parution octobre 2023
ISBN 978-2-88907-274-3
nb de pages 160
format du livre 140x210 mm

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Dambudzo Marechera

La Maison de la Faim

Traduit de l'anglais par Sika Fakambi

résumé

La "Maison de la Faim", c’est là où grandit le narrateur. C’est aussi l’insatiable appétit d’apprendre de cet adolescent qui évolue dans un milieu raciste et d’une pauvreté extrême. C’est en fait, selon Sylvain Prudhomme, "le nom de tous les enfermements. Dans la misère. Dans le ghetto. Dans la condition noire". Voici l’histoire pleine de fureur d’un jeune homme dans le Zimbabwe d’avant l’indépendance. Critique sociale et exploration de soi s’y conjuguent avec une inventivité verbale fulgurante.

Préface de Sylvain Prudhomme

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biographie

Dambudzo Marechera (1952-1987) a grandi au Zimbabwe dans un contexte de discrimination raciale, de pauvreté et de violence. Étudiant brillant, il se heurte à ses professeurs au sujet du programme d'enseignement colonial, est renvoyé de l'université lors de troubles estudiantins. Au New College d'Oxford, où il est reçu grâce à une bourse d'excellence, son comportement lui vaut une nouvelle expulsion. Marechera est mort du sida à 35 ans. Pour Doris Lessing, lire son œuvre, "c'est entendre un cri".

Le Monde

"Art de la métaphore et de la métamorphose. Publié au Royaume Uni en 1978, La Maison de la faim, avec son verbe insurrectionnel, renverse. (…)
Souvent, le narrateur paraît désabusé, comme lorsqu’il réduit son être à un amas de tuyaux. Ces considérations témoignent au contraire d’une lucidité dont la force nourrit le récit. Marechera entremêle passé et présent, réalisme et fantasmagorie. II chamboule nos repères pour mieux montrer la violence de l’oppression et la nécessité de la lutte. II sème aussi des bombes à retardement. Tel le personnage du Vieux, mort dans un accident de train au début de l’histoire, mais de retour à la fin pour délivrer une énigme qui éclaire la démarche de l’auteur et son destin : « Un écrivain dessine un cercle dans le sable et se met à l’intérieur en disant : “Voici mon roman.” Mais le cercle bondit sur lui et le tranche tout net. »" Gladys Marivat

Le Courrier

"Dambudzo Marechera nous enfonce jusqu’aux genoux dans la boue, le sang, le sperme, les excréments, les immondices, nous plonge dans un enfer de sensations et d’émotions tout en faisant preuve d’une inventivité verbale, d’une richesse d’images et de métaphores époustouflantes. Dont cette « maison de la faim » du titre, qui traverse tout le récit. Il est question de la faim réelle, celle qui fait pleurer les enfants, qui rend fou, mais aussi de la faim d’amour, de sexe, de savoir, de reconnaissance. Et encore de cette grande maison qu’est le pays, qui englobe les cahutes délabrées du ghetto et les beaux quartiers, et de celle qu’est finalement la vie humaine.

Méditation éclatée, fragmentée, rageuse et provocatrice, La Maison de la faim ne se laisse pas approcher sans mordre : «On est tous à avoir des tas de projets dans un océan de merde. Partout on avance dans des nuées de mouches, des mouches qui mangent nos morts. Il y a des armées de vers qui se glissent dans notre histoire. Des escadrons de moustiques qui se dirigent vers le berceau de notre futur.»

Nulle place, nulle part, pour ce jeune Noir famélique et trop intelligent que ses proches traitent d’intello, ses profs d’arrogant, alors que les policiers ne lui parlent qu’à coups de matraque. De retour dans son pays, Dambudzo Marechera meurt à 35 ans du sida, en laissant une œuvre éternellement incandescente." Isabelle Carceles

RFI

"Marechera c’est une voix, une intelligence formidable au sens plein, c’est une figure inouïe, une figure rare." Sika Fakambi (traductrice)

"La langue de Marechera est prodigieuse d’inventivité, de force, avec quelque chose de parfois très cru, très sensible, très sensuel." Sylvain Prudhomme (préfacier)

Un reportage de Solène Gardré pour l'émission « vous m’en direz des nouvelles », à écouter ici (minute 40)

froggy's delight

"C'est un livre coup de poings que nous proposent les éditions Zoé autour de l'histoire pleine de fureur d'un jeune homme au coeur du Zimbabwe avant l'indépendance. L'écriture est véritablement percutante, pleine de fougue, parfois abrupte aussi. (…) Une lecture virevoltante à l'intensité verbale fulgurante."

Une chronique de Jean-Louis Zuccolini à lire ici

Quartier latin

"Réédition du récit de Marechera publié en 1978. Un cri de rage sur la condition des noirs dans les ghettos de la Rhodésie (avant l'indépendance du futur Zimbabwe) entre racisme, violence et misère." Magali Tarditi

Les Vinzelles

"Laissons-nous porter par un auteur incroyable, un enfant terrible, un écorché vif, une sorte de Rimbaud lautreamonté avec des poussières de Genet, et une lumière Joycienne. Un auteur, qui n'est plus mais qu'on peut encore lire, ces temps-ci." Margot Bonvallet

Caligrammes La Rochelle

"Voici le roman d'une comète, et franchement quelle découverte! La langue est puissante et les mots remplis de fureur. Il faut être un homme fracassé, furieux, maudit, pour sortir un tel déchainement de phrases aussi violemment éblouissantes. Oui, comme l'a dit Doris Lessing: lire ce livre "c'est entendre un cri". Pour moi, il va résonner encore longtemps..." Jacky Flenoir

Millepages

"Hypnotique et fulgurant, La maison de la faim s'écrit à l'encre ensanglantée de la rage de vivre. Les pulsions nourrissent les pulsations électriques de l'écriture; les particules de nuit s'agglomèrent pour former des mots brûlants d'urgence. Marechera marquera!"

L'Astragale

"Une jeunesse en Afrique brûlante et fugace, habitée par la littérature et la violence. Un livre qui se lit en apnée: lèvres fendues et cœur à vif. Hypnotique, envoûtant, obsédant..."

La Maison de la Faim: extrait

J’ai pris mes affaires et je suis parti. Le soleil se levait. Je n’avais nulle part où aller. J’errais en direction du hall à bières mais en chemin j’ai fait halte à la buvette pour m’en prendre une. Les gens se désaltéraient, éparpillés le long de la vaste véranda du magasin. Je me suis assis sous le grand arbre msasa, dont les branches frottaient sur les toits de tôle ondulée. Je m’efforçais de ne pas penser à un endroit où aller. Je ne ressentais pas d’amertume. J’étais heureux que les choses se soient passées comme ça; impossible pour moi de rester dans cette Maison de la Faim où chaque parcelle de raison t’était arrachée comme certaines espèces d’oiseaux arrachent la pitance du bec de leurs oisillons. Et les yeux de cette Maison de la Faim qui s’appesantissaient sur toi comme ceux d’une bête indéfinissable prête à te fondre dessus. Bon bien sûr il y avait le problème de la fille. Mais qu’est-ce que j’aurais pu faire d’autre, avec Peter qui la tabassait comme ça nuit et jour ? Il faut dire, mon intervention n’était pas si désintéressée que ça.

Oui, le soleil était si prompt à se lever qu’il te frappait entre les deux yeux avant même que tu aies pu réaliser qu’il était au-dessus des montagnes.