parution mars 2018
ISBN 978-2-88927-528-1
nb de pages 176
format du livre 140x210 mm

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Max Lobe

Loin de Douala

résumé

Le petit Jean, un pied encore dans l’enfance un autre dans l’adolescence, et le grand Simon sauront-ils retrouver Roger ? Ce dernier a fui une mère injuste et colérique pour courir après un rêve, devenir une star du football. Partir de Douala, suivre la filière clandestine afin de sortir du pays, passer par le Nigeria pour finir en Europe : cela s’appelle faire « boza ».

Les péripéties de Jean et Simon aux trousses de Roger ont tout du voyage initiatique : ils découvrent le nord du Cameroun, une région à la nature somptueuse mais sinistrée par Boko Haram et la pauvreté, goûtent aux fêtes, mais Jean se confronte aussi à l’éloignement d’avec la mère, à l’apprentissage du manque et d’une identité sexuelle différente.

Max Lobe, avec sa gouaille et son humour, excelle à donner la parole à ses personnages, à restituer les atmosphères qui règnent dans la rue, les trains, les commissariats de police, les marchés ou les bars mal famés.

biographie

Né à Douala en 1986, Max Lobe grandit dans une famille de sept enfants. Il arrive en Suisse à l’âge de 18 ans, deux ans après l’obtention de son Bac. À Lugano, il suit des études de Communication et journalisme. Passionné d’histoire et de politique, il suit un Master en Politique et Administration publique à l’Institut des Hautes Etudes en Administration Publique de Lausanne. Il est établi aujourd’hui à Genève. Ses textes, tous publiés aux éditions Zoé, comprennent notamment 39 Rue de Berne (2013), Confidences (2016, Prix Amadou Kourouma 2017), ou encore La Promesse de sa Phall'excellence (2021).

S'inspirant de la littérature traditionnelle africaine ainsi que des réalités de l'immigration en Suisse, Max Lobe traite des thématiques comme l'homophobie, la religion, la violence et de la situation des personnes sans-papiers.

Max Lobe, lauréat du Prix du roman gay 2018, coup de cœur pour "Loin de Douala"

Viceversa Littérature (Revue)

"Le narrateur cherche son frère qui a fui pour vivre son rêve de footballeur. Il traverse le Cameroun en direction du nord. Rencontres épiques, péripéties roublardes, son road trip enchanté se frotte à la théâtralité d’un peuple soudé comme une grande famille." M.B.

La cause littéraire

"Avec sa gouaille si particulière, Loin de Douala traite d’un phénomène de société. (…) Le thème choisi par Max Lobe est celui de la fugue d’un adolescent, qui rappelle le personnage d’Antoine Doinel dans Les Quatre Cents coups de Truffaut, mais plongé au cœur de l’actualité camerounaise. (…) Loin de Douala est un roman qui s’intéresse à l’avenir du Cameroun, un futur qui semble miné par l’impossibilité de réussir et qui ne peut se réaliser que par la fuite, aussi dangereuse soit-elle." Grégoire Meschia

Paperblog

"Max Lobé est un styliste (…). Oui, quand un écrivain réinvente la langue française, y injecte un parler local et marque son écriture de sa personnalité, je suis preneur. (…) Le roman est construit comme un road movie à la camerounaise. C’est-à-dire sous une chaleur étouffante, dans des conditions apocalyptiques de température et de pression. (…) On voit plusieurs strates du Cameroun très contrastées. (…) Ce roman ressemble à une enquête journalistique réalisée par deux jeunes camerounais qui se cherchent." Gangoueus

Francophonies du Sud

" [Dans ce] « road movie » facétieux et enlevé [les personnages] guident le lecteur sur des routes aventureuses et chaotiques. (…)

Habile à restituer des situations cocasses grâce à des dialogues et descriptions qui font mouche, Max Lobe se pose et s’impose ici en observateur attentif et conscient de son pays : si loin, si proche…"  Sophie Patois

Amnesty, le magazine des droits humains

"Entre tubes de makossa, bars de quartiers chauds, moyens de transport locaux et expressions de la rue, Max Lobe nous plonge dans le Cameroun d’aujourd’hui. En toile de fond, le président unique (depuis 1982 !), la religion, l’émigration vers l’Europe, la pénétration de Boko Haram dans le nord, et les mesures déployées pour lutter contre le terrorisme. Des éléments imbriqués dans le quotidien des protagonistes du roman, dont la vie semble s’écouler inexorablement. Le tout narré avec humour et dérision. "  Nadia Boehlen

AMINA mag

"Véritable phénomène littéraire de cette nouvelle génération d’écrivains, Max Lobe publie aujourd’hui un cinquième roman haut en couleur qui scrute avec espièglerie les espoirs de la jeunesse africaine. Cet ouvrage aux allures de road trip camerounais plonge le lecteur au cœur des péripéties initiatiques de deux jeunes garçons en quête d’identité et de sensations fortes, direction l’eldorado fantasmé de l’Europe. (…)

Dans une langue imagée qui se savoure par les cinq sens, sa plume décrit à merveille les atmosphères singulières d’un Cameroun éclectique. Des bars ou s’entremêlent alcools et plaisirs interdits, aux hôtels décrépis en passant par les régions sinistrées de Boko Haram, Max Lobe fait l’éloge de la légèreté et de la liberté avec, en toile de fond, l’urgence des problématiques africaines."  Marine Rebut

RTS - la première

"C’est au Cameroun que nous emmène notre invité, sur la route du « boza ». Un road book délicieux, dangereux, émouvant …"

Max Lobe était l’invité de Lydia Gabor dans l’émission Entre nous soi dit. A réécouter ici

La liberté

"Max Lobe (…) signe un roman d’apprentissage à la fois sombre et allègre, où l’on retrouve sa langue nourrie d’oralité. Sa plume est un tissage de voix bruyantes saisies au vol dans la poussière de la rue, dans la touffeur alcoolisée d’invraisemblables bouges. Dans Confidences (2016), il adoptait ce ton gouailleur et sonore pour dire l’histoire de l’indépendance camerounaise. Ici, l’écrivain genevois explore le nord du pays, en proie au terrorisme et à la pauvreté, terre d’initiation aux vertiges du corps et de la peur. Et la quête de demeurer suspendue, comme si son objet était non l’autre mais le soi. Vivifiant." Thierry Raboud

Tribune de Genève

"[Max Lobe] raconte avec brio l’aventure de deux jeunes gens partis de Douala en autocar vers la frontière nord du Cameroun. (…) Le suspens s’installe et ne se relâche pas jusqu’à la dernière page.

Dans son roman, le jeune auteur rend ce périple joyeusement vivant : «J’ai voulu partir d’en bas, de relations de famille, deux frères, leur ami, leurs mères, pour effleurer, je dis bien effleurer, de grands problèmes politiques. La corruption, l’émigration, le terrorisme, j’en fais comprendre l’existence par le biais du voyage et du football. J’évoque le poids de la menace de Boko Haram au milieu d’un paysage à couper le souffle, dans lequel rien, excepté les contrôles militaires, ne trahit la folie des hommes. »"

Lire l’article de Benjamin Chaix en entier ici

Jeune Afrique

"Comme une caméra, la plume de Max Lobe restitue les scènes de la vie quotidienne dans les moindres détails. Les klaxons, les rires des vendeuses, les accidents de la circulation, la gouaille irrésistible des tenancières de bar et des filles de joie dans le quartier chaud de Mini Ferme Melen, haut lieu de la prostitution à Yaoundé. (…) Selon Lobe, Loin de Douala représente le roman de la maturité. Celle d'un auteur qui se saisit d'une myriade de thématiques avec calme et légèreté, revient aux fondamentaux, c'est-à-dire aux sujets simples (…). Ceux qui étudient ses textes assurent qu'il y a bien un Univers Max Lobe. (…)" Clarisse Juompan- Yakam

L'Express

"Dans une langue chantante, pleine d'espièglerie et de candeur, Max Lobe raconte le périple initiatique de [ses personnages]. Il y a la torpeur des rues, les bars puants, les hôtels décrépits. Il y a l'ambiance chaleureuse des "tournes-dos", ces restaurants en bordure de rue où les clients mangent dos à route. Et l'irrésistible répartie gouailleuse de filles de joies, dans le quartier chaud de Mini Ferme Melen, haut-lieu de la prostitution de Yaoundé. S'inspirant de ses souvenirs, l'auteur - né en 1986 à Douala puis émigré en Suisse - donne à voir et à sentir des atmosphères singulières. (…)

Drôle, plein de tendresse, l'œil de Max Lobe scrute les espoirs de la jeune génération. Nous promenant gaiement au cœur de la culture camerounaise, il fait entendre des voix méconnues. On en sort charmé, avec la folle envie d'aller là-bas. Tout près de Douala."  Estelle Lenartowicz

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Touki Montréal

"Cette œuvre succulente rend magnifiquement compte de la riche et complexe société camerounaise (...).

Grâce à cette brillante capacité qu’à Max Lobe de saupoudrer son ouvrage (…) de mots et d’expressions du vocabulaire camerounais, le lecteur aura comme souvent l’impression de vivre avec Jean… toutes ses innombrables péripéties."

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Le regard libre

"(…) Au fur et à mesure du voyage, la découverte de la terre se fait de plus en plus plaisante. (…) Une fois Loin de Douala posé sur la table, que déjà l’Afrique vous manque." Loris S. Musumeci

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Afrique Magazine

"Au fil de ce récit, Max Lobe propose un voyage initiatique et un parcours de son pays natal, du sud au nord à travers paysages, ambiances, religions et rencontres. (…) Ce quatrième roman n’est pas fortuit. L’idée vient à I ’auteur en 2015 lors d'un voyage de la capitale économique camerounaise à la frontière nigériane, ou I intensité de ce qu'il perçoit va prendre corps dans l'écriture. (…) Le long des routes le Cameroun devient un personnage à part entière. (…) [Max Lobe a] un style bien à lui. Direct et sensuel." Catherine Faye

Le Courrier

"On retrouve avec plaisir sa verve et son humour, le rythme d’une prose chamarrée qui emprunte sa musique et ses expressions à celles de la rue (…). Max Lobe sait créer un univers en quelques phrases, donner une voix singulière à ses personnages en recréant une langue savoureuse. (…)

[S’il] aborde des thématiques sérieuses – le terrorisme, la pauvreté, l’exil, l’homosexualité, la violence -, elles surgissent dans le flux du récit de manière vivante, imagée, portées par sa gouaille et son empathie lucide envers ses personnages. On se laisse ainsi entraîner dans des scènes réjouissantes, des funérailles du père à la bigoterie de la mère, d’une partie de foot à un voyage en bus, de bars animés à une fouille en règle… Et c’est tout un monde qui surgit, sensible et sensuel, tandis que Loin de Douala danse en équilibre sur le fil entre gravité et légèreté." APD

Tribune de Genève

"En peu de pages, Max Lobe fait partager au lecteur européen l’atmosphère des villes et des routes de son Cameroun natal. Son écriture foisonne d’images excellentes et d’un humour qui colore ses courts tableaux mieux que de longues descriptions. Lancés à la poursuite d’un fugueur tenté par l’émigration, son petit frère et un voisin plus âgé voient du pays. L’admiration de l’un pour l’autre, qui confine à l’attirance physique, ajoute une dimension très intense à ce voyage. Le rôle des mères, la fascination du football et l’emprise des boko-harameurs sur la vie des gens sont évoqués de la plus plaisante façon." Benjamin Chaix

TV5 Monde

Max Lobe était l'invité culturel sur TV5 Monde. A revoir ici 

ArcInfo

Loin de Douala est un roman "édifiant et gouailleur" dont la langue "originale et pétillante est émaillée d'expressions camerounaises"

Une interview de Max Lobe par Laurence de Coulon à lire ici

Le Matin Dimanche

"Chatoyante et expressive, la plume du Genevois excelle à décrire une Afrique contrastée. Et également à peindre, par petites touches subtiles, les chamboulements encore inconscients qui résonnent dans le cœur d’un jeune garçon. Max Lobe livre ici un roman d’initiation aussi enlevé que secret. Une vraie réussite." Anne-Sylvie Sprenger

Le Temps

"Il a le swing, Max Lobe. Il jongle avec le français du Cameroun, attrape un son, joue avec les constructions, malaxe les expressions pour faire sa cuisine d’écrivain, c’est-à-dire une langue.

(…)  Le Cameroun est un personnage à part entière, sa jeunesse surtout, ses talents gâchés, enfants des rues, étudiants brillants qui n’ont comme horizon que de «faire boza». Mais le leitmotiv de cet ensemble, de ce travelling le long des routes, est le rire. Il est d’abord contenu dans l’écriture elle-même qui enchaîne les scènes comiques. Mais Max Lobe fait aussi rire ses personnages d’un rire qui nettoie et qui sauve. Vraie ponctuation, ces rires font avancer le récit, ils en sont l’un des moteurs. Récit initiatique, Loin de Douala a le rire comme principe révélateur." Lisbeth Koutchoumoff

Lire l'article entier ici

RTS - Espace 2

"Un livre plein d’images, de couleurs et de sensations"

"Un voyage initiatique entre larmes et éclats de rire"

Max Lobe était l’invité d’Anik Schuin dans l’émission "Versus-lire". A réécouter ici

Aimer Lire (Payot Libraire)

"Puissant roman d’apprentissage aux accents camerounais." Christine Grivel

La Nouvelle Librairie sétoise

"Un magnifique roman d'apprentissage et de découverte de soi porté par des thématiques actuelles comme la présence de Boko-Haram au Nord du Cameroun. Avec sa gouaille, Max Lobe évoque la fuite d'une jeunesse africaine démunie vers le continent européen." Jean

Mollat

"Un voyage initiatique au cœur du Cameroun. Émouvant & drôlatique !"

Histoire de l'œil

un roman à la couleur du Cameroun d’aujourd’hui

"Les pages de Loin de Douala sont à la couleur du Cameroun d’aujourd’hui, les voix, les ambiances, les odeurs, tout y est parfaitement dessiné. Et ces pages se font l’écho également, au delà de l’histoire très attachante, d’enjeux contemporains très fort en n’éludant rien : pauvreté, politique et spectre des terribles actions de Boko Haram dans le nord du pays et des menaces que cela représente pour ceux qui se lancent dans l’aventure.
De ce fait, Loin de Douala est aussi bien un roman de la vie quotidienne qu’un roman d’initiation plus universel où la naïveté du narrateur adolescent donne à ce road book un sens comique inattendu. Dans leur rapport aux obstacles qu’ils affronteront, dans la découverte et l’affirmation d’une sexualité dite « différente » et dans le rire même des personnages qu’ils croiseront (tante possessive, gamins des rues, gros bras peu fréquentables etc). Quand l’humour permet de nettoyer du sordide et de la difficulté de vivre."

Le Grenier

"Max Lobe est un virtuose de l’atmosphère, un jongleur du verbe, un as du rythme, Loin de Douala est une petite pépite camerounaise qu’il fait -absolument- bon lire. Coup de cœur !" Fanny

Coup de cœur intégral ici

Arbre à lettres Bastille

""C'est comment*", vous n'avez pas encore lu le dernier Max Lobe ? "Ekié**!", plongez-vous vite dans ce Cameroun trépidant et irrésistible !" Laura

* Bonjour ! **Comment ?!

Espagnol

Éditeur: Empatia Editorial
Année: 2023

Anglais

Titre: Far From Douala

Éditeur: Hope Road
Année: 2019

Loin de Douala (2022, Zoé poche)

Loin de Douala

Jean et Simon sauront-ils retrouver Roger ? Ce dernier a fui une mère colérique pour courir après son rêve, devenir une star du football. Quitter Douala, passer par le Nigeria pour gagner l’Europe : dans le jargon, on appelle ça boza. Loin de Douala nous entraine au cœur des péripéties initiatiques des deux jeunes garçons vers le nord du Cameroun, région à la nature somptueuse, quoique sinistrée par le groupe Boko Haram. Entre gravité, urgence et légèreté, Max Lobe excelle à restituer les atmosphères qui règnent dans la rue, les trains, les commissariats de police ou les bars mal famés.

39 rue de Berne (2022, Zoé poche)

39 rue de Berne

Habitant la rue de Berne, Dipita jette un regard vif sur ce quartier bouillonnant de Genève. Il raconte les aventures de sa mère Mbila, brutalement projetée à l'âge de seize ans dans le monde de la prostitution; la vie de l'oncle Démoney, ex-fonctionnaire qui a tout misé sur l'envoi de sa soeur en Suisse; mais surtout, il partage sans détour son vécu, celui d'un jeune Noir homosexuel emprisonné dans un pénitencier de la ville.

La Promesse de sa Phall'Excellence

AcaDa-Writa est le raconteur d’histoires de la république de Crevetterie. Pilier de bar, il trompe l’attente du peuple crevettard avec sa panoplie de fables. Dans sa tête, le fou occupe beaucoup de place. Et se manifeste sans crier gare, s’emparant de la bouchanus de son hôte pour réclamer l’avènement du Grand Jour que tout le monde attend, celui où Sa Phall’Excellence et Sa Clith’Altesse apparaîtront devant le peuple pour lui accorder sa part de richesse. Mais seuls les percepteurs de l’impôt royal toquent aux portes des habitants pour leur soutirer leur bien le plus intime et précieux.

Dans une langue pleine de fulgurances, Max Lobe façonne l’univers tyrannique et carnavalesque de La Promesse de sa Phall’Excellence.

Confidences (poche) (2021, Zoé poche)

Confidences (poche)

De retour au pays, Max Lobe est parti dans la forêt bassa rencontrer la vieille Mâ Maliga pour qu’elle lui raconte ce qu’elle sait du mouvement de l’indépendance au Cameroun et de son leader Ruben Um Nyobè. Confidences est le récit de cette femme volubile et espiègle, qui a vécu dans sa chair la résistance contre la puissance coloniale. En racontant, elle n’oublie pas de boire, et de faire boire son interlocuteur. C’est donc avec un mélange de légère ivresse et de profonde gravité que le lecteur découvre l’histoire de l’indépendance du Cameroun et de sa guerre cachée.

Préface d'Alain Mabanckou

39 rue de Berne (poche) (2017, Zoé poche)

39 rue de Berne (poche)

Habitant avec sa mère Mbila la rue de Berne, Dipita jette un regard vif et joyeux sur ce quartier chaud de Genève. C’est là qu’à 16 ans, Mbila, arrivée du Cameroun, a été brutalement projetée dans la prostitution. Depuis, elle se débrouille et raconte sa vie à Dipita, qui aime l’écouter ; il aime aussi son oncle resté au pays, même si c’est lui qui a jeté sa mère dans les filets des « Philantropes-Bienfaiteurs ». Mais c’est l’univers exclusivement féminin des prostituées du quartier qu’il aime par-dessus tout, leurs commérages, leur générosité et leur tolérance.

Dans une langue très colorée et vivante, le narrateur décrit avec finesse aussi bien la réalité des Africains sans papiers que les paradoxes et les souffrances d’un tout jeune homme noir et homosexuel.

Découvrir le roman en vidéo ici

 

Confidences

Max Lobe est retourné chez lui. Il est allé dans la forêt camerounaise rencontrer Ma Maliga pour qu’elle lui raconte ce qu’elle sait du mouvement de l’indépendance au Cameroun et de son leader Ruben Um Nyobè. Le roman est le récit de Ma Maliga, femme vive et espiègle malgré son âge bien avancé, volubile, généreuse, digressive, dotée d’un bon sens stupéfiant. En racontant, elle n’oublie pas de boire, et de faire boire son interlocuteur. C’est donc avec un mélange de légère ivresse, en tout cas une grande allégresse, et de profonde gravité, que le lecteur découvre l’histoire de l’indépendance du Cameroun et sa guerre cachée. 

 
 
La Trinité bantoue

Mwána vit dans un pays au cœur de l’Europe, avec ses cousins blancs qu’il connaît bien. Certains parmi eux sont décidés à chasser les moutons noirs de leur territoire. La traque est lancée, les esprits s’échauffent. C’est dans ce contexte que Mwána cherche un emploi. Et rien n’est gagné.

Le jour où il décide de dépenser ses derniers centimes pour entendre la voix de sa mère restée là-bas, au Bantouland, sa vie se fige dans une parenthèse douloureuse. Mwána ne la reconnaît plus. Ah Nzambé ! Il traverse des moments cailloux dont il sait malgré tout savourer le sel. Grâce à son esprit vif et profondément joyeux, grâce à Ruedi le rouquin, à Madame Bauer la passionaria, ou encore grâce à Kosambela, sa sœur très catholique.

 

Avec La Trinité bantoue, Max Lobe précise et approfondit cette écriture inventive, chatoyante et visuelle initiée dans 39, rue de Berne qui l’a révélé comme un auteur prometteur.

39 rue de Berne

A 16 ans, la mère de Dipita atterrit du Cameroun en Europe, où elle est brutalement plongée dans le monde de la prostitution. Depuis, elle se débrouille. Sa naïveté, sa générosité et sa beauté lui permettent de survivre, malgré un «camion de haine dans son ventre ».

Elle raconte sa vie à Dipita, qui aime autant l’écouter que lui couper la parole pour continuer l’histoire lui-même. Dipita aime aussi son oncle et sa manière de vitupérer à longueur de journée les huiles de son pays, même si c’est lui qui a jeté sa mère dans les filets des « Philantropes-Bienfaiteurs ». Dipita aime encore celles qu’il appelle « ses mères » ; elles participent à son éducation, aux commérages et aux réunions de l’AFP (association des filles des Pâquis) et elles accepteront de manière déconcertante que leur petit Dipita devienne comme ça.

Dans une langue haute en couleurs et inventive, le narrateur décrit avec finesse aussi bien la réalité des Africains sans papier que les paradoxes et les souffrances d’un tout jeune homme noir et homosexuel.

Ouvrage disponible en poche : http://editionszoe.ch/livre/39-rue-de-berne-1

 

 

Loin de Douala: extrait

1

C’est un soir de février 2014 et la grande saison sèche est bien installée. Même les mouches, essoufflées, n'ont plus la force de vrombir. Elles voltigent quelques secondes puis s’arrêtent.

Il est bientôt minuit à Bonamoussadi, quartier résidentiel au nord de la ville de Douala. Vers la boulangerie Bijou, à quelques blocs de notre maison, des bars ferment dans un bruit métallique de chaînes et de cadenas. Des soûlards béguètent. Ils exigent une dernière bière : « Sinon on cas-casse tout ici-là ! » Les tenancières à la voix fluette rigolent et les envoient paître : « Allez, dégagez ! Bande d’ivrognes ! » L’écho de leurs rires retentit comme une stridente sirène de police. À une centaine de mètres, rue centrale, le très fréquenté bar Empereur Bokassa répand les hits cadencés de la saison. On entend, au loin, un concert de coassements et le miaulement des chats errants.

De mon côté, vissé à mon bureau, je prépare mes premiers examens universitaires. Les murs de la chambre sont couverts d’affiches de champions de football : les idoles de mon frère Roger. Je ne reconnais que la photo de notre équipe nationale et celle du célèbre Roger Milla. Quelques trophées en aluminium, des médailles de pacotille et de nombreux maillots que mon frère ne prend pas la peine de ranger. Ses godasses empestent.

Notre lit à étage est face au bureau. Ce lit devient de plus en plus étroit pour nos corps qui grandissent. Roger dort sous le plafond. Ses entraînements clandestins l’ont épuisé. De temps en temps, distrait de mes devoirs, je pose un œil tendre sur son visage anguleux. Il ressemble beaucoup à papa. Ils ont le même front haut, les joues creuses et le menton fin. Il ronfle, je vois ses rêves de star du ballon rond choir dans la bave qui coule de sa bouche entrouverte. Je ressens de la compassion pour lui et regrette que papa et maman le forcent à continuer sur une voie qui n’est pas la sienne. Il est né pour le foot, lui. Le regard scintillant et sur un ton enjoué, il me dit souvent : « Tu verras, mon petit ! Je serai une grande star ! Mes transferts coûteront des millions. On m’appellera pour les publicités de chaussures. Adidas, frérot ! Adidas ! Je finirai par faire la une de Paris Match. Tu verras, mon petit ! Tu verras ! »

Soudain, la voix hystérique de maman dans la chambre d'à côté: « Claude ! Non Claude, tu ne peux pas me faire ça ! Non ! Lève-toi maintenant ! Lève-toi et marche au nom puissant de Jésus ! »

Roger devant moi ouvre brusquement les yeux : « Tu as entendu ça ? »

Comme un seul homme, nous nous précipitons. Là, nous voyons papa étendu. Il respire très faiblement. Difficile même de savoir s'il sent encore ses membres. Il bouge à peine. Une partie de son visage est paralysée. Son œil gauche est beaucoup plus petit, fermé, et l’autre, globuleux. Sa bouche tordue ne s’ouvre plus qu'à droite.

Papa est méconnaissable.

Tout en murmurant une chaîne de prières, maman est en train de le masser avec de l’huile d’olive Puget. Eh Dieu ! Pourquoi ne pas le conduire tout simplement à l’hôpital ? Non, non. Maman crois en l’omnipuissance de Yésu Cristo ! En dépit de l’aversion de papa pour cette onction qu’elle fait chèrement bénir par le pasteur Njoh Solo de l’église du Vrai évangile, voici qu'elle lui en verse de longues et de longues coulées sur les joues, les épaules, partout. Sur tout le corps. Elle essaye même de lui en faire boire. En vain. Tout ce qui entre dans sa bouche ressort presque immédiatement. Maman s'agite. Son Dieu l’aurait-il abandonnée ? Impossible ! Ce n’est pas dans Ses habitudes. Peut-être que le vieux n’arrive pas à avaler, se dit-elle, juste parce qu’il s’agit d’huile d’olive. Alors elle court remplir un verre d’eau. Cette eau que papa rapporte en quantité de la Société nationale des brasseries du Cameroun, la SNBC où il travaille. Maman en fait bénir quelques litres par le pasteur. Persuadée que des sorcières en veulent à son mariage, elle dit que c’est pour chasser les esprits maléfiques. Or, papa ne boit pas de cette eau non plus.

Aussi, Roger va chercher de la bière, s’approche de papa, relève légèrement son buste. L’œil globuleux de notre père pétille à la première goutte. On dirait qu’il sourit. Il ressemble à un enfant auquel sa mère apporte un sirop anti-toux au goût de mandarine ou de mangue. Cependant là encore, comme l’huile d’olive, comme l’eau, rien ; ça ne marche pas. À peine entrée dans sa bouche, la mousseuse ressort. Reste plus que la Bible, dit maman : « Dieu tout-puissant, Toi qui donnes la vie, délivre mon mari de la mort au nom de Jésus ! » Mais plus elle invoque Yésu Cristo, plus papa se défigure.

Elle panique et se met à crier : «  Eh Bon Dieu ! Qu’est-ce que j’ai fait de mal pour mériter ça ? Pourquoi frappes-tu ta pauvre servante comme ça ? » Roger s'agenouille près de papa pendant que je calme notre mère. Cet instant ouvre un océan entre mon frère et moi.

Roger sort précipitamment en claquant la porte. Maman hurle : « Tu vas où comme ça, toi? »

 

Ce qui me semble une éternité plus tard, il réapparaît avec notre frère-ami Simon Moudjonguè. En me voyant toujours assis aux côtés de maman, Roger serre la mâchoire et fait signe à Simon d’approcher. Ce dernier me salue en hochant la tête. Sa salutation discrète est une interrogation : « Qu’est-ce qui se passe encore ici ? » Roger saisit papa par l’épaule droite. Simon l’aide. Il a les yeux vifs de courage. Seules ses mains tremblent. Tous deux transportent papa dehors, vers le taxi qui attend.

Nous sommes tous en suspens. Est-ce que papa vit encore ?

Maman continue de crier : « Où est-ce que tu emmènes mon mari, eh, Roger ? » Elle ajoute aussitôt : « Ah, Simon ! Simon, réponds-moi ! »

Quelques silhouettes se pressent sous la faible lumière du lampadaire. Ce sont des voisines. Aussi curieuses qu’inquiètes. D’un pas bancal, deux soûlards se joignent à elles. Ils beuglent : « Hey vous là-bas ! Vous… vous n’avez pas une petite Cas-Castel bien fraîche par ici ? »

La poitrine de Roger se soulève, s’affaisse, se soulève dans un rythme effréné. Il transpire, s’essuie le front. Une fois monté dans le taxi, il pose la tête de papa sur ses cuisses. Devant, Simon me lance : « À l’Hôpital Général ! » Le véhicule, en s'éloignant, laisse derrière lui un grand nuage de poussière. Maman s’effondre. Les voisines viennent m’aider à la soutenir. Un des ivrognes toussote puis fredonne : « Tu bois, tu meurs ! Tu ne bois pas, tu mourras ! » Sa voix éraillée se mêle aux coassements et miaulements.

 

C’est comme ça que papa est mort.