parution mai 2022
ISBN 978-2-88907-016-9
nb de pages 144
format du livre 125x177

où trouver ce livre?

Acheter en version eBook :
en Suisse / en France

Daniel Vuataz,

Aude Seigne,

Bruno Pellegrino

Terre-des-Fins

résumé

Terre-des-Fins est une ville minière sur le déclin, un terminus du monde uniquement accessible par le rail. Liv, une jeune femme graffeuse, délinquante à ses heures, y voit débarquer Sora, une ambitieuse fille de la capitale, qui vient chercher en urgence l'œuvre d’un artiste. Liv se retrouve à servir de guide à la jeune citadine, dont le souhait le plus cher est de rencontrer cet artiste qu’elle vénère tant. Un récit d’émancipation sauvage et intime sous des allures de roman de gare.

Daniel Vuataz, Aude Seigne et Bruno Pellegrino écrivent à six mains depuis la série littéraire Stand-by. Ensemble, ils ont créé une écriture qui conjugue vitesse, observation et amour de la narration.

Daniel Vuataz

Travaillant la plupart du temps en collectif, Daniel Vuataz (1986) est l’auteur de Terre-des-Fins (roman de gare) et de Stand-by (série littéraire) avec Aude Seigne et Bruno Pellegrino, de Vivre près des tilleuls (avec l’AJAR, Flammarion et J’ai lu) et de Big Crunch (comédie musicale avec Renaud Delay). Il a aussi écrit un livre sur le renouveau de la presse littéraire romande des années 1960 (Franck Jotterand et la Gazette littéraire, L’Hèbe) et été secrétaire de rédaction de l’Histoire de la littérature en Suisse romande (Zoé). Il participe à la programmation des Lectures Canap et du Cabaret Littéraire à Lausanne. En 2022 avec Fanny Wobmann, Aude Seigne et Bruno Pellegrino, il fonde le studio d’écriture collective la ZAC (Zone à créer, à conquérir, à chérir – à choix).

Aude Seigne

À 15 ans, un camp itinérant en Grèce révèle à Aude Seigne ce qui sera sa passion et son objet d’écriture privilégié pendant les dix années qui suivront : le voyage. En parallèle de ses études gymnasiales, elle commence donc à voyager pendant l’été : Grèce, Australie, Canada, La Réunion. Le lycée terminé, elle découvre le temps d’une année sabbatique l’Europe du Nord, de l’Est, et le Burkina Faso. Elle effectue ensuite un bachelor puis un master en lettres – littérature françaises et civilisations mésopotamiennes – pendant lesquels elle continue d’écrire et de voyager autant que possible : Italie, Inde, Turquie, Syrie. Tous ces voyages, ainsi que la rêverie sur le quotidien, font l’objet de carnets de notes, de poèmes et de brefs récits.

C’est à la suite d’un séjour en Syrie qu’Aude Seigne décide de les raconter sous la forme de chroniques poétiques. Parues en 2011 aux éditions Paulette, ces Chroniques de l’Occident nomade seront récompensées par le Prix Nicolas Bouvier au festival Étonnants Voyageurs de Saint-Malo, et sélectionnées pour le Roman des Romands 2011. La même année, le livre est réédité aux éditions Zoé.

En 2015 paraît Les Neiges de Damas, suivi en 2017, d'Une toile large comme le monde. Parallèlement, Aude Seigne travaille, avec Bruno Pellegrino et Daniel Vuataz, à la série littéraire Stand-by, dont les deux saisons sont publiées respectivement en 2018 et 2019.

Bruno Pellegrino

Né en 1988, Bruno Pellegrino vit à Lausanne. Lauréat du Prix du jeune écrivain pour sa nouvelle «L'idiot du village» (Buchet/Chastel, 2011), il a publié quatre livres aux Éditions Zoé: Comme Atlas (2015), Là-bas, août est un mois d'automne (2018, qui remporte notamment le prix des Libraires Payot et le prix Écritures & Spiritualités), Dans la ville provisoire (2021, prix Michel-Dentan et prix Paysages écrits) et Tortues (2023). Bruno Pellegrino a été actif pendant dix ans au sein du collectif AJAR, auteur de Vivre près des tilleuls (Flammarion, 2016). Toujours chez Zoé, il co-écrit avec Aude Seigne et Daniel Vuataz les deux saisons de la série littéraire Stand-by (2018 et 2019) ainsi qu’un «roman de gare», Terre-des-Fins (2022).

Marie Claire édition suisse

"Rien qui ressemble moins à un roman de gare, et pourtant comment dire autrement ? Dans celle de Terre-des-Fins, on charge régulièrement les œuvres d’un sculpteur de pierre, dont la vente dans la capitale est désormais le seul revenu de cette cité minière ruinée. Mais cet étrange négoce va dérailler le jour où... Co-écrit par trois jeunes auteurs, le récit d’une ado paumée, malmenée par son frère dont elle partage la vie minable, entraîne ce roman à la fois frêle et puissant. L’allégresse y surpasse le sordide, la jeunesse et l’envie d’avenir le traversent d’un courant coloré : intrigant et attachant, une pépite!"

24 heures

"Aude Seigne, Daniel Vuataz et Bruno Pellegrino se sont parfaitement conformés à l’exigence d’une narration rapide et prenante typique de ces romans à lire en gare ou dans le wagon, tout en détournant les clichés liés au genre. Ici, pas d’enquête, de détective bourru, d’affaire d’espionnage ou de femme lascive, mais un univers crépusculaire, avec une richesse thématique qui lance sur de multiples rails." Caroline Rieder

Magazine Horizon

"(…) C’est ce côté « facile » [du roman de gare] que nous avons pris plaisir à déjouer, à savoir la dimension très souvent sexiste – des héros virils, des femmes-objets, un ordre du monde impeccablement patriarcal. Avec Terre-des-Fins, nous essayons de détourner ces codes pour proposer une autre vision, tout en conservant certains ingrédients (la vitesse de lecture, une intrigue à rebondissements, et même une happy end !)."

Interview des trois auteur.es de Terre-des-Fins, à lire dans le Magazine Horizon (Montréal), n°118.

Le Courrier

"Du roman de gare, Terre-des-Fins garde la dramaturgie efficace - à dévorer lors d'un voyage en train -, la vitesse et la brièveté, les personnages forts, les rebondissements. Il y ajoute son univers étrange et troublant, une écriture évocatrice, miroir d'un monde exsangue et sans espoir, ses thèmes forts - ce qu’est peut-être l’art, un féminisme subtil, l’amitié... (…) Le récit est porté par la voix de Liv, directe, brutale, incorrecte (…).

La ville est un personnage à part entière - ses rues, ses hangars ferroviaires, sa décrépitude, le minerai qui a fait sa richesse mais s’est avéré mortel. Restent les statues de Mitch Cadum, secret mais toujours actif, métaphores monumentales sculptées dans la matière toxique. (…)

A lire, même sans prendre le train !" Anne Pitteloud

La vie du Rail

"Belle surprise avec ce roman concis écrit par un trio d’auteurs suisses – Daniel Vuataz, Aude Seigne et Bruno Pellegrino (…). Avec Terre-des-Fins, ils offrent aux lecteurs une histoire d’émancipation étonnante et rythmée comme un train lancé à pleine vitesse. Ils dépeignent un monde de pollution, d’injustice et de pauvreté, d’où émerge pourtant une irrésistible envie de vivre." Samuel Delziani

La Liberté

"Membre de la ZAC, un studio d’écriture collective dont il faudra suivre les activités, ce trio affûté ne serait pas en bonne voie si l’on se bornait à penser que tout roman de gare n'est que superficialité. En n’empruntant à ce format déprécié et stéréotypé que son décor ferroviaire et son efficacité narrative (à peine entachée ici de quelques dévoiements sentimentalistes), ils signent au contraire un roman d’une admirable puissance d’évocation." Thierry Raboud

RTS - Culture (QWERTZ)

"Aude Seigne, Daniel Vuataz et Bruno Pellegrino jouent à nouveau la pieuvre à plumes pour un roman un peu particulier que l'on peut lire d’une traite durant un trajet de train, et c’est justement le but. (…)

Entre paysages idylliques, destins tragiques et secrets inavouables, "Terre-des-Fins" prend parfois des allures de pièce de Dürenmatt."

Une interview d’Aude Seigne et Daniel Vuataz par Ellen Ichters à écouter ici

Le Temps

"Pour le trio d’auteurs, le défi consistait à jouer des stéréotypes [du roman de gare] en les déjouant. Pari réussi : Terre-des-Fins est une œuvre vive qui réussit à brasser avec légèreté une matière plus riche qu’il n’y paraît. (…) Au-delà de l’intrigue, la fable réussit aussi à esquisser des questions dérangeantes sur l’art, son marché, le statut de l’artiste, sur la condition ouvrière et sur l’environnement. C’est aussi un beau récit d’émancipation féminine." Isabelle Rüf

Sur la route Jostein

"Écrite à six mains, cette histoire est rythmée, drôle et touchante. J’ai beaucoup aimé l’univers de Liv. Une jeune fille bègue, nostalgique de ses parents morts à cause du minerai, un peu étouffée par la volonté et la violence de son frère mais toujours volontaire, dynamique et parfois un peu rêveuse.  Elle a ses coins où elle aime flâner, s’isoler pour graffer."

Une chronique à lire ici

Ma collection de livres

"Bruno Pellegrino, Aude Seigne et Daniel Vuataz ont uni leur force créative pour concevoir ce roman à six mains, l’histoire d’une commissaire d’exposition à la recherche de l’artiste dont elle prépare l’exposition et qui va être guidée par Liv, elle-même artiste, délinquante et farouchement décidée à s’émanciper. (…)

Le roman bascule dans le polar, mais aussi dans une quête des origines, un montage artistique, le combat d’une communauté pour ne pas disparaître et une histoire d’amour improbable. (…)

L’œuvre littéraire brille par son originalité et sa facture. Ici impossible de découvrir qui a écrit quoi, tant le passage des différentes versions entre les mains des auteurs ont permis de lisser le texte. Voilà trois auteurs à suivre, en solo ou en collectif !"

Une chronique de Henri-Charles Dahlem à lire ici

Le Canard enchaîné

"(…) Le traquenard est grandiose ; Liv, convaincue de n’être « douée en rien », fascinée par la cultureuse, se tait, réfugiée dans sa locomotive abandonnée couverte de graffitis. Les trois auteurs nous embarquent sans se mélanger les aiguillages : six mains expertes pour trouver des pépites dans le charbon." Frédéric Pagès

Les Beaux Jours librairie

"Terre-des-Fins est un faux "roman de gare" habilement tissé à six mains, situé dans une ville fantôme, où règne une ambiance de western pré-apocalyptique. C'est aussi une histoire d'émancipation: celle de Liv, héroïne piquante et sauvage. Un roman rythmé, rapide, étonnant, à l'atmosphère troublante, qui se lit d'une traite (le temps d'un trajet en train)."

L'instant

" "Terdef" comme le disent les personnages de ce court roman tendu et nerveux qui ne va jamais dans la direction où on l’attend, c’est le terminus du train dans une vallée perdue, où l’histoire se noue entre deux graffeurs un peu paumés et une amatrice d’art contemporain. Un roman écrit à six mains par Bruno Pellegrino, Aude Seigne et Daniel Vuataz et on se demande bien comment ils font !"

TULITU

"Un page-turner dans la veine de Stand-by." Ariane Herman

Allemand

Éditeur: Kommode Verlag
Année: 2024

Le Jour des silures

Dans un futur proche, la montée des eaux a eu lieu. Jeune présidente d’une ville pratiquement engloutie, Colombe croit à la décrue. Alors que la population se serre dans les derniers étages des immeubles et mène une vie nouvelle, communautaire, aquatique, Boris et Salömon, un duo de scaphandriers, plongent dans les rues à la recherche de vestiges et d’archives. Une mission qui n’est pas sans danger – surtout quand disparaissent les enfants et que rôdent les silures.

Tortues (2023)

Tortues

Enfant, le dimanche, Bruno Pellegrino se réveille tôt: il lui faut vider et reclasser son bureau. Dans le tiroir du bas: les objets à sauver le jour où la maison brûlera. Devenu adulte, il cherche toujours une issue entre la hantise de perdre et l'obsession de s'alléger, qu'il trie les archives d'une écrivaine décédée, se lance sur la piste d'une poétesse inconnue ou cherche à fixer un souvenir d'enfance. Des pages lumineuses sur notre besoin de conserver et le bonheur de lâcher du lest.

Les Neiges de Damas

En 2005, Alice passe l’hiver au Musée national de Damas pour répertorier des tablettes d’argile sumériennes. Entre le présent suspendu et les fragments millénaires, elle vit la fin de son adolescence et perd ses illusions sur l’état plane et serein que serait l’âge adulte. Cette expérience, elle la raconte six ans plus tard, quand la Syrie n’est plus que conflits. Mais plus qu’à la géopolitique, Alice s’intéresse à l’archéologie intime du monde. En cherchant une cohérence aux choses, elle apprend à être heureuse avec des questions plutôt que des réponses.

Postface de Véronique Rossignol

L'Amérique entre nous

Pendant trois mois, un couple parcourt les États-Unis en voiture. Ciels, villes, animaux, tout les émerveille. Ils en profitent pour vérifier les clichés européens sur l’Amérique. Elle interviewe les stars et tente de distinguer le vrai de la fiction ; lui photographie les geais bleus et les loups. Elle assiste à un mauvais match de baseball, ils traversent des incendies. La narratrice a pourtant un objectif plus important : elle aime deux hommes à la fois mais ne cesse de retarder le moment d’en parler à son compagnon.

Dans ce roman sur l’Amérique et l’amour libre, la narratrice procède à une enquête passionnée. Un va-et-vient vertigineux entre exaltation et blessures, doutes et ténacité, qu’accompagne une play-list accordée à la tonalité de chaque partie.

Là-bas, août est un mois d'automne

Elle se passionne pour la conquête spatiale, prépare des gâteaux légendaires, tient le ménage. Poète, lui s’efforce d’inventorier le monde et ce qui va disparaître. Madeleine et Gustave ont toujours vécu sous le même toit. À les voir, on pense à deux chouettes endormies qui se shooteraient au thé. Ou à d'étranges adeptes d’une existence lente et régulière, passée dans une maison où il y a plus de tiroirs que de jours dans l'année.

Grâce à une écriture contemporaine, attentive à la lumière et au presque rien, Bruno Pellegrino réussit à nous rapprocher de ses personnages au point de nous propulser dans leur monde : une véritable expérience sensorielle.

Dans la ville provisoire

Au creux de l’hiver, un jeune homme s’installe dans une ville cernée par l’eau pour faire l’inventaire de l’œuvre d’une traductrice célèbre. Un ticket de supermarché enluminé de notes devient un document de même valeur qu’un manuscrit. Un tas d’habits sur le lit un indice aussi important que les piles de livres et de carnets. Dans un décor que floute l’omniprésence de l’eau, le jeune homme cherche à percevoir la voix de la traductrice, à se représenter son corps, jusqu’à emprunter ses gestes et ses pensées. Le processus d’allègement est inexorable et l’expérience devient vertigineuse. Ce roman baigné d’une lumière douce et trouble envoûte le lecteur grâce à une tension permanente, un secret.

Stand-by - saison 2 (2019, Stand-by. Le feuilleton littéraire)

Stand-by - saison 2

Trois adolescents en cavale avec une journaliste quadragénaire lancée dans une quête mystique en Italie. Un médecin napolitain fraîchement diplômé, sur le point de mourir au Groenland, dans une base militaire abandonnée. Une jeune femme qui écume New York pour retrouver son ex-petite amie disparue. Chacun doit se frayer un chemin dans un monde profondément bouleversé par l’éruption d’un supervolcan qui, après avoir paralysé l’espace aérien européen, est en train de faire chuter la température sur toute la planète.

Une Italie post-apocalyptique, une Europe plongée dans l’écologie totalitaire, des États-Unis où le slogan « Make America White Again » est devenu la norme : voici la saison 2 du feuilleton littéraire Stand-by, à lire indépendamment ou à la suite de la première saison.

Langue précise et sensible, atmosphères et personnages au plus proche du monde d’aujourd’hui, Stand-by, écrit à six mains par Bruno Pellegrino, Aude Seigne et Daniel Vuataz, réconcilie littérature et séries télé.

Stand-by - l'intégrale de la saison 1 (2019, Stand-by. Le feuilleton littéraire)

Stand-by - l'intégrale de la saison 1

Suite à une éruption sans précédent à Naples, toute l’Europe se retrouve paralysée sous les cendres.

Sur le point de s’envoler de Paris pour New York, la journaliste Alix Franzen est contrainte de revoir ses plans. Nora, Vasko et Virgile, trois adolescents en vacances dans les Balkans, se retrouvent sans adultes et découvrent l’indépendance, grisante et inquiétante. Au Groenland, une équipe de jeunes Européens en mission climatique reste bloquée, loin de tout secours.

Au fil des premières heures qui suivent cette apocalypse volcanique, chacun va devoir s’en remettre à ses ressources personnelles pour affronter la réalité d’un monde nouveau.

Langue précise et sensible, atmosphères et personnages au plus proche du monde d’aujourd’hui : écrit à six mains par Bruno Pellegrino, Aude Seigne et Daniel Vuataz, le feuilleton Stand-by réconcilie littérature et séries télé. Voici la version intégrale de la première saison, récompensée en 2018 par le prix de la relève de la Fondation vaudoise pour la culture.

Stand-by 4/4 (2018, Stand-by. Le feuilleton littéraire)

Stand-by 4/4

Une semaine après l’éruption du supervolcan près de Naples, Alix a décidé de gagner l’épicentre du cataclysme : un périple dans une Italie apocalyptique.

Au Groenland, les Green Teens restés au camp de base sont tirés d’affaire, mais il faut retrouver les autres, disparus dans la tempête alors qu’ils étaient partis chercher de l’aide.

À Podgorica, Virgile, Nora et Vasko découvrent in extremis l’horrible secret d’Aden. En fuite après avoir laissé un corps inanimé, ils plongent dans l’excitation et la paranoïa, tandis que leur road trip balkanique se transforme en une course-poursuite infernale.

Le temps accélère, les actions se densifient : pas de happy end artificiel pour ce dernier épisode, mais un feu d’artifice qui clôt en beauté cette première saison de Stand-by.

Dessins de Frédéric Pajak

Comme Atlas (2018, Zoé poche)

Comme Atlas

Comme Atlas est un petit précis de jalousie. D'Antananarivo à Tokyo, de Moscou à Pékin, la lente rupture amoureuse y prend la forme d’un voyage empreint par l’intuition que quelque chose se termine. Il en ressort ainsi une géographie particulière, où la précision et le rythme de l’écriture font que tout sonne juste, terriblement juste.

« Une histoire d’amour mélancolique, deux voyages, une rupture. On pense avoir lu ça cent fois, et puis non, les qualités du livre transcendent ce que l’histoire pourrait véhiculer comme clichés. » Isabelle Rüf, Le Temps.

Comme Atlas a été publié en 2015 aux éditions Tind sous le titre de Atlas nègre.

Stand-by 3/4 (2018, Stand-by. Le feuilleton littéraire)

Stand-by 3/4

Au Groenland, la neige engloutit les repères, tandis que les cendres commencent de voiler le ciel français. Sur les paysages monténégrins, les pluies acides laissent des sillons noirs.

Le supervolcan « crache, depuis des jours, des milliers d’années de roches patiemment mitonnées », et les protagonistes de Stand-by sont confrontés à de nouvelles réalités : l’oncle Aden a du sang sur les mains ; la mort frappe les Green Teens ; Alix n’est plus seule sur la route.

Dessins de Frédéric Pajak

 

Stand-by 2/4 (2018, Stand-by. Le feuilleton littéraire)

Stand-by 2/4

Un Groenland progressivement hostile, un Monténégro sous les cendres, une campagne française inquiétante et déserte : le décor de Stand-by est planté, place à l’action !

Alix a quitté Paris et entame une longue marche à travers la France, bravant les risques que peut courir une jeune femme isolée en pleine campagne.

Nora, Vasko et Virgile décident de partir pour Podgorica, où Vasko est attendu pour l’ouverture du testament de son père. Ils seront accueillis par l’oncle Aden, l’étrange frère du défunt.

Quant aux Greens Teens, ils sont condamnés à espérer un avion qui ne vient pas. Mais c’est sans compter un nouvel accident tragique qui va transformer leur attente en enfer.

Dessins de Frédéric Pajak

 

Stand-by 1/4 (2018, Stand-by. Le feuilleton littéraire)

Stand-by 1/4

Lorsqu’un volcan dans la région de Naples entre en éruption, un prodigieux nuage de cendres paralyse progressivement l’Europe, clouant les avions au sol et brouillant les communications. Sur le point de s’envoler pour New York depuis Paris, Alix Franzen doit revoir ses plans. Au Monténégro, Nora, Vasko et Virgile, trois adolescents, se retrouvent sans adultes et découvrent l’indépendance, grisante et inquiétante. Au même moment, les Green Teens – une équipe de jeunes Européens qui accomplissent leur Service climatique obligatoire – reste bloquée au cœur du Groenland, loin de tout secours.

Voici le récit des premières vingt-quatre heures qui suivent l’éruption.

Dessins de Frédéric Pajak

 

Là-bas, août est un mois d'automne

Voici un éloge de la lenteur et de la liberté, un roman sur un frère et une sœur qui vivent depuis toujours sous le même toit et qui ont conclu ensemble un pacte tacite. Madeleine fume le cigare, se passionne pour la conquête spatiale, tient le ménage de la maison et, surtout, protège son frère. Gustave, lui, s’acharne à inventorier le monde et ce qui va disparaître, en marchant, photographiant, écrivant. C’est que la paysannerie se transforme, ses rituels et ses objets aussi, et, avec eux, la nature.

Bruno Pellegrino saisit avec talent ce couple frère-sœur et le cocon qu’ils ont tissé au creux de leur environnement, entre autarcie et symbiose. Le rythme qu’il insuffle à ses phrases nous projette dans un monde bruissant de couleurs et de sensations, l’univers rural des années 1960, si proche car revisité avec les mots du XXIe siècle .

Ce premier roman s'inspire librement de la vie du poète Gustave Roud et de sa sœur Madeleine.

 

Laudatio de Michel Audétat à l'occasion de la remise du prix Alice Rivaz (novembre 2018)

"Peut-être ne se sont-elles jamais rencontrées. Que savait Alice Rivaz de Madeleine, la sœur du poète Gustave Roud? Que pouvaient-elles avoir en commun, l’une dans son bureau du BIT rempli des rumeurs du monde et du crépitement des dactylos, l’autre dans sa campagne vaudoise où le temps de l’histoire ne faisait pas oublier le temps des saisons? Refusant d’occuper la place qui lui était assignée, Alice Rivaz s’est insurgée contre la condition imposée à son genre. Elle a rompu. Elle s’est séparée d’elle-même, de son destin de «bonne petite», bousculant ainsi l’ordre des choses selon lequel il était mal vu qu’une femme se mêlât d’écrire des livres.

Comme Madeleine semble loin d’elle… On la voit, sur la couverture du roman, qui se découpe dans le cadre d’une fenêtre, la tête un peu penchée, le regard brouillé par l’ombre du chapeau. Mystérieuse Madeleine. Que sait-on d’elle qui vécut toute sa vie sous le même toit que son frère? Si peu de chose. Elle a été «la discrète». Non pas celle qui s’affirme, comme Alice Rivaz, mais celle qui s’éclipse, qui s’efface. Présence indéfectible mais devenue transparente, Madeleine n’est généralement pour les lecteurs de Gustave Roud qu’un détail dans un coin du tableau.

Le roman de Bruno Pellegrino nous encourage à réduire l’écart entre ces deux femmes. Il nous présente une Madeleine dont la discrétion ne serait nullement le corollaire d’une servitude. On retient plutôt l’image d’une force qui va. Veiller sur son frère cadet n’est pas un devoir auquel elle consent, mais l’exercice d’une tendresse quotidienne et ferme. Quand, pour un rien ou un presque rien, Gustave s’inquiète, s’alarme ou se met à blêmir, Madeleine prend les choses en main en étant sans doute la seule personne au monde capable de lancer à ce poète de frère: «Quel cirque tu fais, des fois, mon vieux Gustave…»

«C’était le moment!», se dit-elle aussi en 1971, le jour où les hommes de ce pays ont fini par accorder le droit de vote aux femmes. Peut-être aurait-il suffi d’une minuscule inflexion, à l’âge de vingt ans, pour que la vie de Madeleine prenne une direction inattendue. Bruno Pellegrino s’autorise à l’imaginer: «Si, comme Marion, elle était partie en Angleterre à ce moment-là, elle en serait revenue changée, renforcée, suffragette peut-être.» Entre Alice et Madeleine, des liens semblent se tisser d’eux-mêmes. On peut se les représenter comme deux fugitives, la première échappée de sa cage, la seconde rescapée de l’oubli grâce ce magnifique roman qui lui redonne vie. Ce soir, le jury du Prix Alice Rivaz est ravi de pouvoir rapprocher ces deux femmes.

Sur la quatrième de couverture, on lit que «ce roman s’inspire librement de la vie du poète Gustave Roud». Je crois qu’il faut insister sur le mot «librement» en précisant une chose: l’auteur fait partie d’un groupe de chercheurs qui travaillent à l’édition des «Œuvres complètes» de Gustave Roud, sous la direction de Claire Jaquier et de Daniel Maggetti. Bruno Pellegrino connaît donc parfaitement l’édifice de ces écrits, jusque dans les sous-sols des textes inédits dont il a glissé quelques phrases dans son propre roman. Le jury du Prix Alice Rivaz avoue n’y avoir vu que du feu.

Une telle connaissance de Gustave Roud aurait pu intimider le romancier. Ou l’encombrer. Au pire lui donner des semelles de plomb. On s’aperçoit au contraire que l’érudition ne pèse nulle part dans le flux de cette prose limpide et souple, à la fois vive et portée par le lent mouvement des jours, des saisons et des années qui s’en vont. Le titre du roman suggère lui-même un double mouvement de fuite. Dans l’espace: «Là-bas». Et dans le temps: «Août est un mois d’automne».

Ainsi, à partir de Gustave Roud, Bruno Pellegrino a inventé le personnage si touchant de Gustave. Le second a conquis sa liberté par rapport au premier et on ne peut que s’en réjouir: je suis convaincu qu’il existe, à Madagascar, Moscou ou Tokyo, des lecteurs qui, sans rien connaître de Gustave Roud, se sentiraient comme chez eux en ouvrant ce livre où un homme de 65 ans se tient dans son jardin, penché sur des fleurs de septembre. Le roman débute là où finit le «Candide» de Voltaire, dans ce jardin qu’il faut cultiver.

Bruno Pellegrino n’a pas écrit ce qu’on appelle un «roman biographique» et il tient à ce que le lecteur s’en aperçoive. À plusieurs reprises, un «je» s’immisce dans le récit, passe la tête dans le petit monde de Gustave et de Madeleine. Il rappelle qu’il est seul maître à bord, libre d’imaginer ici que Madeleine ne ferme pas ses volets, là que Gustave utilise des post-it… «Et pourquoi pas?», demande ce narrateur qui n’est pas dépourvu d’humour : «Il a bien le droit, pour une fois, d’être un peu en avance sur son temps.» Qu’on se rassure toutefois, cet anachronisme est le seul: Gustave ne surfe pas sur le net.

Ce roman, il faut plutôt le lire comme l’histoire d’un frère, d’une sœur et de la maison qui les abrite, puis qui leur survivra. L’auteur va de Gustave à Madeleine, de Madeleine à Gustave, distribuant son attention de façon égale entre l’un et l’autre, imprimant ainsi au roman le rythme régulier et lent d’une pendule à long balancier. Dix années s’écoulent au fil des chapitres, de 1962 à 1972.

Les gestes qui font cette vie commune sont décrits avec minutie. Ce sont souvent des gestes ordinaires. Il nettoie le jardin, pelle la neige. Elle balaie, récure, prépare des gâteaux au résiné. Mais on sent bien, à chaque page, que ces gestes ne sont pas que des mouvements de surface. Ils racontent au contraire l’essentiel: la création d’un monde partagé où le frère et la sœur s’accordent. Pour définir ce roman, je songe au mot inventé par Charles Dantzig dans son formidable «Traité des gestes»: ce pourrait être un «gestuaire», comme il existe des bestiaires.

Parfois, les gestes de Madeleine et de Gustave sont identiques. Chaque matin, chacun dans sa chambre, ils font leur lit de la même manière, secouant le duvet, tapotant l’oreiller. Et quand ils prennent le thé, ils accomplissent les mêmes gestes «vastes et tranquilles» qui viennent de loin: ceux, je cite, «des parents et des tantes, perpétués dans le calme de la chambre basse». Plus souvent, leurs gestes se répondent ou se démarquent. Il se penche sur ses notes et ses carnets; elle lève les yeux vers le ciel où croisent désormais les vaisseaux de l’épopée spatiale qui la fascine. On dirait un ballet: le roman est composé avec un art de chorégraphe.

Il y a aussi les gestes rares ou empêchés de la tendresse: quand elle marche près de son frère, Madeleine n’ose pas prendre son bras; cela ne se fait pas dans leur famille. Ou encore des gestes oubliés, perdus, disparus des campagnes, comme ceux des faucheurs dont les fléaux au chômage se folklorisent en décorant les fermes rénovées.

Et puis il y a la marche, ce mouvement du corps lancé sur les chemins, parfois jusqu’aux limites de l’épuisement. Gustave est un poète errant qui arpente son petit royaume de champs, de forêts, de ruisseaux, de lumières toujours changeantes. Je cite Bruno Pellegrino: «Il refait en boucle les mêmes découvertes, revient sans se lasser aux mêmes vieux paysages dont il documente patiemment la métamorphose.» Dans ces marches-là, comme dans le titre du roman, le mouvement dans le temps se superpose au mouvement dans l’espace. Gustave est ici un homme qui passe; le frère de Madeleine est ce passant magnifique qui nous inspire, à nous aussi, un sentiment fraternel. Car la langue nous trompe en nous faisant dire que le temps passe; c’est bien sûr nous qui passons.

Comme Gustave Roud, Bruno Pellegrino est sensible à ce qui se défait, se délite, s’effrite, va à son terme. Son précédent et premier livre, récemment réédité sous le titre «Comme Atlas», se présente comme la cartographie d’une rupture amoureuse à partir de deux voyages. Le premier à Madagascar où le narrateur part seul. Le second en train et en couple vers Moscou, Pékin, Tokyo. Miné par la jalousie du narrateur, leur amour se défait sur fond de paysages décrépits et sous le régime de l’interconnexion numérique: Facebook n’est pas pour rien dans ce naufrage amoureux.

«Comme Atlas» baigne en effet dans cette forme particulière de présence au monde à laquelle les nouvelles technologies nous ont acclimatés. On part, mais en gardant un pied dans le monde que l’on quitte. On se lance à travers les continents, mais l’instantanéité du numérique abolit les distances. Est-il d’ailleurs encore bien nécessaire d’aller vers le monde puisque l’écran permet au monde de venir à nous? Dans ce premier livre se profile une question à laquelle le second fait écho: comment habiter le monde?

En passant d’un livre à l’autre, Bruno Pellegrino a imité le Candide de Voltaire: il a quitté l’horizon mondialisé pour le modeste jardin où poussent le lys, la verveine, le pavot et les massifs de zinnias. Plus loin dans le roman, il est aussi question d’héliotropes, d’épilobes, de sainfoin, d’esparcettes, d’ancolies… C’est une fête végétale devant laquelle le narrateur lui-même reste songeur. Avant de conclure, j’aimerais citer ce très beau passage où il se confie:

«Quand je lève les yeux, je vois simplement des arbres, là où Gustave et Madeleine voyaient des tilleuls, des aulnes, des acacias, des érables. J’écris sur des gens qui étaient capables de nommer les choses, les fleurs et les bêtes, alors que j’ai besoin d’une application sur mon téléphone qui identifie les oiseaux par leur chant, les plantes par la forme de leurs feuilles, et je dois vérifier sur des sites de jardinage la période de semaison du blé et de floraison des cyclamens. C’est peut-être ce qui me fascine chez ces deux-là, leur manière lente et savante d’éprouver l’épaisseur des jours.»

Bruno Pellegrino s’est donc écarté du monde qui va à la vitesse de la lumière pour visiter cet autre monde de gestes lents et de longs crépuscules. Cela m’a rappelé un livre de Paul Virilio que j’avais lu jadis plutôt que naguère: «Vitesse et politique». En 1977, ce penseur aux accents prophétiques publiait ces mots qui semblent aujourd’hui plus pertinents encore qu’à l’époque où ils ont été écrits: «La vitesse c’est la vieillesse du monde. Emportés par sa violence nous n’allons nulle part, nous nous contentons de partir et nous départir du vif au profit du vide de la rapidité.» Le roman de Bruno Pellegrino porte, en creux, cette inquiétude sur la forme de présence au monde dont la vitesse nous prive. À sa manière très personnelle et avec des préoccupations d’aujourd’hui, il a écrit sa propre «Campagne perdue».

J’aimerais terminer en citant la première phrase du roman qui pourrait avoir une tonalité presque ironique: «Le temps des digitales est fini.» En l’occurrence, le mot «digitale» ne renvoie pas au numérique mais au végétal: il désigne ici une plante aux fleurs douces et toxiques que Gustave, enfant, enfilait peut-être sur ses doigts comme un gant. D’où la très belle image qui illumine ce début de livre: «Je le vois, enfant, les doigts vêtus de fleurs», écrit Bruno Pellegrino. Et c’est pour nous l’occasion d’ajouter que le Prix Alice Rivaz lui va également comme un gant."

Une toile large comme le monde

Sous nos trottoirs et nos océans, des millions de mails transitent chaque seconde à travers des câbles qui irriguent le monde. Surfant sur ce flux continu, Pénélope, June, Birgit et Lu Pan mènent leur existence de « millénials » aux quatre coins de la planète. Fascination ou familiarité, dépendance ou dégoût, leur rapport au web oscille, dans leur travail comme dans leur vie amoureuse. En découvrant l’univers de boîtes et de fils qui les relient bien plus concrètement qu’ils n’imaginent, ils élaborent un plan vertigineux pour atteindre leur but commun : mener une existence hors de la Toile.

Ce roman est un génial selfie du monde contemporain, dans lequel virtuel et réel sont toujours plus intriqués.

Vous avez lu le roman et souhaitez en savoir plus sur l'empreinte écologique du Web, l'installation des câbles sous-marins ou le fonctionnement d'un data-center ? Rendez-vous sur https://wordswideweb.tumblr.com, le blog d'Une toile large comme le monde !

Carnets ferroviaires. Nouvelles transeuropéennes

Que ce soit de Lausanne à Paris, de Vienne à Genève ou de Glasgow à Londres, chacun des treize auteurs de ce recueil situe son histoire à bord d’un train qui parcourt l’Europe. À l’occasion d’un long trajet en chemin de fer, l’une se souvient de son voyage dix ans plus tôt, elle traque la différence entre son être d’hier et d’aujourd’hui. Un autre se remémore la géniale arnaque dont il a été l’auteur, un troisième retrace l’incroyable hold-up ferroviaire du South West Gang dans l’Angleterre de 1963.

Ces nouvelles donnent une vue d’ensemble inédite sur la manière de concevoir l’Europe comme espace physique et symbolique. Les auteurs étant de générations très diverses, le lecteur appréciera les différentes manières d’appréhender notre monde proche et de s’y situer.

Nouvelles de Aude Seigne, Blaise Hofmann, Anne-Sophie Subilia, Gemma Salem, Bruno Pellegrino, Arthur Brügger, Daniel Vuataz, Marie Gaulis, Fanny Wobmann, Catherine Lovey, Julie Guinand, Guy Poitry, Yves Rosset.

Préface de Daniel Maggetti, postface de François Cherix

Les Neiges de Damas

Disponible en poche

Voici un livre sur Damas qui ne parle pas de Damas. C’est un hivernage intime, un trajet de taupe, un enfouissement. Une saison d’hiver passée en 2008 dans le sous terrain du musée national de Damas à dépoussiérer, photographier et répertorier des tablettes sumériennes. Alice raconte cette aventure six ans plus tard quand la Syrie n’est plus celle qu’elle a connue. Alice est une jeune femme qui, quittant l’adolescence, perd l’illusion que l’âge adulte est un état plane et heureux, qui serait le résultat du chemin tortueux de l’adolescence.

Aude Seigne a de l’appétit, et sa faim est plus grande que le doute, pourtant constant chez elle. Sa curiosité est immense, réjouissante et captivante. Sa finesse d’analyse douce et précise. Son ouverture sur le monde lumineuse. Sur Les Neiges de Damas, elle dit : « C’est un nouveau type de voyage. C’est un livre contre l’obligation de conclure. » C’est un livre de la génération de ceux qui regardent le monde depuis l’après mur de Berlin. Une écriture non pas militante mais engagée d’une grande voyageuse au repos, qui cherche à apprendre à être heureuse avec des questions plutôt que des réponses.

Chroniques de l'occident nomade (poche)

Bourlingueuse du xxie siècle, Aude Seigne écrit avec acuité et souplesse. Ses chroniques sautent allègrement d’un continent à l’autre, mettent en correspondance des pays et des bouts de souvenirs, des images, des gens, comme autant d’éclats de cet « état nomade » cher à Nicolas Bouvier.

« Je lis L’Idiot à Ouagadougou et l’idiot ne me rend pas heureuse mais me sort du temps où je vis. Dans le silence vertical de la rue ouagalaise aux heures brûlantes, je vois s’élever une datcha, des calèches, des duvets de neige. »

 

Chroniques de l'Occident nomade

Lectrice du monde et d'elle-même, Aude Seigne, bourlingueuse du 21e siècle, écrit avec une acuité et une souplesse inédites sur le voyage et ses amours lointaines.

Le voyage ? Un exercice de légèreté. Un ravissement aussi : parce que parfois la beauté est terrassante, complète, trop forte, une illumination, une sorte d’orgasme métaphysique tremblant. « Quelque chose craque en moi, une paroi se rompt sans crier gare, la possibilité de l’abîme se dévoile en même temps que celle du bonheur absolu. »

L’amour ? Les premières fois, un flirt qui peut « la laver de tout », ou encore le grand amour.

Chroniques de l’Occident nomade a tout d’un roman d’apprentissage. Aude Seigne tatônne autour du globe comme dans sa narration, elle le sait et le revendique. Le voyage certes, mais pour être plus présente au monde.

Ouvrage disponible en poche : http://editionszoe.ch/livre/chroniques-de-l-occident-nomade-1

Écouter un extrait du roman lu par Loubna Raigneau


Terre-des-Fins: extrait

Des à-coups puissants nous déséquilibrent, ça grince des rails jusqu’au toit, les pommes de terre roulent partout, mon épaule tape la paroi, la dame s’accroche à son siège. C’est le dernier aiguillage. Terre-des-Fins, gare terminus, troufignon du monde, tout le monde descend – c’est ce que chantonnait papa quand on allait voir le convoi du dimanche, j’étais fière d’être sur ses épaules et j'adorais ce mot, surtout comme il le disait, troufignon.

Quand les crissements cessent, j’ouvre la porte et je saute sur le quai. Là j’hésite à me mettre à courir, juste pour faire peur à Anatoli, juste pour que ça change des autres fois. On sait tous les deux que c’est peine perdue. Anatoli a appelé Isobel, et à la limite elle je pourrais la semer, mais Bermann sera là aussi, comme d’habitude. Avec ses jambes interminables il est taillé pour des courses-poursuites contre de vraies criminelles de métropoles, moi avec mon endurance pourrie j’ai zéro chance.

La dame descend en dernier, elle pose le bout de sa chaussure sur le marchepied comme si elle testait un lac gelé. Elle a une valise en cuir à la main et porte des lunettes de soleil, je l’ai pas vue les enfiler, avec ses boucles d’oreille ça fait vraiment look nickel de grande dame de la capitale. Enfin, je dis ça mais j’y suis jamais allée. Elle regarde autour d’elle comme si elle s’attendait à ce que quelqu’un soit là avec une pancarte à son nom. Ça me fait souvent bizarre les dimensions de cette gare avec si peu de gens dedans, peut-être qu’à elle aussi. Les piliers de brique rouge qui montent jusqu’à la verrière, les couloirs de mosaïques effritées vers les deux halls secondaires, l’immense horloge dans l’axe des rails, les vitraux de la grande porte. Elle fixe l’horloge, hausse les sourcils et son front se retrousse, elle soulève ses lunettes et s’adresse à Anatoli.

– Il n’est quand même pas déjà midi ?