parution janvier 2015
ISBN 978-2-88182-935-2
nb de pages 192
format du livre 140 x 210 mm

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Aude Seigne

Les Neiges de Damas

résumé

Disponible en poche

Voici un livre sur Damas qui ne parle pas de Damas. C’est un hivernage intime, un trajet de taupe, un enfouissement. Une saison d’hiver passée en 2008 dans le sous terrain du musée national de Damas à dépoussiérer, photographier et répertorier des tablettes sumériennes. Alice raconte cette aventure six ans plus tard quand la Syrie n’est plus celle qu’elle a connue. Alice est une jeune femme qui, quittant l’adolescence, perd l’illusion que l’âge adulte est un état plane et heureux, qui serait le résultat du chemin tortueux de l’adolescence.

Aude Seigne a de l’appétit, et sa faim est plus grande que le doute, pourtant constant chez elle. Sa curiosité est immense, réjouissante et captivante. Sa finesse d’analyse douce et précise. Son ouverture sur le monde lumineuse. Sur Les Neiges de Damas, elle dit : « C’est un nouveau type de voyage. C’est un livre contre l’obligation de conclure. » C’est un livre de la génération de ceux qui regardent le monde depuis l’après mur de Berlin. Une écriture non pas militante mais engagée d’une grande voyageuse au repos, qui cherche à apprendre à être heureuse avec des questions plutôt que des réponses.

biographie

À 15 ans, un camp itinérant en Grèce révèle à Aude Seigne ce qui sera sa passion et son objet d’écriture privilégié pendant les dix années qui suivront : le voyage. En parallèle de ses études gymnasiales, elle commence donc à voyager pendant l’été : Grèce, Australie, Canada, La Réunion. Le lycée terminé, elle découvre le temps d’une année sabbatique l’Europe du Nord, de l’Est, et le Burkina Faso. Elle effectue ensuite un bachelor puis un master en lettres – littérature françaises et civilisations mésopotamiennes – pendant lesquels elle continue d’écrire et de voyager autant que possible : Italie, Inde, Turquie, Syrie. Tous ces voyages, ainsi que la rêverie sur le quotidien, font l’objet de carnets de notes, de poèmes et de brefs récits.

C’est à la suite d’un séjour en Syrie qu’Aude Seigne décide de les raconter sous la forme de chroniques poétiques. Parues en 2011 aux éditions Paulette, ces Chroniques de l’Occident nomade seront récompensées par le Prix Nicolas Bouvier au festival Étonnants Voyageurs de Saint-Malo, et sélectionnées pour le Roman des Romands 2011. La même année, le livre est réédité aux éditions Zoé.

En 2015 paraît Les Neiges de Damas, suivi en 2017, d'Une toile large comme le monde. Parallèlement, Aude Seigne travaille, avec Bruno Pellegrino et Daniel Vuataz, à la série littéraire Stand-by, dont les deux saisons sont publiées respectivement en 2018 et 2019.

La Côte

« (…)“Les Neiges de Damas“ est un livre terriblement nostalgique et sauvage qui nous renvoie à notre propre responsabilité. » Daniel Bujard

Marie claire - édition suisse

« Magnifique “écrivain voyageuse”, Aude Seigne excelle ici à dépeindre un voyage intérieur. Car si c’est bien en Syrie qu’Alice a l’occasion de partir en mission archéologique, elle restera confinée dans les réserves d’un musée ! La déception, ce n’est que plus tard qu’elle la ressentira, comprenant que cette étape initiatique a joué un rôle bien différent de ce qu’elle espérait… Élégant, subtil et énigmatique comme une tablette sumérienne. » 

Phosphore

« (…) Entre récit de voyage, quête intérieure et tentative de décryptage du monde, ce roman, curieux de tout, lucide et brillant, pose les bonnes questions. Celles qui nous aident à voir clair en nous. » Fabienne Jacob

Made in CH

« (…) Dans ce récit subtil, plusieurs voix se mêlent avec retenue pour dire la fin sans nostalgie des illusions et le surgissement de nouvelles questions. » Isabelle Rüf

Notes Bibliographiques

« (…) Très littéraire, ce récit passe allégrement du deuxième millénaire avant notre ère à la Syrie d’avant-guerre puis à aujourd’hui. (…) Un texte travaillé, une langue parfois poétique, hors du temps et de la réalité. Un rêve d’Orient chargé de désillusions et d’espoir. » 

Femina

"(...) Un témoignage délicat sur la faisabilité et la désillusion."  Fabienne Rosset

La Liberté

"L'horizon, c'est elle, Aude/Alice, qui tentera de le dégager petit à petit, détrônant, chapitre après chapitre, les clichés qui figent l'Orient. (...) Sa pensée libre accompagne son regard qui découvre les rues de Damas et cette route la menant un jour de la capitale vers Alep. Elle observe tout, la jeune Suissesse, voyageuse passionnée, dotée d'une grande sensibilité et d'une agilité intellectuelle dont elle a déjà fait preuve dans son premier roman Chroniques de l'Occident nomade." Ghania Adamo

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RTS

 

« Aude Seigne confirme son grand talent : c’est vraiment un livre à la Bouvier, parce que fait d’allers retours entre le monde et soi, de questionnements personnels et collectifs, de délicatesse et de violence, de révolte aussi, mais de douceur également. On est fasciné en la lisant par le tranchant, la clairvoyance et la grâce de ses mots."  Geneviève Bridel, le 7 février 2015

Le Temps

"A la crise personnelle s'ajoute, bientôt, la guerre qui s'empare de la Syrie. Que faire des souvenirs d'un monde enfoui? Que faire des voyages? Que faire de l'horreur qui déchire le monde quand on aime tant le regarder, quand on voudrait tellement, encore, pouvoir le découvrir?

Par petites touches, en courts de chapitres, en dressant, à la manière des tablettes antiques, ses propres listes, avec humour mais aussi gravité et tendresse, Aude Seigne explore les réponses possibles. Elle convoque des voix multiples pour tisser un récit vagabond, qui apparaît plus fort (cependant) lorsqu'il plonge dans l'altérité des gens, des lieux, des époques que lorsqu'il se penche sur les mystères du soi." Eléonore Sulser

Livres Hebdo

« Sous le prétexte d’un séjour de recherches archéologiques en Syrie, l’héroïne du deuxième livre d’Aude Seigne fouille un vide existentiel contemporain.

 Ce qu’on aime dans ce qu’Aude Seigne cherche à formuler, c’est son travail sur le doute, sur le principe d’incertitude, cette conscience douce et douloureuse de la gravité et du dérisoire qui jalonne son écriture. Sa position si contemporaine d’équilibriste “libre et perdue”. (…) » Véronique Rossignol

Le Merle Moqueur

"Aude Seigne signe un récit puissant et capture la sensation floue et instable de se créer face au monde et à soi-même. Un texte capital, grand, essentiel, qui accompagne le lecteur longtemps après sa lecture." Cyrille

Le Jour des silures

Dans un futur proche, la montée des eaux a eu lieu. Jeune présidente d’une ville pratiquement engloutie, Colombe croit à la décrue. Alors que la population se serre dans les derniers étages des immeubles et mène une vie nouvelle, communautaire, aquatique, Boris et Salömon, un duo de scaphandriers, plongent dans les rues à la recherche de vestiges et d’archives. Une mission qui n’est pas sans danger – surtout quand disparaissent les enfants et que rôdent les silures.

Terre-des-Fins

Terre-des-Fins est une ville minière sur le déclin, un terminus du monde uniquement accessible par le rail. Liv, une jeune femme graffeuse, délinquante à ses heures, y voit débarquer Sora, une ambitieuse fille de la capitale, qui vient chercher en urgence l'œuvre d’un artiste. Liv se retrouve à servir de guide à la jeune citadine, dont le souhait le plus cher est de rencontrer cet artiste qu’elle vénère tant. Un récit d’émancipation sauvage et intime sous des allures de roman de gare.

Daniel Vuataz, Aude Seigne et Bruno Pellegrino écrivent à six mains depuis la série littéraire Stand-by. Ensemble, ils ont créé une écriture qui conjugue vitesse, observation et amour de la narration.

Les Neiges de Damas

En 2005, Alice passe l’hiver au Musée national de Damas pour répertorier des tablettes d’argile sumériennes. Entre le présent suspendu et les fragments millénaires, elle vit la fin de son adolescence et perd ses illusions sur l’état plane et serein que serait l’âge adulte. Cette expérience, elle la raconte six ans plus tard, quand la Syrie n’est plus que conflits. Mais plus qu’à la géopolitique, Alice s’intéresse à l’archéologie intime du monde. En cherchant une cohérence aux choses, elle apprend à être heureuse avec des questions plutôt que des réponses.

Postface de Véronique Rossignol

L'Amérique entre nous

Pendant trois mois, un couple parcourt les États-Unis en voiture. Ciels, villes, animaux, tout les émerveille. Ils en profitent pour vérifier les clichés européens sur l’Amérique. Elle interviewe les stars et tente de distinguer le vrai de la fiction ; lui photographie les geais bleus et les loups. Elle assiste à un mauvais match de baseball, ils traversent des incendies. La narratrice a pourtant un objectif plus important : elle aime deux hommes à la fois mais ne cesse de retarder le moment d’en parler à son compagnon.

Dans ce roman sur l’Amérique et l’amour libre, la narratrice procède à une enquête passionnée. Un va-et-vient vertigineux entre exaltation et blessures, doutes et ténacité, qu’accompagne une play-list accordée à la tonalité de chaque partie.

Stand-by - saison 2 (2019, Stand-by. Le feuilleton littéraire)

Stand-by - saison 2

Trois adolescents en cavale avec une journaliste quadragénaire lancée dans une quête mystique en Italie. Un médecin napolitain fraîchement diplômé, sur le point de mourir au Groenland, dans une base militaire abandonnée. Une jeune femme qui écume New York pour retrouver son ex-petite amie disparue. Chacun doit se frayer un chemin dans un monde profondément bouleversé par l’éruption d’un supervolcan qui, après avoir paralysé l’espace aérien européen, est en train de faire chuter la température sur toute la planète.

Une Italie post-apocalyptique, une Europe plongée dans l’écologie totalitaire, des États-Unis où le slogan « Make America White Again » est devenu la norme : voici la saison 2 du feuilleton littéraire Stand-by, à lire indépendamment ou à la suite de la première saison.

Langue précise et sensible, atmosphères et personnages au plus proche du monde d’aujourd’hui, Stand-by, écrit à six mains par Bruno Pellegrino, Aude Seigne et Daniel Vuataz, réconcilie littérature et séries télé.

Stand-by - l'intégrale de la saison 1 (2019, Stand-by. Le feuilleton littéraire)

Stand-by - l'intégrale de la saison 1

Suite à une éruption sans précédent à Naples, toute l’Europe se retrouve paralysée sous les cendres.

Sur le point de s’envoler de Paris pour New York, la journaliste Alix Franzen est contrainte de revoir ses plans. Nora, Vasko et Virgile, trois adolescents en vacances dans les Balkans, se retrouvent sans adultes et découvrent l’indépendance, grisante et inquiétante. Au Groenland, une équipe de jeunes Européens en mission climatique reste bloquée, loin de tout secours.

Au fil des premières heures qui suivent cette apocalypse volcanique, chacun va devoir s’en remettre à ses ressources personnelles pour affronter la réalité d’un monde nouveau.

Langue précise et sensible, atmosphères et personnages au plus proche du monde d’aujourd’hui : écrit à six mains par Bruno Pellegrino, Aude Seigne et Daniel Vuataz, le feuilleton Stand-by réconcilie littérature et séries télé. Voici la version intégrale de la première saison, récompensée en 2018 par le prix de la relève de la Fondation vaudoise pour la culture.

Stand-by 4/4 (2018, Stand-by. Le feuilleton littéraire)

Stand-by 4/4

Une semaine après l’éruption du supervolcan près de Naples, Alix a décidé de gagner l’épicentre du cataclysme : un périple dans une Italie apocalyptique.

Au Groenland, les Green Teens restés au camp de base sont tirés d’affaire, mais il faut retrouver les autres, disparus dans la tempête alors qu’ils étaient partis chercher de l’aide.

À Podgorica, Virgile, Nora et Vasko découvrent in extremis l’horrible secret d’Aden. En fuite après avoir laissé un corps inanimé, ils plongent dans l’excitation et la paranoïa, tandis que leur road trip balkanique se transforme en une course-poursuite infernale.

Le temps accélère, les actions se densifient : pas de happy end artificiel pour ce dernier épisode, mais un feu d’artifice qui clôt en beauté cette première saison de Stand-by.

Dessins de Frédéric Pajak

Stand-by 3/4 (2018, Stand-by. Le feuilleton littéraire)

Stand-by 3/4

Au Groenland, la neige engloutit les repères, tandis que les cendres commencent de voiler le ciel français. Sur les paysages monténégrins, les pluies acides laissent des sillons noirs.

Le supervolcan « crache, depuis des jours, des milliers d’années de roches patiemment mitonnées », et les protagonistes de Stand-by sont confrontés à de nouvelles réalités : l’oncle Aden a du sang sur les mains ; la mort frappe les Green Teens ; Alix n’est plus seule sur la route.

Dessins de Frédéric Pajak

 

Stand-by 2/4 (2018, Stand-by. Le feuilleton littéraire)

Stand-by 2/4

Un Groenland progressivement hostile, un Monténégro sous les cendres, une campagne française inquiétante et déserte : le décor de Stand-by est planté, place à l’action !

Alix a quitté Paris et entame une longue marche à travers la France, bravant les risques que peut courir une jeune femme isolée en pleine campagne.

Nora, Vasko et Virgile décident de partir pour Podgorica, où Vasko est attendu pour l’ouverture du testament de son père. Ils seront accueillis par l’oncle Aden, l’étrange frère du défunt.

Quant aux Greens Teens, ils sont condamnés à espérer un avion qui ne vient pas. Mais c’est sans compter un nouvel accident tragique qui va transformer leur attente en enfer.

Dessins de Frédéric Pajak

 

Stand-by 1/4 (2018, Stand-by. Le feuilleton littéraire)

Stand-by 1/4

Lorsqu’un volcan dans la région de Naples entre en éruption, un prodigieux nuage de cendres paralyse progressivement l’Europe, clouant les avions au sol et brouillant les communications. Sur le point de s’envoler pour New York depuis Paris, Alix Franzen doit revoir ses plans. Au Monténégro, Nora, Vasko et Virgile, trois adolescents, se retrouvent sans adultes et découvrent l’indépendance, grisante et inquiétante. Au même moment, les Green Teens – une équipe de jeunes Européens qui accomplissent leur Service climatique obligatoire – reste bloquée au cœur du Groenland, loin de tout secours.

Voici le récit des premières vingt-quatre heures qui suivent l’éruption.

Dessins de Frédéric Pajak

 

Une toile large comme le monde

Sous nos trottoirs et nos océans, des millions de mails transitent chaque seconde à travers des câbles qui irriguent le monde. Surfant sur ce flux continu, Pénélope, June, Birgit et Lu Pan mènent leur existence de « millénials » aux quatre coins de la planète. Fascination ou familiarité, dépendance ou dégoût, leur rapport au web oscille, dans leur travail comme dans leur vie amoureuse. En découvrant l’univers de boîtes et de fils qui les relient bien plus concrètement qu’ils n’imaginent, ils élaborent un plan vertigineux pour atteindre leur but commun : mener une existence hors de la Toile.

Ce roman est un génial selfie du monde contemporain, dans lequel virtuel et réel sont toujours plus intriqués.

Vous avez lu le roman et souhaitez en savoir plus sur l'empreinte écologique du Web, l'installation des câbles sous-marins ou le fonctionnement d'un data-center ? Rendez-vous sur https://wordswideweb.tumblr.com, le blog d'Une toile large comme le monde !

Carnets ferroviaires. Nouvelles transeuropéennes

Que ce soit de Lausanne à Paris, de Vienne à Genève ou de Glasgow à Londres, chacun des treize auteurs de ce recueil situe son histoire à bord d’un train qui parcourt l’Europe. À l’occasion d’un long trajet en chemin de fer, l’une se souvient de son voyage dix ans plus tôt, elle traque la différence entre son être d’hier et d’aujourd’hui. Un autre se remémore la géniale arnaque dont il a été l’auteur, un troisième retrace l’incroyable hold-up ferroviaire du South West Gang dans l’Angleterre de 1963.

Ces nouvelles donnent une vue d’ensemble inédite sur la manière de concevoir l’Europe comme espace physique et symbolique. Les auteurs étant de générations très diverses, le lecteur appréciera les différentes manières d’appréhender notre monde proche et de s’y situer.

Nouvelles de Aude Seigne, Blaise Hofmann, Anne-Sophie Subilia, Gemma Salem, Bruno Pellegrino, Arthur Brügger, Daniel Vuataz, Marie Gaulis, Fanny Wobmann, Catherine Lovey, Julie Guinand, Guy Poitry, Yves Rosset.

Préface de Daniel Maggetti, postface de François Cherix

Chroniques de l'occident nomade (poche)

Bourlingueuse du xxie siècle, Aude Seigne écrit avec acuité et souplesse. Ses chroniques sautent allègrement d’un continent à l’autre, mettent en correspondance des pays et des bouts de souvenirs, des images, des gens, comme autant d’éclats de cet « état nomade » cher à Nicolas Bouvier.

« Je lis L’Idiot à Ouagadougou et l’idiot ne me rend pas heureuse mais me sort du temps où je vis. Dans le silence vertical de la rue ouagalaise aux heures brûlantes, je vois s’élever une datcha, des calèches, des duvets de neige. »

 

Chroniques de l'Occident nomade

Lectrice du monde et d'elle-même, Aude Seigne, bourlingueuse du 21e siècle, écrit avec une acuité et une souplesse inédites sur le voyage et ses amours lointaines.

Le voyage ? Un exercice de légèreté. Un ravissement aussi : parce que parfois la beauté est terrassante, complète, trop forte, une illumination, une sorte d’orgasme métaphysique tremblant. « Quelque chose craque en moi, une paroi se rompt sans crier gare, la possibilité de l’abîme se dévoile en même temps que celle du bonheur absolu. »

L’amour ? Les premières fois, un flirt qui peut « la laver de tout », ou encore le grand amour.

Chroniques de l’Occident nomade a tout d’un roman d’apprentissage. Aude Seigne tatônne autour du globe comme dans sa narration, elle le sait et le revendique. Le voyage certes, mais pour être plus présente au monde.

Ouvrage disponible en poche : http://editionszoe.ch/livre/chroniques-de-l-occident-nomade-1

Les Neiges de Damas: extrait

1770 avant J.-C. 

 

L'homme est debout sur les toits et regarde le ciel. Ses yeux suivent le vol des oiseaux puis descendent sur la ceinture de brume qui empêche de séparer distinctement le désert du ciel. Par temps clair et lorsque la chaleur est moins forte, il sait qu'on peut discerner de hautes montagnes, qu'on peut voir les bateaux poussés en direction de la ville sur l'immense canal de navigation qui traverse le désert et avoir ainsi l'impression qu'ils sortent des sables. Mari est une ville riche dont la position est stratégique, un carrefour de merveilles dont on dit parfois même qu'il supplante Babylone, notamment par son administration minutieuse et par son système d'irrigation ramifiée. L'imposant palais que l'homme parcourt à présent du regard est le reflet de cette prospérité, si vaste et si haut qu'on dirait un temple dressé vers le ciel et directement en contact avec les dieux. Le ciel, son étendue, sa majestueuse impénétrabilité. L'homme des toits y revient toujours.

 

Pourtant, au-delà de ces montagnes sur l'horizon, il se dit parfois qu'il doit exister d'autres villes et d'autres palais. C'est d'autant plus intrigant que son nom à lui, Oubaram, signifie «étranger», alors que lui-même ne sait plus à qui, ou à quoi, il devrait se sentir étranger. Ses parents sont morts prématurément, il n'a de souvenir que cette ville. Vient-il en réalité d'au-delà des montagnes ? Il aime contempler les caravanes de voyageurs lointains qui traversent Mari avant d'entrer dans le palais. Leurs costumes, leurs langues, parfois même la forme de leurs visages sont différents. Oubaram voudrait être ces visages, voudrait être leurs yeux pour avoir en lui le souvenir de paysages inconnus et de vies potentielles. Lorsqu'il regarde le ciel, il lui arrive de penser que ce ciel est partout le même et pour tout le monde, pour la florissante Mari comme pour ces étrangers voyageurs et pour toutes les parties du monde qui ne se connaissent pas entre elles. C'est une question d'espace mais aussi de temps. Il lui arrive ainsi de penser que les ancêtres de Mari, dans leurs petites maisons inconfortables des marais du Sud, regardaient déjà ce ciel. Et que bien avant qu'il y ait des hommes, peut-être le ciel existait-il déjà. Si c'était vrai, ce serait formidablement étonnant.

 

 

 

 

2005

 

Alice parcourt lentement les pierres anciennes de l'université. Elle est un peu en avance et aimerait entrer dans l'auditoire exactement à l'heure pour ne pas se faire remarquer. Elle prend son temps, et atteint finalement l'extrémité du couloir au froid minéral.

 

Les vieux pupitres en bois gravés par des générations d'étudiants l'émerveillent aussitôt, charme étourdissant de choses anciennes, de siècles de savoirs conçus, formulés, échangés, avérés, erronés, revus, ravalés, recrachés, digérés, ou enfin portés à maturation à l'intérieur d'un nouvel être. C'est le jour de la rentrée universitaire et tous les départements de la Faculté des Lettres ont préparé une présentation des filières entre lesquelles les étudiants doivent choisir pour les trois prochaines années. Alice écoute attentivement, tout en regardant la douce lumière d'automne se refléter sur les vieux gradins en bois élimés, parfaitement adaptés à son idée des études de lettres. Elle est heureuse et oublie qu'elle a un jour songé à une autre vie, loin du cadre rigoureux des études, plus proche d'une liberté d'apprendre au gré des vents, des opportunités, des expériences.

 

Un homme d'apparence chétive s'approche du micro : « Je m'appelle Adam Campagnon et je dirige une petite unité de Mésopotamie. » Sa voix tremble et s'amenuise et Alice devine que ce n'est pas dû à la vieillesse, mais à un mélange de timidité et de résignation. Il parle mais son discours n'est pas séduisant, il montre mais ses gestes refusent de montrer. Il porte un pantalon qui fait penser à la fois à celui d'un ramoneur et d'un montagnard, assorti d'une veste en polaire bleu marine. Alice ne sait pas encore qu'elle ne lui verra que ces vêtements par la suite, que cet air de voyageur usé alors qu'il vit dans une sédentarité concentrée et presque secrète, dissimulant son génie derrière une apparence très modeste. Il lui expliquera un jour : « J'ai

 

cinq fois le même pantalon
cinq fois le même pull
cinq chemises
mais là elles sont quand même légèrement différentes

 

et comme ça c'est réglé. » Des murmures amusés traversent l'auditoire car les étudiants comprennent que cet homme a depuis longtemps perdu l'espoir de les convaincre. Il regarde le sol, se racle la gorge, prononce quelques mots dans des langues mortes puis se tourne vers l'auditoire pour les commenter ou pour s'assurer qu'il n'est pas seul. Jusqu'à cette phrase, qu'il lâche comme un couteau nonchalant: « Enfin, le cunéiforme, ce n'est que la plus vieille écriture du monde. » Alice sursaute, tant cette phrase l'émeut presque physiquement, agit sur elle comme la révélation d'une évidence. Que pouvait-elle bien chercher d'autre ? Elle a tout à coup la certitude qu'elle doit aller le plus loin possible, qu'elle doit remonter le temps jusqu'à cette écriture première qui lui permettra de vivre encore un peu sur les routes. Elle a voyagé, jeune, rapide, obsessionnelle, elle cherche quelque chose dans le monde, au plus loin, au plus étranger, aux extrémités, quelque chose qu'elle n'est pas sûre de trouver dans cet auditoire. Alors cette première écriture du monde est un espoir qu'elle se doit de vérifier. Elle ne pourra pas remonter au-delà. Elle étudiera donc les civilisations mésopotamiennes.