur, qui ensemence tous les arts – une belle pensée bien dite peut inspirer tant d’artistes. De même : une belle courbe peut féconder une grande idée (je crois que c’est plus rare). C’est splendide, cette bigamie ce concubinage de tous les arts, qui s’accouplent et se régénèrent réciproquement (un peu comme la famille Lansac, mais c’est plus glorieux !)

À propos de livre, j’ai lu un bouquin fantastique, un des plus beaux livres français « mea arbitratu ». Malaisie[7]. Ça vaut cent François Mauriac bénis par les deux papes, celui de Rome et celui d’Avignon – un livre d’une beauté immense. Je voudrais pouvoir te le copier tout entier de ma main. Quelle joie douloureuse que de trouver un jour une âme qui a eu toutes nos pensées secrètes, mais qui les a mieux ressenties, mieux comprises, et posées, telles qu’il les a enfantées dans un français magnifique ! C’est la beauté de la terre et des hommes, la beauté triste, vraie, mais tellement puissante et sublime, qu’elle nous fait trouver la tristesse infinie, et la joie, finie.

On ne dira pas « c’est la beauté malsaine », la corruption n’atteint ni cette ampleur, ni cette puissance. Non, c’est l’expression d’un des plus beaux sentiments que Dieu ait donné à l’homme : le regret.

Une vie incandescente, incontestablement, un chef d’œuvre. Et cette merveilleuse explication de l’âme compliquée des Blancs ; c’est un serviteur malais qui se plaint de son Tuan (maître), et dit : « Le foie (cœur) du Tuan, c’est comme son menton ; doux dans un sens, rude dans l’autre…[8] » J’aime énormément ça.

Pour l’instant, je lis L’Annonce faite à Marie de Claudel.

Pierre de Craon, un des personnages, un bâtisseur de cathédrale, cancéreux et mystique dit de très belles choses sur l’art ; notamment ceci : « Il y a des églises qui sont comme des gouffres, et d’autres qui sont comme des fournaises, et d’autres si juste combinées, et de tel art tendues, qu’il semble que tout sonne sous l’ongle[9]. »

Et encore cette parole : un paysan dit : « Je pars pour Jérusalem, je suis trop heureux, et les autres pas assez. » Sa femme répond : « Anne, ce n’est pas notre faute. » Le paysan : « Ce n’est pas de la leur non plus[10]. »

Voilà comment il faudrait vivre, mais nous ne pouvons pas car nous ne vivons pas entre les pages d’un livre.

Bien à toi.

Nicolas

 

P.-S. Je te ferai porter la lettre par mon frère[11]. Viens me voir si possible entre 5 et 6 (5 h 10, 15).

 

5. Thierry Vernet à Nicolas Bouvier

 

 

 

[10 – 11 juin 1945]

 

Saconnex 10.6.45

 

Ah ! Pauvre vieux !

Je n’ai pas encore ton adresse, mais j’écris quand même.

Je t’en prie ne m’en veuille pas : j’ai écrit à Michèle. Il le fallait.

Elle m’a écrit ainsi que Laurence, pour me remercier de les avoir reçues à la Gravière[12]. J’ai profité de l’occasion pour leur écrire et surtout « lui » écrire. J’espère ne pas avoir fait de gaffe.

Si tu savais ce que tu manques. J’ai entièrement changé depuis le séjour à la Gravière.

Cet accident a été une grâce. Il m’a fait voir les choses tout différemment. Vous avez été épatants. Alors que les autres avaient du dévouement, tu as été le seul à avoir de la tendresse. C’est pourquoi je veux faire tout ce qui est en mon pouvoir pour que tu sois heureux. J’ai projet de voir ton frère jeudi soir. Je ne lui [ai] pas encore téléphoné. Je souhaite qu’il pourra me voir.

Hier soir heureux, au piano. Après avoir assassiné Beethoven, et tué Schumann il m’a pris à chanter : « Passant par Paris »[13]. J’étais fou de joie à cause de vous tous, à cause de Sylvia, à cause de Daniel qui venait de partir (quel type), j’ai joué de la musique hongroise tous des chants d’amour. Mais il y en avait un qui m’a fait penser tout particulièrement à toi :

 

Bref voici les paroles :

Que vaut-elle la joie,

Si je ne puis la partager avec toi !

Pourquoi es-tu si loin ?

 

***

 

Au pick-up : Chopin

Schumann

Debussy.

 

Sylvia a fait de moi ce que je craignais le plus, un romantique, c’est merveilleux. Je la vois demain. Je lui dirai de t’écrire. Mais elle ne te remplace pas, du moins ce n’est pas la même chose. Quand nous serons de nouveau tous réunis mon père nous offrira un dîner au Cercle de la Terrasse[14]. Ce soir-là nous ferons le point. Quel chemin parcouru, depuis un an !

Sais-tu que je fais ces fameuses fresques. Je vais avoir besoin de vous tous pour m’aider à serrer les dents parce que ce ne sera pas une petite affaire.

 

***

 

(Après dîner)

 

Je reprends ma lettre, Fischer est venu cet après-midi. J’ai eu une très chic discussion avec lui. Je réforme un peu mon jugement à son égard.

Mais bref, ce n’est pas intéressant.

 

***

 

Amitiés de ta sœur qui t’enverra un paquet sous peu.

 

***

 

Encore un soir où tu n’y es pas, « Que vaut-elle la joie ??? » Ah ! Vieux, que dire, je voudrais tellement te parler longuement. Je veux que tu sois heureux, je veux entièrement m’y employer, mais toi de ton côté travailles-y. Chante : « Passant par Paris » en pensant à nous tous et ce qu’on peut être joyeux.

 

***

 

Je pense à Delacroix à Michel-Ange, à Beethoven à ceux qui ont souffert pour ce qu’ils ont trop aimé. Et comme je te l’ai déjà dit :

« Bonheur et douleur me sont égaux.

À celui qui aime trop le juste milieu est toujours le pire. »

Vieux Nick nous sommes de ceux-là.

Ceux qui n’en sont pas ne savent pas ce qu’ils manquent.

Mais on le paie.

 

***

 

Je poursuivrai ma lettre dans un moment.

 

***

 

Seul ; au pick-up Chopin. Sur les dessins de nus, souvenirs de Gravière, des papillons nocturnes qui partagent avec moi ce moment. Que tu serais bien ici… Pardon !

 

***

 

À peu près 1 heure du matin.

 

Ouf ! Je viens de passer une crise effroyable au sujet de mon art et de mes fresques.

Je ne suis plus le même qu’il y a trois heures. Changement total. Mes aspirations et mes idées de grandeur et de noblesse ont repris le dessus sur mon petit sentimentalisme de tout à l’heure.

Plutôt non ! Je n’ai pas changé de chemin mais j’ai été plus loin. Maintenant bonsoir je vais me coucher et lire avant Josué 1, 9-10[15]. C’est court. Lis-le. Ça suffit.

 

***

 

(10 heures du matin)

 

Je viens de recevoir ta lettre. Je suis bien heureux que vous soyez ensemble. Je redoutais beaucoup cette séparation.

J’ai essayé de te faire participer un peu à mes « moments ». C’est le meilleur moyen.

Fais mes amitiés à Bardet.

Je resterai toujours pour toi je le veux

Thierry

le plus tendrement possible.

 

16. Thierry Vernet à Nicolas Bouvier

 

 

 

[1946]

 

Cher vieux Nick

 

Tu n’as pas le droit d’être malade.

Tu es la joie, tu ne peux être l’inquiétude.

Quand l’autre jour, je t’ai dit que tu n’avais pas l’air de bien aller, c’est que déjà tu étais malade. Malade par rapport à nous : effort, yeux mi-fermés, phrases qui tombent avant d’être définitives, xixe siècle.

J’aimerais tellement que tu restes le type des cathédrales.

« Si tu veux me plaire ou me séduire prends garde à ce que je ne voie ta main plus que ce qu’elle trace. »

Voilà ce que j’avais sur le cœur et que je voulais te dire.

Il est décidé que j’irai en Belgique au mois d’août.

Je te remercie encore pour ce que tu as fait pour moi auprès de ma famille.

Je suis un vieux salaud, Nick, de t’embêter, mais je t’assure ne t’occupe pas tant du spectacle que tu offres au monde que de l’avenir du style. Ta position d’artiste et d’homme de talent ne t’autorise pas à te perdre en décors.

Ce ne sont pas des reproches ; j’ai des espoirs que je ne voudrais pas se voir mués en regrets.

Simplement !

Si maintenant tu éprouves le besoin de me haïr, hurle-le-moi à la figure.

Soigne-toi,

à bientôt

Thierry

 

31. Nicolas Bouvier à Thierry Vernet[16]

 

 

 

Pour Thierry Vernet

chemin des Crêts

Saconnex (Grand)

Genève

Sveitsi

 

 

[19 août 1948]

 

Cher vieux Brahma barbu,

 

Me voici dans l’hôtel le plus au nord du monde (car il n’y a pas d’hôtel à Hammerfest). J’y suis l’hôte du gouvernement finlandais et ne paie rien du tout. C’est une merveille de style Le Corbusier. D’un luxe asiatique comme plusieurs de ces grands hôtels perdus dans le nord. Je suis ce soir sur le cercle polaire, demain je monte encore à cinq cents kilomètres plus au nord chez les Lapons nomades. L’orchestre joue ce soir du Mozart uniquement pour me faire plaisir. Je leur ai fait porter à boire, en me souvenant d’Anouilh[17].

Nick

 

Merci pour tes deux lettres.

 

111. Thierry Vernet à Nicolas Bouvier

 

 

 

Travnik le 7 juillet 53

 

Bon vieux frère,

 

Ce petit mot est le dernier que tu pourras recevoir de moi avant ton départ. Je me tiens archi-les-pouces pour ton dernier merdier. J’espère que tout est rentré en santé pour Manon[18] et pour toi. Je vous attends à Beograd autour du 29. Je ne répète pas des trucs que je dis à ton adresse dans l’autre lettre[19] que tu liras aussi, sauf que je compte sur l’accordéon ; et à nous les kolos[20] enflammés dans les causses arides. Si tout va bien on aura une turne bonnard, pour commencer. Tu vois que tout s’enchaîne miraculeusement pour moi et l’association de nos deux bonnes étoiles ça va donner de la dynamite. J’ai encore beaucoup pensé à tes derniers mauvais jours et je les partage rétrospectivement. Tout le cœur que je puis avoir, je te l’envoie, et tous les bon dieux du monde aussi, pour vous deux. C’est bonnard à écrire : vous deux. Tu verras que le boulot est très possible, même du bon, du vrai. Tu colleras un gros baiser sur la truffe du Nanouk[21] de ma part. Mon vieux, à dans trois semaines, 19 heures au bar du Majestic. Si tu y arrives avant laisse-moi-y un mot. Je t’en laisserai un en cas de quoi que ce soit. Apporte, si tu y penses, deux ou trois boîtes de punaises, pour l’exposition[22]. Autrement rien de très spécial. L’idée de te retrouver, c’est mon étoile. Tu vas voir que ça va barder et que ce temps, s’il nous semble long, because ce qu’on laisse, il se grignotera avec un drôle d’appétit. Les pays à mosquées, à café, à poussière et à vraie ombre parce que vraie lumière, c’est la vérité. Il paraît que la Topo marche-roule, bravo ! Embrasse ta et ma môme[23]. Elle a l’air de bien se démerder à Paris et de prendre les choses rudement de face, j’en étais sûr d’ailleurs, et je suis fier d’elle. Écrase la main de Jacques de ma part, si tu as le temps va écraser celle des Fiala[24].

On va faire des pyramides, y a déjà les briques et l’emplacement, rapplique, ça ira mieux à deux. Mon vieux, salut, je t’embrasse, broute les frontières,

Zdravo ! Živio ! Živeli ![25]

Thierry

 

 

[1] Outre Nicolas Bouvier et de Thierry Vernet, ce groupe d’amis comprend Pierre Sarasin, Pierre Oederlin, Alain Dufour et Jacques Bardet. Tous sont alors élèves au collège de Genève, aujourd’hui le collège Calvin.

[2] En argot, « type », « individu », « complice ».

[3] Georges-Oscar Zöller dirigeait alors le collège de Genève. La Paedagogia est une société d’étudiants genevoise.

[4] Henriette Bouvier.

[5] Peut-être Bertrand Bouvier, cousin de Nicolas Bouvier, futur professeur de langue et littérature grecques modernes à l’université de Genève.

[6] Jacques Choisy.

[7] Henri Fauconnier, Malaisie, Paris, Stock, 1930.

[8] Ibid., p. 238 ; l’ajout entre parenthèses est de Bouvier.

[9] Paul Claudel, L’Annonce faite à Marie, « Prologue », Paris, Gallimard, « Bibliothèque de la Pléiade », 1965, p. 25.

[10] Bouvier cite en le modifiant légèrement le texte de L’Annonce faite à Marie, acte I, scène I, ibid., pp. 29-30.

[11] Claude Bouvier.

[12] Maison de vacances de la famille Vernet située au bord du lac, à Nyon, près de la gravière municipale. Thierry et Floristella Vernet y vivront de septembre 1955 à mars 1958.

[13] Cette chanson à boire a été popularisée par les marins servant les canons pendant le siège de Paris en 1870.

[14] Le père de Thierry Vernet, Robert Vernet, dirige une agence immobilière. Le Cercle de la Terrasse dont il est membre est situé au numéro 4 de la rue Jean-Gabriel-Eynard. Lieu de sociabilité de l’élite genevoise, il a été fondé en 1754 sous le nom de Cercle de Montréal.

[15] « Ne t’ai-je pas donné cet ordre : fortifie-toi et prends courage ? Ne t’effraie point et ne t’épouvante point, car l’Éternel, ton Dieu, est avec toi dans tout ce que tu entreprendras. Josué donna cet ordre aux officiers du peuple » (version Louis Segond 1910).

[16] Bouvier est à Rovaniemi, d’où il envoie cette carte postale qui représente une vue aérienne de la ville.

[17] Bouvier fait peut-être allusion à la célèbre tirade d’Antigone : « Comprendre… Vous n’avez que ce mot-là dans la bouche, tous, depuis que je suis toute petite. […] Il fallait comprendre qu’on ne doit pas tout manger à la fois, […], courir, courir dans le vent jusqu’à ce qu’on tombe par terre et boire quand on a chaud […] » (Jean Anouilh, Antigone, Théâtre, Paris, Gallimard, « Bibliothèque de la Pléiade », t. I, 2007, p. 636).

[18] Bouvier mentionne sa relation amoureuse avec cette Allemande dans Le Poisson-Scorpion, où elle est désignée par l’expression « Dr Phil. M… » (voir Nicolas Bouvier, Œuvres, Paris, Gallimard, « Quarto », 2004, p. 769).

[19] Il s’agit vraisemblablement de la lettre du 4 juillet 1953, envoyée de Travnik, qui est partiellement publiée dans l’« Avant-propos » de L’Usage du monde (voir Œuvres, op. cit., p. 79) ; elle ne nous est pas parvenue.

[20] Le kolo (« ronde » en serbo-croate) désigne une famille de danses en rond de la Serbie, de la Bosnie-Herzégovine et de la Croatie. Consulter à ce sujet le premier CD de Nicolas Bouvier, Le Vent des routes. Entretiens avec et autour de Nicolas Bouvier, Carouge-Genève / Lausanne, Editions Zoé / Radio suisse romande, 2005.

[21] Le chien des parents de Nicolas Bouvier.

[22] Vernet exposera ses œuvres à Belgrade en août 1953, sous les auspices de l’U.L.U.S., l’Association des artistes de Serbie ; voir Thierry Vernet, Peindre, écrire chemin faisant, Lausanne, L’Âge d’Homme, 2006, pp. 62-113, en particulier pp. 112-113. Bouvier évoque l’exposition dans L’Usage du monde (voir Œuvres, op. cit., pp. 88-102).

[23] C’est ainsi que Bouvier et Vernet nomment rituellement Floristella Stephani, qui épousera Thierry Vernet à Galle le 16 mars 1955.

[24] Xavier Fiala, peintre genevois dont Thierry Vernet a été l’élève, et sa femme Claudine.

[25] En serbo-croate, littéralement : « Salut ! Salut ! Santé ! »