parution septembre 2014
ISBN 978-2-88182-928-4
nb de pages 352
format du livre 105 x 165 mm

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Patrick Delachaux

Flic de quartier

résumé

« Qu’as-tu fait quand tu balayais du regard le hall de la gare ? Tu cherchais bien quelque chose à te mettre sous la dent, n’est-ce pas ? Et par hasard t’es tombé sur un Black ? »

Patrick Delachaux, né à Genève en 1966, est romancier (Flic de quartier, Zoé, 2003, Flic à Bangkok, Zoé, 2005, Grave panique, Zoé, 2011), essayiste (notamment Présumé coupable, des flics contre le racisme (Saint-Augustin, 2007) et Déroute (Sauvages, 2013) et expert pour les questions de sécurité publique. Il a été policier 16 ans, expert fédéral en éthique et droits de l’homme et en Asile et migration. Les droits de Flic de quartier ont été achetés pour le cinéma.

biographie

Yves Patrick Delachaux, né à Genève en 1966, est romancier, essayiste, formateur d’adulte et consultant expert de police pour le Cabinet Delachaux & Maillard et la Tribune de Genève. Il a été 16 ans policier (1992 – 2008), expert fédéral en Ethique et Droits de l’Homme pour les examens des policiers. Il est aujourd’hui enseignant et expert fédéral pour le brevet de Spécialistes en Asile et Migration et élu parlementaire à l’Assemblée constituante pour une nouvelle Constitution genevoise.

Après 12 années d’intervention de police, de 1992 à 2004, il rejoint le service psychologique de la police genevoise, pour mission de développer et piloter les programmes d’éthique et droits de l’homme. Il obtient un Master à l’Université de Genève, en faculté des Sciences de l’Education, en 2005.

Il a été avec Sarah Khalfallah et Alain Devegney l’un des personnages centraux d’un film documentaire tourné en 2001 sur le travail de flic de quartier, Pas les flics pas les Noirs pas les Blancs, de Ursula Meier, coproduit par la Télévision Suisse Romande et Arte. Ce film démontre une expérience innovante de résolutions de conflits en contexte migratoire (police de proximité).

En 2003 Yves Patrick Delachaux publie Flic de Quartier (éd. Zoé), son premier roman, autofiction qui a été particulièrement appréciée pour la découverte d’un métier finalement bien mal connu par la société civile. En 2005 il publie son deuxième roman Flic à Bangkok (éd. Zoé). Ce livre entraîne le lecteur dans une enquête en Asie du Sud-est. Les éditions SEUIL (coll. POINTS) publient Flic à Bangkok en format poche en 2007. Cette même année Yves Patrick Delachaux publie l’Essai Présumé non coupable, des flics contre le racisme (éd. L’Aire de Famille), réflexions sur la problématique des discriminations dans les corps de police, plus largement les nouveaux enjeux pour les métiers de la sécurité d’un Etat de droits. Ce livre est préfacé par Jean-Daniel Vigny du Département des Affaires Etrangères et postfacé par Frédéric Maillard, professeur EHS. Cet Essai a permis à Yves Patrick Delachaux de collaborer à la Commission européenne contre le racisme et l’intolérance (Ecri) pour la rédaction de la 11e Recommandation auprès des polices européennes.

En 2009 Yves Patrick Delachaux publie son deuxième Essai : Police, état de crise ? Une réforme nécessaire. Ouvrage qu’il signe avec Frédéric Maillard, dans lequel ils discutent des enjeux de management auxquels les directions de police en Europe sont confrontées. Police, état de crise ? Une réforme nécessaire est préfacé par Monsieur le Conseiller d’État David Hiler et postfacé par Monsieur Olivier Guiénat, chef de la police judiciaire du Canton de Neuchâtel.

En 2010 Yves Patrick Delachaux publie un troisième essai : Policier, gardien de la paix ? Deuxième ouvrage qu’il signe avec Frédéric Maillard. Les deux auteurs développent une approche de la sécurité collective qui mobilise non seulement les diverses polices mais aussi de nombreux acteurs sociaux comme, par exemple, les animateurs socioculturels.

En 2011 Yves Patrick Delachaux publie son troisième roman Grave Panique (éd. Zoé). Yves Patrick Delachaux a été envoyé en mission en France, Paris et Seine-Saint-Denis (93). Les opérations menées et l’observation de la disparition de toutes polices de proximité au profit d’une police militarisée en France, lui on inspiré ce nouveau roman.

Yves Patrick Delachaux travaille encore comme scénariste et conseiller auprès de maisons de production de films, et à l’adaptation cinématographique de ses textes, notamment le scénario Flic de Quartier qu’il a développé avec Jean-Éric Troubat et Christian Lyon. Il a été engagé à Genève par Light Night Production pour DIX, une série télévisée (10x26mn), dont l’idée originale est de Christophe Marzal ; à Paris par Gaumont pour Schengen, une série télévisée (6x52mn) en développement avec Laurent Herbiet et Gérard Carré ; par Image & Compagnie pour Frontière, une série télévisée (8X52mn) en développement avec Emilie Clamart Marsollat ; à Genève par Troubadour Films pour Chacun son destin, une série télévisée (13x26mn) en développement avec Christian Lyon et Nasser Bakhti.

Grave panique (2011, domaine français)

Grave panique

Après Flic de quartier et Flic à Bangkok, voici le troisième récit de Patrick Delachaux. Grave Panique est la véritable histoire de l’une des dernières missions du policier Delachaux. Patrick, policier suisse dépêché par Europol, se trouve en Seine-Saint-Denis, département 93, dans la couronne parisienne. Il mène l’enquête au cœur d’organisations mafieuses chinoises, mais les circonstances vont le rendre témoin du fossé qui se creuse entre la police française et la population, particulièrement en banlieue.

Patrick plonge dans l’univers des bandes de jeunes et celui d’un commissariat. Son constat est rude : son métier de flic de quartier disparaît pour ne laisser place qu’au seul maintien de l’ordre par une police qui se comporte à ses yeux comme une armée d’occupation.

Une histoire de flics, écrite par un flic, inspirée par les défis que doivent relever aujourd’hui les polices d’Europe.

Flic de quartier

Nouvelle édition poche : http://editionszoe.ch/livre/flic-de-quartier-2

Le héros de cette autofiction est flic depuis dix ans. Son récit nous emmène dans son quotidien : entre les petits vieux pour qui il faut chasser les fantômes, les querelles de voisinage, la copine pute qui a perdu les clés des menottes de son client ou les poursuites en pleine nuit, le flic trouve pourtant le temps de broyer du noir. Comment continuer à faire respecter les limites de la loi quand le quotidien vous fait douter chaque jour de la justice ? Pourquoi arrêter encore ce petit dealer alors qu’on sait qu’il va recommencer demain ? Comment rester professionnel quand chaque jour renforce nos préjugés ? D’intervention en intervention, on se met à connaître un quartier, ses figures, ses manies et ses ombres. Mais aussi un flic déroutant qui trouve auprès des marginaux la chaleur humaine, les valeurs dont il a besoin pour vivre sa vie.

 

Premier récit d’un auteur qui est flic depuis 1992, étudiant en sciences de l’éducation, formateur en relations interculturelles et l’un des personnages centraux d’un film documentaire réalisé en 2001 sur le travail de flic de quartier (Pas les flics pas les Noirs pas les Blancs.) 

Yves Delachaux est né à Genève.

Flic a Bangkok (2005, domaine français)

Flic a Bangkok

 

Ce livre pourrait être une histoire vraie. C’est un roman.

 

Quand on est dépêché par Europol à Bangkok pour y éclaircir le rôle d’un Occidental dans un trafic de drogues et d’enfants d’ampleur internationale, on n’a pas de la ville la vision idyllique d’un dépliant touristique.

Patrick, flic blanc, rompu aux techniques de l’élite policière européenne, doit maintenant jouer sur l’échiquier thaïlandais, dont les règles sont bien différentes, et où il apprend comment se donnent les coups à mesure qu’il les reçoit.

Au-delà de l’anecdote, c’est la rencontre de l’Orient et de l’Occident, vue par un policier qui ne connaît de règles que celles édictées par son pays et par les truands. A Bangkok, tout le heurte et le séduit, et il comprend vite que les subtilités de ce monde lui échappent. Alors comment mener à bien son enquête, comment en saisir les enjeux ?

C’est son voyage au bout de la nuit qui nous est conté ici, car Patrick reçoit l’aide inattendue de Louis-Ferdinand Céline. La désillusion mènera-t-elle 

Flic de quartier (2003, domaine français)

Flic de quartier

Le héros de cette autofiction est flic depuis dix ans. Son récit nous emmène dans son quotidien : entre les petits vieux pour qui il faut chasser les fantômes, les querelles de voisinage, la copine pute qui a perdu les clés des menottes de son client ou les poursuites en pleine nuit, le flic trouve pourtant le temps de broyer du noir. Comment continuer à faire respecter les limites de la loi quand le quotidien vous fait douter chaque jour de la justice ? Pourquoi arrêter encore ce petit dealer alors qu’on sait qu’il va recommencer demain ? Comment rester professionnel quand chaque jour renforce nos préjugés ? D’intervention en intervention, on se met à connaître un quartier, ses figures, ses manies et ses ombres. Mais aussi un flic déroutant qui trouve auprès des marginaux la chaleur humaine, les valeurs dont il a besoin pour vivre sa vie.

 

Premier récit d’un auteur qui est flic depuis 1992, étudiant en sciences de l’éducation, formateur en relations interculturelles et l’un des personnages centraux d’un film documentaire réalisé en 2001 sur le travail de flic de quartier (Pas les flics pas les Noirs pas les Blancs.) 

Yves Delachaux est né à Genève.

Flic de quartier: extrait

I


Fin de nuit

— Quel froid !

Tu relèves le col de ton blouson, enfonces tes doigts gelés dans tes gants en cuir noir. Menottes, matraque, arme de service, il ne te manque que le cœur à l’ouvrage.

— C’est bien du matériel de merde.

Il pleut. Appuyé contre le mur de ce bâtiment vétuste, au coin de ce carrefour encombré, tu lorgnes ce kleenex froissé qui passe devant tes pieds. Il flotte. Ballotté. Il pleut. La chaussée est trempée, l’eau s’écoule sur l’asphalte pour aller s’engouffrer dans les caniveaux. D’un œil, tu observes les bouches d’égout refouler le trop-plein. Toutes sortes de détritus sont entraînés dans les rigoles. Un rat noir suit de près. L’éclairage jaunâtre des lampadaires se reflète sur l’asphalte mouillé. Le flux ininterrompu des voitures dessine les ondulations d’un serpent ; serpent majestueux qui se glisse entre les immeubles ; corps lumineux qui suit inlassablement les contours de la route. Il fait nuit. Il pleut. Les enseignes des établissements publics, bars, cabarets, brasseries, restaurants et hôtels, répandent des lumières tantôt blanches, tantôt rouges, tantôt bleues, tantôt violettes. Traits de couleurs sur les bâtiments noirs. « Des lucioles... un bal de lucioles ! » penses-tu. Ton véhicule de service est stationné le long de la chaussée. Tu tends l’oreille, tu as perçu le crépitement de la radio : « L’appel est-il pour moi ? te demandes-tu. Non, pour un autre flic. »

Quatre heures du matin. Un cri. Tu relèves les épaules, te mets en mouvements, fatigué. Tu jettes un coup d’œil en direction de la voiture de service, ton collègue y dort à poings fermés. Tu le laisses tranquille. Alors tu marches ou plutôt traînasses, et penses, penses que ces nuits de service n’en finissent pas. Tu sais qu’il te faut chercher au plus profond de toi la motivation nécessaire pour accomplir cette énième intervention. Un cri. Tu te figes. Tes yeux s’écarquillent dans la pénombre. C’est la nuit noire. Tu te dis que toutes ces nuits sont différentes et pour- tant si semblables. En y réfléchissant, il te semble que ce sont les couleurs et les lumières, parfois à peines aperçues, qui font le lien. Il y a ces éclairages, néons, halogènes, panneaux publicitaires et lampadaires ; mobilier urbain sur fonds noirs, bâtiments noirs. Il y a les teintes, les coloris, les nuances et les grains. Noire. Peau. Jaune. Peau. Blanche. Peau. Ainsi il y a les hommes.

« Ce cri est teinté, teinté de rouge », penses-tu. Et tu te diriges vers cette voix qui demande de l’aide, qui implore protection.

Arc-en-ciel ! Les nuits, noires, ne s’offrent jamais, elles se découvrent; alors seulement apparaissent les couleurs. Arc-en-ciel ! Les hommes ne s’offrent jamais, ils se découvrent ; alors seulement apparaissent les lumières. Et ces trop nombreuses interventions qui finissent dans la douleur t’ont enseigné que la mort, elle-même, se découvre petit à petit. Seule- ment alors apparaît sa couleur. Rouge. Dans le quartier, elle se pare de son manteau de sang. Quelquefois, face à elle, tu as croisé son regard d’encre. Tu sais aujourd’hui que si elle te choisit, si elle te désigne, alors tu n’as plus qu’à jeter l’ancre. Tu imagines qu’elle n’est rien d’autre qu’un coup de couteau ou un flingue sur la tempe; ou alors un poing sur le visage, un coup de pied dans les gencives. Que l’adversaire est à terre, qu’il a peur, qu’il est saisi par les cheveux, qu’il est frappé et encore frappé. Tu penses que tant qu’il ne gît pas, inanimé, il représente encore une menace. Il résiste, est enfin neutralisé quand, inconscient, il baigne dans son sang. Zone rouge. Tu sais te persuader que ce sont les règles de ces vies nocturnes, et qu’ici la mort est réservée aux seuls flics et aux putains.

En ce moment, ce sont les couleurs des cuirs que portent les filles, comme une seconde peau, qui te font voir le fuchsia, le rouge, le noir ou le violet. Corsets, string, bas résilles, talons aiguilles et l’air m’as-tu-vu. Le cuir colle à la peau, cuirasse de protection. Protégées, les filles sortent couvertes. Virus oblige. Couvertes pour autant que le client ne rechigne pas. Tout se monnaye, même la mort. Au-delà de ces couleurs, il y a les odeurs. Les filles sentent. Arômes de chair, nombreux sont les parfums. Mélange, ivresse, les sens en éveil. Patchouli, lavande, rose, santal et musc; eau de Cologne, eau de parfum, eau de senteur. Tout se mélange, tout se lie, tout se délie. Tu n’oublies pas les sons, les aigus, les graves, bien souvent les stridents. Ces filles-là crient, elles souffrent et hurlent. Tu as compris que les sons les plus démoniaques ne sont pas toujours ceux entendus. Il y a ces sons intériorisés, longtemps cachés au fond de l’être et libérés dans la peur. Il y a aussi le touché, le doigté et les caresses. Longues caresses, caresses de l’âme. Les filles publiques ne sont jamais caressées, elles sont prises, pénétrées, violées. Alors il y a ce goût, goût de sang.

Dans le quartier, auprès de ces bâtiments, de ces trottoirs et de ces établissements publics qui vomissent de la chair, tu ressens les peurs et la désolation des hommes. Malgré cela, tu perçois aussi la joie; joie des cœurs. Ici, il y a beaucoup d’hommes, ombres faméliques ; ils semblent poursuivis ; jettent des coups d’œil aux alentours ; remontent les épaules, ralentissent pour mieux accélérer par la suite. À la hauteur de chacune des filles qui, comme des sentinelles, semblent veiller sur de minuscules territoires, bouts de trottoirs, les prix se négocient. Un juste prix. Hochements de têtes, et des oui, et des non, des malentendus et finale- ment un accord. Alors la fille précède l’homme, ils s’engouffrent dans une allée et s’y perdent.

Il y a aussi des voitures, qui freinent et s’immobilisent, les filles s’accoudent aux portières dont l’une s’entrouvre. Furtive, une main se glisse sur la cuisse, palpe la marchandise. Alors la fille jette un regard en coin à ses consœurs. Hésite, se décide, et se faufile à l’intérieur de l’habitacle. Commence alors un voyage... un voyage sans grâce éternelle. Toutes en sont conscientes.