parution mai 2010
ISBN 978-2-88182-670-2
nb de pages 48
format du livre 105 x 150 mm
prix 5.00 CHF

où trouver ce livre?

Fabio Pusterla

Histoire du tatou

Traduit de l'italien par M. Vischer

résumé

« Il est inutile de le tirer par la queue :

On le sait par expérience, le tatou ne cède pas

si facilement. »

Le tatou est à la fois courtois et tenace, il lit Cervantès, chantonne en marchant, lentement, à contre-courant. Si le tatou incarne la figure du rebelle, Fabio Pusterla maintient pourtant une subtile tension entre poétique et politique.

Fabio Pusterla est né à Mendrisio en 1957. Essayiste, il est aussi traducteur et auteur de cinq recueils poétiques. Grand passeur de littérature française en italien, il a traduit sept ouvrages de Philippe Jaccottet. Il a reçu en 2007 le Prix Gottfried Keller pour l’ensemble de son œuvre.

Postface de Pierre Lepori

biographie

Fabio Pusterla est né à Mendrisio en 1957. Essayiste, il est aussi traducteur et auteur de cinq recueils poétiques. Grand passeur de littérature française en italien, il a traduit sept ouvrages de Philippe Jaccottet. Il a reçu en 2007 le Prix Gottfried Keller pour l’ensemble de son œuvre.

Helvétique équilibre. Dialogues avec le Point de vue suisse du prix Nobel de littérature 1919

En 1919, Carl Spitteler (1845-1924) devient le premier Suisse à recevoir le prix Nobel de littérature. Notre point de vue suisse, son discours prononcé au début de la Première Guerre mondiale en faveur de la paix et de la neutralité, avait marqué l’esprit de Romain Rolland ou Blaise Cendrars. Le voici dans une nouvelle traduction. Cent ans plus tard, huit écrivains, alémaniques, romands et tessinois, entrent en dialogue avec l’écrivain. Quel rapport la Suisse et ses habitants entretiennent-ils avec leurs voisins européens ? Avec la question des migrants ? Les frontières sont-elles toujours aussi définies qu’il y a un siècle ? Quelles valeurs rattache-t-on aujourd’hui à cette fameuse neutralité helvétique ? Neuf textes et autant de points de vue sur des questions brûlantes. 

Né à Liestal, Carl Spitteler est un observateur critique des dogmes dominants au début du XXe siècle. Huit écrivains, de langues et de générations diverses, proposent en écho leur « point de vue suisse » : Adolf Muschg, Pascale Kramer, Fabio Pusterla, Daniel de Roulet, Dorothee Elmiger, Catherine Lovey, Tommaso Soldini et Monique Schwitter

Édité par Camille Luscher

Traduit de l’allemand et de l’italien par Étienne Barilier, Anita Rochedy, Marina Skalova, Mathilde Vischer, Lionel Felchlin, Camille Luscher,

Histoire du tatou: extrait

 

1

 

Bonjour, dit le tatou à un éboueur. Auriez-vous par hasard

vu passer un opossum ?

L’homme lève son balai vers le nord, où un nuage

ondoie sur les déserts comme une grande montagne. Le tatou

remercie et se met en chemin, contre le vent.

 

2

 

Sur le dos sa carapace, son casque sur le chef : il va

avec sa vue médiocre, et sa délicieuse chair

protégée. Il va parce qu’il va,

parce qu’il faut aller, parce que le monde

est vaste, le temps bref. Et le parfum

de certaines fleurs, vraiment délicieux.         

 

3

 

Le tatou chantonne en chemin.

Personne ne l’écoute.

C’est dommage : si quelqu’un l’entendait

on pourrait savoir ce que chante

ce courageux petit animal. Peut-être

nous mettrions-nous aussi en chemin.

 

4

 

Maintenant le tatou a soif : il est au milieu du désert.

Il suit encore les traces de l’opossum, mais le désert

ne conserve pas ses traces. Alors il suit

des lignes plus sombres sur le sol et ainsi il arrive

devant un char d’assaut abandonné au milieu de nulle part.

Bonjour, dit le tatou au char d’assaut.

Qui reste muet.

 

5

 

Si le char d’assaut pouvait penser,

peut-être serait-il surpris. Mais il est vide,

rouillé et empoussiéré. Et le tatou est têtu.

Vous êtes grand et gros, lui dit-il. Mais vous ne parlez pas, ne saluez pas.

Et je devrai mourir de soif en face d’un mal élevé ?

Par chance un petit rat émerge

du canon désolé.

Ne fais pas attention, lui dit-il. C’est un inadapté.

Entre, je t’offre quelque chose.

Et le tatou le remercie.

 

6

 

Quand cela s’avère nécessaire

le tatou peut creuser pendant des heures :

de longues tanières, zones humides et sombres où attendre

des temps meilleurs, des pluies, époques où l’espérance

n’est plus tout à fait impossible. Si l’attente

est longue, il la trompe en dormant.

Et quand la lune se lève il lit Cervantes.

 


7

 

Dans un état presque au nord a été édictée une loi

sur les tatous : il est interdit d’en posséder.

On peut posséder

des voitures, des esclaves masqués, des fusils, mais des tatous

non. C’est une loi intéressante,

pense le tatou. Et il s’attarde un peu

dans cet état

si clairvoyant.