parution mars 2022
ISBN 978-2-88907-0-114
nb de pages 320
format du livre 140x210 mm

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Kamala Markandaya

Le Grand Barrage

résumé

Une société britannique s’implante dans le Sud de l’Inde récemment indépendante, avec pour mandat de construire un barrage en pleine jungle. Dans la ville éphémère bâtie sur le site se côtoient techniciens anglais, ingénieurs dépêchés de Delhi et ouvriers indigènes, sous la supervision de Clinton, à la tête du projet. Certaines femmes sont aussi présentes, celles des hauts cadres, et bien sûr Helen, l’épouse de Clinton, plus intéressée par les conditions de vie des tribus locales que par l’ambition dévorante de son mari : malgré les recommandations des Indiens, ce dernier a décidé que le barrage serait achevé dans les trois ans.

Sur le papier, le plan est solide, mais au fil des travaux, Clinton se heurte aux imprévus humains, aux accidents techniques et à la nature implacable. Jusqu’à ce que la mousson arrive…

Dans ce roman visionnaire, Kamala Markandaya émerveille par son habileté à décrire le fonctionnement du chantier, la capture des oiseaux exotiques ou la fourmilière sociale à l’oeuvre.

biographie

Née à Mysore, Kamala Markandaya (1924-2004) étudie et travaille comme journaliste en Inde jusqu'à l'indépendancce, puis s'installe à Londres, en 1948. Son premier roman, Nectar in a Sieve, paru en 1954, lui vaut un succès mondial. Notamment en France, où plusieurs de ses titres ont été traduits, il y a plus de cinquant ans, chez Robert Laffont. Markandaya a consacré son oeuvre aux rapports complexes entre Occidentaux et Indiens. Si bien qu'elle est aujourd'hui considéreée comme une figure essentielle de la littérature post coloniale. Publié en anglais sous le titre The Coffer Dams, son roman Le Grand Barrage mérite une nouvelle traduction française.

Libération

"Au milieu du siècle dernier, une société britannique débarque en Inde pour construire un barrage. Certains des colons, techniciens, observent le pays avec curiosité. D’autres, tel Clinton, le chef de chantier, « avec une absence totale d’intérêt ». Son épouse Helen témoigne, au contraire, d’une « immense et insatiable curiosité » et part explorer les villages alentour. Métaphoriquement, Helen est la rivière et Clinton, le barrage. Les accidents se multiplient, les mots affluent et débordent. La fascination érotique des nouveaux arrivants pour la main-d’œuvre, semble-t-il contagieuse, monte comme le niveau des eaux. La mousson ne va pas rafraîchir les esprits et perturber tout à fait le projet (qui n’est pas un pont)." Thomas Stélandre

Avivo

"Les descriptions, tant des sites que des sentiments, de Kamala Markandaya révèlent une véritable artiste. On vibre à chaque phrase, on écoute les chants des oiseaux, on grelotte dans la jungle, on s’émerveille du lever du soleil… Ce roman visionnaire (écrit en 1969) nous renvoie à notre modernité, si peu respectueuse des savoirs ancestraux et des lois naturelles." Annette Zimmermann

Espaces contemporains

"Défi pour l’Inde des années 1950, le barrage, en butte à l’hostilité de la nature et de la population, génère en pleine jungle une micro-société qui reproduit le système colonial. Le chantier s’enlise peu à peu, et la mousson menace… Technique et lyrique à la fois, ce roman magistral dénonce l’arrogance occidentale et (déjà) les dégâts environnementaux."

Un article à lire ici

La Liberté

"Véritable réquisitoire contre les grands travaux qui ont suivi l’indépendance de l’Inde et leurs conséquences funestes, le sixième roman de la journaliste et romancière Kamala Markandaya révèle une conscience sociale et écologique rare à l’époque. Le Grand Barrage questionne sans tabou les relations indo-britanniques, fouille au plus profond de l’âme humaine et déborde d’un savoir technique impressionnant.

(…)

Dans une langue opaque et précise servie par une impeccable traduction, l’autrice entrelace avec grâce les secousses de la nature et les sautes d’humeur des humains. Au déferlement de la mousson répond la colère des hommes, que la peur d’échouer rend fous.

(…)

Kamala Markandaya dénonce le racisme autant que les dégâts humains et environnementaux causés par le pouvoir indien ; surtout elle sait incarner son engagement par des personnages complexes dont on se souvient bien après avoir refermé le roman." Geneviève Bridel

ArcInfo

"(...) La psychologie des personnages, finement travaillée, évite adroitement le piège du manichéisme; l'accusation porte surtout sur les dégâts environnementaux et culturels générés par l’arrogance occidentale. Dense et magistralement mené, «Le grand barrage» ose pourtant décrire ce projet avec une précision technique et lyrique à la fois, tandis que le style, élégant et imagé, l’enveloppe dans un voile de conte philosophique oriental." Joëlle Brack

Le Temps

"Au fur et à mesure que la mousson approche et que les incidents techniques s’accumulent, la tension monte dans tous les camps. La mort accidentelle de nombreux ouvriers déchaîne un conflit. La logique économique cède devant une menace de grève. Personne ne sortira indemne de l’affrontement. Les contradictions qui agitent ce roman épique, vieux d’un demi-siècle, sont toujours d’actualité, en Inde et ailleurs.

Kamala Markandaya (1924-2004), elle-même entre les deux cultures, sait magnifiquement rendre cette ambiguïté, avec un réalisme parfois emporté par le lyrisme." Isabelle Rüf

Livresuisse Magazine

"Le Grand Barrage, bien qu’écrit il y a plus de cinquante ans, semble nous être destiné : frictions entre les communautés, volonté de soumettre la nature, tensions entre la modernité galopante et les savoirs ancestraux, racisme larvé, dépassement de soi, ces thèmes importants s’entremêlent ici avec talent, subtilité et une grande intelligence. La figure d’Helen, jeune femme indépendante, sensuelle et anticonformiste, peu encline à jouer les femmes serviles, qui ose s’élever contre les injustices autour d’elle, s’impose comme un beau portrait de femme en avance sur son temps. Lucide, empathique et pacificatrice, c’est elle qui illumine l’entier du roman et nous reste en mémoire longtemps après la fin cataclysmique." Isabelle Falconnier

Le blog de Francis Richard

"L'auteure fait preuve d'une grande connaissance des aspects techniques de la construction de l'ouvrage et de la psychologie des nombreux personnages, de différentes cultures. Aussi le lecteur participe-t-il, comme s'il y était, à la réalisation de ce projet gigantesque, jalonné d'imprévus, d'accidents qui n'émeuvent pas Clinton, rivé sur l'objectif à atteindre."

Une chronique de Francis Richard à lire ici

L'Amour des Livres

"Peu de temps après l’indépendance, une société britannique s’installe en plein cœur de la jungle pour construire un barrage. Avec les travaux, un village éphémère apparaît. S’y mélangent Britanniques, ingénieurs de Dehli et populations locales. Dans ce fourmillement, Clinton supervise les travaux et a en tête un plan infaisable selon les Indiens : terminer le barrage en trois ans. À ses côtés sa femme, Helene, s’intéresse davantage aux Indiens natifs de la région. Le plan du projet paraissait simple, c’était sans compter les imprévus... Le pire de tous étant la mousson."

En lisant, en écrivant

"C’est un remarquable récit d’observation, implacable, de la nature humaine, des relations de domination, du racisme structurel. (…)

Les descriptions de la nature du sud de l’Inde mais également des différentes étapes de la construction du barrage sont passionnantes et haletantes, car le temps – dans son acception polysémique – est un élément absolument crucial dont la menace latente hante les hommes jour et nuit. La mort est là, compagne jamais lasse, qui saisit la moindre occasion pour se repaître de vies humaines. (…)

Un roman au regard terriblement aiguisé et qui expose très subtilement les rapports de force dans l’Inde post-coloniale."

Une chronique de Flore Delain à lire ici

RTS - Culture (QWERTZ)

"(…) Les ouvriers indigènes s’activent sous le regard des ingénieurs de Delhi, des patrons anglais et de quelques épouses qui s’ennuient. Arrogance des uns, humiliation des autres, la tension monte. Mais rien de caricatural dans ce récit. Au cœur de la jungle c’est l’intime qui surgit et le tremblement des Hommes fait écho au grondement de la rivière." Anik Schuin

Inde en livres

"Un roman qui nous fait découvrir la vie sur un chantier d'envergure peu après l'Indépendance où des moyens relativement modernes sont pour la première fois utilisés. C'est un roman parfait pour celles et ceux qui veulent sortir des sentiers battus."

Une chronique de Véronique à lire ici

Terre et Nature

"Récit d’aventure et social qui raconte la torpeur de la jungle. Il y a le vrombissement des moustiques et le ronronnement des machines. Il y a le chant des oiseaux que les hommes capturent pour leur plaisir et le souffle de cette végétation que l’on défriche. Il y a ce barrage à construire, le chantier, le béton, les délais à tenir, la ville éphémère qui forme comme un monde en modèle réduit au cœur de la nature. Et puis, il y a la mousson." Clément Grandjean

Le Matricule des anges

"Kamala Markandaya décrit avec une lucidité et une profondeur saisissantes les rapports qui lient ces êtres les uns aux autres – rapports définis par la subordination, le désir, l’autorité, l’admiration, la jalousie. Le monde dans lequel elle nous fait pénétrer, colonial et masculin, pétri de condescendance et de préjugés, se révèle être d’une violence extrême. « La force : on ne parlait qu’en position de force », résume Clinton. En analysant minutieusement les ressentis de ses personnages, qui sont des condensés de leurs horizons, leurs positions, leurs certitudes et leurs aspirations, l’autrice esquisse un tableau impitoyable des relations humaines. Bercés par une nature inhospitalière qui forme la menaçante toile de fond de leur quotidien, les protagonistes avancent vers leur destin d’une manière rigide, tragique, inflexible. Comme s’ils n’avaient d’autre choix que de laisser, inlassablement, la même histoire se répéter : celle de la domination d’un peuple sur un autre." Camille Cloarec

Le Boulevard

"Une fresque implacable et visionnaire sur le racisme, sur les rapports de domination et de pouvoir qui continuent à se jouer sur ces terres pourtant sorties du joug colonial."

les-notes.fr

"Le roman, écrit par une Indienne (1924-2004) venue s'installer en Angleterre en 1948, fut publié pour la première fois en 1969. D'une écriture élégante et évocatrice, presque organique parfois, l'autrice met en scène un face-à-face entre les Anglais et l'Inde, les machines et la nature. Elle montre un monde en train de changer, un pays humilié de son sous-développement, qui garde des rancœurs de la période coloniale, tandis que les Anglais ont gardé les réflexes de cette époque. Tout le système délicat et précaire de relations entre les gens est décrit avec subtilité, ainsi que les frémissements internes de chacun. Cette nature que la technique entend maitriser est un personnage à part entière, qui impose sa loi aux hommes à travers la mousson et finit par pénétrer leurs esprits ébranlés. Un beau roman à redécouvrir." M.D. et C.H

Pax

"Un roman d'aventure humaine, un texte exotique et politique, un récit naturaliste aussi. Un livre remarquable qui nous rappelle le talent de Kamala Markandaya."

Albertine

"Depuis les patrons de la société britannique en charge de la construction à la main d'oeuvre locale dont la communauté est déplacée au gré de l'avancement des travaux, Kamala Markandaya nous fait épouser mille regards et éprouver toute une mosaïque de vies...Et puis il y a la junge, les oiseaux, la pluie. Les accidents. Le désir. À lire lentement, en immersion: laisser monter les eaux, apprivoiser ce monde troublant."

Millepages

"Kamala Markandaya est un nom qu'il aurait fallu ne pas oublier. Son roman retrace une grande aventure humaine, une histoire de bâtisseurs, alors que l'Inde vient à peine de se débarraser du joug colonial. Or, les distinctions de rangs et de races sont loin d'être abolies. Entre les Britanniques et les Indiens, le mépris est encore vivace, à fortiori quand les enjeux sont de taille et mettent en cause de vies humaines. Avec beaucoup d'acuité et de justesse dans le jeu des rapports entre les êtres, l'autrice fait surgir tout ce qui n'a pas été écrit dans les livres d'Histoire. Ne passez pas à côté de ce grand roman de la littérature postcoloniale !" Brindha

Payot Cornavin

"La construction d'un barrage dans l'Inde post-coloniale, petit monde laborieux mais source de tensions au sein des communautés. Un roman passionnant, une auteure à découvrir."

Delamain

"Le Grand Barrage, c'est la lutte éternelle entre nature et culture, tradition et modernité, colons et "coolies", hommes et femmes ou encore hommes et oiseaux...Un roman tout en nuances, résonnant comme le chant du cygne d'un monde sauvage...Merveilleux."

Des livres et nous

"Voilà un livre qui m’a marqué et me marquera longtemps. Je ne connaissais pas cette autrice qui a le pouvoir de manier les mots si brillamment. (…)
Le Grand Barrage est beau. Envoûtant. Majestueux. Un roman où la diversité humaine est représentée dans toute sa splendeur. Entre les agresseurs d'une terre n'étant pas la leur, ayant une soif d’expansion cupides, les agressés autochtone ballotés dans un monde moderne indigeste et la nature et son implacable ténacité à être plus forte que la cruauté des systèmes.
L’écriture de Kamala Markandaya est admirable, la manière de coudre son histoire est tout simplement fantastique. Ce livre fourmille d'humanité. Je n’ai pas de mots assez forts pour en dire du bien. Jetez-vous dessus quel que soit votre « style » de lecture." Pedro

Écouter un extrait du roman lu par Loubna Raigneau


Le Grand Barrage: extrait

Bâtisseur. Ce mot lui traversait l’esprit, faisant naître un intense et agréable plaisir, quand il longeait d’un pas alerte la zone habitée pour rejoindre le chantier animé ; il ne voyait pas la profusion d’hommes et de machines, mais uniquement ce qu’il avait imaginé : le barrage qui allait s’élever à cet endroit précis, exactement comme il l’avait prévu. Le Grand Barrage, c’est ainsi qu’il avait fini par être nommé, non par lui qui était trop absorbé par le travail en cours pour les inflations langagières, mais par les habitants du Maidan et du Malnad, les gens des plaines et des régions montagneuses, qui avaient observé avec une certaine crainte la naissance précipitée d’une ville en pleine jungle.

C’était presque une petite ville industrielle, creusée et dégagée à l’explosif dans le flanc de la montagne. Clinton avait envoyé Mackendrick, son associé, présider à sa création, l’édification impérative d’une base à partir de laquelle tout le projet principal pourrait se développer. Lui, qui n’était pas davantage que Clinton un homme enclin aux excès, s’était juré d’y parvenir, alors qu’il survolait à bord d’un hélicoptère le site dont il ne percevait rien d’autre qu’une impénétrable étendue verte. Néanmoins, la ville avait été réalisée, exactement dans les délais convenus. À la fin de la première année, on avait réuni toute la main-d’œuvre, les voies d’accès avaient été relevées, les lignes de communication établies, une route avait été taillée dans la colline escarpée depuis le chantier jusqu’au camp de base pour les poids lourds qui transportaient matériel et approvisionnement. À la fin de la deuxième année, les installations de surface étaient en place : ateliers et bâtiments d’usinage, aires de chargement et de déchargement, hangars d’entretien des véhicules, logements des ouvriers, bungalows des ingénieurs, bâtiments d’activités de loisirs, château d’eau, station de filtration des eaux et de fabrication de glace, station de pompage et centrale électrique : une fois le squelette prêt, même si tout n’était pas raccordé et en état de fonctionnement, voilà que ce grand cœur commençait à battre.