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Dans la Suisse des années 1970, se former professionnellement à la danse n’est pas une mince affaire. Les écoles pri- vées de ballet ne manquent pas (certaines, de très bon niveau), mais les possibilités d’accéder à d’autres approches techniques et esthétiques de la danse sont dispersées. Aucun parcours d’apprentissage balisé n’existe en danse moderne. Les aspirants danseurs animés par le désir de sortir du classique n’ont guère d’autre choix que de se bricoler un itinéraire de formation singulier, en fonction de leur lieu de vie et de l’offre pédagogique du moment. Pour la plupart d’entre eux, l’idée même que la danse puisse être un métier – et pas seulement un hobby, fût-il passionné – n’advient que tardivement, à l’orée de l’âge adulte, tant la danse est faiblement inscrite dans l’imaginaire et le tissu culturel helvétiques.

Ce ne sont donc pas des institutions qui façonnent le parcours de la plupart des danseurs de cette génération, mais une somme d’apprentissages parfois hétéroclites : des stages à foison, des rencontres, des opportunités, des voyages. À un moment ou un autre, presque tous partent se former à l’étranger. Certains reviennent, d’autres pas. Mais si l’attrait (ou la nécessité) de l’ailleurs marque les itinéraires des danseurs de cette génération, tous témoignent aussi du rôle très important joué en Suisse par certains pédagogues et chorégraphes dans l’éveil de leur désir de « danser contemporain ». Bien des vocations trouvent ainsi leur origine dans l’enseignement de ces artistes.

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