parution septembre 2018
ISBN 978-2-88927-590-8
nb de pages 176
format du livre 140x210 mm

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David Chariandy

33 tours

Traduit de l'anglais par Christine Raguet

résumé

À Scarborough, on boit des bières au bord de la Rouge, on rêve d’Aisha, la fille la plus intelligente du lycée, on se bat avec les gangs rivaux. Ou alors, on se retrouve chez Desirea’s, qui tient autant du salon de coiffure que du night club. Michael et Francis, deux frères adolescents, mènent dans cette banlieue de Toronto une existence rythmée par les descentes de flics et le racisme ambiant. Ils n’ont jamais connu leur père et leur mère, Ruth, travaille nuit et jour pour leur donner une chance. Mais les espoirs de ces trois-là volent en morceaux lorsqu’une fusillade éclate, un jour d’été 1991.

33 tours est une histoire à haute tension, un hommage à l’art métissé du hip hop et un hymne à l’amour fraternel.

« Le roman le plus bouleversant que j’aie lu cette année » Dina Nayeri, The Guardian

biographie

Né en 1969, David Chariandy a grandi près de Toronto. Il vit aujourd’hui à Vancouver, où il enseigne la littérature à la Simon Fraser University. Son premier roman, Soucougnant, (Zoé, 2012), l’a consacré parmi les principaux auteurs canadiens contemporains. Chariandy puise son inspiration au sein de la diaspora caribéenne au Canada et traite de son intégration à la culture locale.

 

Radio Nova

"Une histoire d’amour, d’incompréhension, de protection entre deux frères."

David Chariandy, invité de Bintou Simpore sur Radio Nova. A réécouter ici  

La Fringalle Culturelle

"Une histoire à haute tension, un hommage à l’art métissé du hip hop et un hymne à l’amour fraternel."

Un entretien inédit de Christophe Mangelle et Laurence Fontaine à lire en entier ici (pp. 121-125)

Le Courrier

"Dans 33 tours, son deuxième roman, le canadien David Chariandy instaure un rythme non linéaire, une alternance entre souvenirs et présent qui accentue le sentiment d’inéluctabilité : tout semble écrit à l’avance, et il apparaît peu à peu que la vie du solaire Francis n’aurait pas pu se terminer autrement que par un drame. (…) David Chariandy a travaillé dix ans sur cette fresque sociale, éliminant chaque mot superflu pour obtenir un résultat ramassé. Une lecture aussi fulgurante que la courte vie de Francis."  Amandine Glévarec

L'Alsace

" Toronto, province de l’Ontario. La mégapole porte le poids de sa banlieue. Triste refrain d’une rengaine trop répandue. Scarborough accueille des familles de partout. (…) 

Avec justesse et émotion, David Charandy dépeint ce cadre sordide sans verser dans le flow racoleur. Il surfe entre les tours des cités refuges d’éternels exilés, entre ces rêves qui ne deviennent jamais réalité. Pour un mot de travers, pour une balle perdue. Il reste juste à creuser le sillon d’un vinyle pour y trouver la note d’espoir qui illumine ce sombre et beau roman." T.B.

L'express

"Adieu vastes plaines, jolis lacs, chalets enchanteurs, accent pittoresque et affabilité séculaire. C'est un autre Canada que nous révèle David Chariandy avec son deuxième roman, 33 tours. Celui du bitume, de la boue, des immeubles collectifs, du bruit, du métissage et du mépris. Semblable à toutes les banlieues défavorisées du monde, celle de Scarborough, à l'est de Toronto, charrie son lot d'heurs et de malheurs. (…)

L'auteur enchevêtre à la perfection les temporalités, comme il excelle à dépeindre l'amour filial et fraternel du narrateur. C'est cette tendresse, merveilleuse, contrastant avec la rudesse du décor, qui irradie ce beau roman."  

Lire l'article de Marianne Payot en entier ici 

La Liberté

"Dire que 33 Tours est un coup de poing dans l’estomac résonne comme un cliché collé sur une quatrième de couverture. On évitera donc la formule, éculée, pour qualifier le saisissant livre de David Chariandy. Bouleversant ? Le mot a trop souvent été usé pour des historiettes à l’eau de rose. Ici rien ne sent la rose. On renifle le bitume, on flaire le sang, on sent la drogue. Le quotidien des deux jeunes frères Michael et Francis, à Scarborough, dans la banlieue de Toronto, se frotte aux gangs rivaux, au racisme, à l’amour aussi, que ce soit les passions adolescentes ou le sacrifice de leur mère qui tente seule de leur préparer un avenir meilleur. Mais la fatalité poisse ne lâche pas ses proies. La fusillade qui déchire cet été de 1991 fait exploser les espoirs de ces gamins. Et de leur maman.

Le lecteur les regarde se débattre, impuissant, avec en bande-son un hip-hop salvateur et des sets de DJ apaisant, pour un temps du moins. Bouleversant ? Oui, véritablement." Tamara Bongard

Télé Star Jeux

"David Chariandy place l'action de son roman en 1991, mais son histoire est malheureusement bien contemporaine. 33 tours est un texte urbain, rythmé à la manière du hip-hop, avec ses tensions et ses explosions. Sans oublier la dure réalité qui faisait le sel de cette musique à ses débuts. Poignant."

Le Soir

"Un roman d’amour, de musique, de colère et d’espoir, écrit avec beaucoup de sensibilité, de pudeur, de retenue et de raffinement."

David Chariandy était invité au Festival America de Vincennes. Jean-Claude Vantroyen l’y a rencontré. Une interview à lire ici

En attendant Nadeau

"Le Canada était à l’honneur du Festival America 2018. EaN a pu s’entretenir avec l’un des meilleurs écrivains canadiens, l’anglophone David Chariandy, auteur d’un deuxième roman, 33 tours, qui relate l’adolescence de deux frères d’origine trinidadienne, ainsi que le deuil à la suite du meurtre de l’aîné — chose presque prévisible dans leur difficile quartier de Scarborough, à Toronto, où le danger vient autant de la police que des habitants."

Un entretien de David Chariandy par Steven Sampson à lire ici

Le Temps

" David Chariandy a le talent de faire entendre les pneus qui roulent sur la neige détrempée, ce froissement qui berce et souligne la solitude des dimanches soir. (…)

[Il] décrit l’épuisement maternel, l’odeur de fatigue que le corps dégage, la voix «devenue irréelle », tressée de sommeil lourd, qui veut rassurer les petits laissés seuls avec les images de la télévision où un braquage dans une supérette de quartier tourne en boucle, comme une ritournelle de cauchemar.

David Chariandy fait partie des écrivains de l’exil qui puisent dans le sentiment de décalage, de perpétuelle étrangeté, ni du pays des parents, ni complètement du pays d’arrivée, ils puisent donc dans cet entre-deux la source d’une écriture parmi les plus fertiles, les plus aptes à saisir les patchworks contemporains. (…)

Par l’empathie que l’auteur sait construire entre son histoire et le lecteur, 33 tours, au son des mix que Francis et son ami Jelly excellent à créer, 33 tours se lit comme le roman poignant des mères, des fils, des pères absents, d’où qu’ils viennent. Etonnamment, David Chariandy parvient à mettre de la lumière, une grosse bouffée de printemps au cœur de l’hiver, de tous les hivers." 

Un article de Lisbeth Koutchoumoff à lire en entier ici

RTS - Espace 2

"Le titre pour donner la couleur. Mélodieuse. " 33 Tours " pour ouvrir un roman traversé de musique. Résiliante. Des musiques métissées. De Nina Simone, au hip-hop en passant par les airs caribéens. Michael, le narrateur est originaire de Trinidad. Il est né au Canada. Un titre presque joyeux pour déballer un récit poignant, intolérable. (…) Les événements revus à travers le prisme déformant de l’enfance. Et l’inéluctable drame. Parce que trop d’humiliation ? Un drame du racisme ordinaire, dans les années 90, dans une banlieue banale de Toronto. Noirs, jaunes et bruns… " des rien du tout " relégués en périphérie. Sans perspective… Un roman édifiant."

Marlène Métrailler a rencontré David Chariandy à l’occasion de la parution de son livre 33 tours. Réécouter l’émission « Versus-lire » ici

L'Humanité

"En version originale, 33 Tours s'intitule Frère. Si la musique, ici la découverte du hip hop et du scratch, est la toile de fond de ce roman délicat, il raconte d'abord une histoire de fraternité, brisée par un meurtre raciste. (…) Bouleversant la chronologie, David Chariandy télescope des éclats de mémoire, l'enfance et l'adolescence, la dureté de la vie du quartier et la nature foisonnante de Trinidad. Un beau livre sur la perte et les pouvoirs consolateurs de la musique S.J."

Libération

"A l'aune du rêve, tout le monde perd à Scarborough, banlieue métissée de Toronto, sauf Aisha. Elle aussi est « une bâtarde noire », constate le narrateur, Michael, mais quand elle revient dans le quartier, dix ans après le désastre peu à peu révélé par le livre, Aisha est riche de diplômes, de voyages, de liberté. Les autres sont restés coincés là. (…)

Seule la danse et la musique allègent les cœurs, hip hop pour les jeunes, Nina Simone pour les aînés. Ce deuxième roman de Chariandy (né en 1969), après Soucougnant, est un portrait de Scarborough, dit « Scarlem» ou «Scarbistan», avec ses échoppes sri-lankaises, philippines, antillaises, qui vendent des glaces « au goût du pays»."  Cl.D.

Blog - The Autist Reading

"D’une plume délicate qui se fait poétique par moments, Chariandy transmet l’amour et l’admiration de Michael pour son grand frère. Cet amour qui unit la famille et qui est plus fort que les espoirs déçus, les injustices, la perte, le découragement, le racisme et la violence ambiante. Un roman très émouvant, d’une grande sensibilité, d’où se dégage une douce mélancolie."

Quatre Sans Quatre

"Un roman tout à fait passionnant, très actuel et qui questionne notre modèle de société, si tant est qu’on puisse parler de modèle."

Un article à lire en entier ici 

Télérama

"Les lecteurs du bouleversant 33 tours, de David Chariandy, feront connaissance avec la banlieue défavorisée de Scarborough, à l’est de Toronto. Un coin bruyant, miné par la pauvreté et les violences policières, mais sublimé par le souvenir déchirant d’un amour fraternel, celui du timide Michael pour son grand frère décédé."  Lucas Armati

La Gruyère

"33 tours, du Canadien David Chariandy, est un roman bouleversant sur l’amour fraternel et maternel, et parle de pauvreté, de racisme, de musique, de peur et de violence policière. Tendu par la narration qui commence par la fin – et dévoile peu à peu la folie de Francis, les blessures de sa famille et les rêves des habitants de Scarborough – ce livre se montre extrêmement subtil quand il parle de l’amour qui lie les différents personnages. Cette maîtrise de la narration et cette retenue dans la tragédie donnent comme une envie de se jeter sur le premier roman de Chariandy, Soucougnant (2007)."  LDC

Livres Hebdo

"33 tours est une ode pudique, formidablement bien ciselée, a [un] frère aîné, qui sera a jamais pour le narrateur le héros tutélaire d'une vie précaire, sur le fil, un fil non sans tendre lumière."

Lire l’article de Sean J. Rose en entier ici

Aimer Lire (Payot Libraire)

"Ce livre est tout à la fois un roman initiatique au cœur de la diaspora caribéenne, une ode à l’amour inconditionnel d’une mère pour ses deux fils et un passage à l’âge adulte dans la jungle urbaine qu’est la banlieue de Toronto. Servi par un style dont vous pourrez apprécier toute la beauté dans le premier paragraphe de la page 55, le récit, avec élégance et violence contenue, est un hymne à l’amour fraternel." Adeline Gadomski, Payot Genève Cornavin

Anecdotes

"la banlieue d'une grande ville canadienne, l'histoire d'une famille, racontée par le plus jeune fils. Deux frères qui seront à jamais heurtés par les répressions policières, le racisme, la misère... et la musique, ce nouveau son venu du Nord des États-Unis : la naissance du Hip Hop."

Bibliothèque de Lausanne

"Pour moi l’essentiel du sort des deux jeunes adultes Michael et Francis et de leur mère Ruth est habilement préfiguré dans la première scène de ce roman: Michael suit son frère aîné et admiré Francis dans l’ascension d’un poteau électrique… il faut négocier les échelons rouillés pour ne pas chuter, et ne pas toucher certaines parties métalliques de peur de se faire électrocuter. Parcours compliqué. Et pourquoi cette escalade? Pour prendre de la hauteur, et voir Scarborough, leur ville, d’en haut, « comme un réseau ». Ce court récit m’a ouvert les yeux sur la réalité canadienne des populations récemment immigrées et m’a laissé une forte impression. (mrs) "

Ici

"Un disque rayé, un autre dont on connait trop bien la musique... 33 tours nous plonge dans la banlieue de Toronto, là où les rêves et les violences policières se heurtent. Sublime. " Désiré

Caligrammes La Rochelle

« un roman d'une densité exceptionnelle, le dur apprentissage de la vie d'exilés dans cette banlieue de Toronto où le racisme est quotidien et les rivalités entre gangs sans fin. Une solide fraternité et la découverte du hip-hop offrent une porte de sortie à ces adolescents oubliés du monde. » 

L'Arbre sans fin

"On se laisse emporter par l'histoire de cette famille, où l'espoir vient inexorablement se heurter au drame."

Millepages

« C’est une histoire qui fait durement écho à l’actualité malgré un récit prenant place dans les années 1990, dans une banlieue de Toronto. C’est une tragédie que l’on voit poindre mais laissez-vous porter car il y est question d’amour. D’amour inconditionnel qui côtoie le deuil et la folie, sans jamais se laisser gagner par le ressentiment. » Louise

Cordeliers

"Une très belle histoire de fraternité au cœur des quartiers chauds de Toronto. S'élève une voix d'adolescent, fragile et forte, qui impose son récit face aux cris de la ville, au hurlement des sirènes. Le contraste est superbe."

François

Les mots & les choses

"Une épopée toute en tensions, entre espoirs et colères, portée par des personnages ciselés, d’une une justesse rare, pour un roman hypnotique et qui vous emporte en à peine trois pages. Encore une pépite au catalogue des belles éditions Zoé."
Anaïs

Biarritz - Bookstore

"Scarborough, banlieue de Toronto. Entre gangs, bières, hip-hop et odeurs de cuisine caribéenne, les destins de jeunes immigrés et de Ruth, mère courage jusqu'au jour où...
Chaleureux et fraternel, un roman où l'amour, quel qu'il soit, aide à rester debout. Le titre original en était d'ailleurs "Brother", très justement.
Une belle écriture, un livre intense qui se lit d'un seul élan !"

Le Divan

SUPERBE!

"Ce livre a la puissance et le souffle d'un grand roman. Lorsque la littérature nous parle ainsi du monde, on n'en sort pas tout à fait le même."

Valérie

Kléber

"Vraiment un très beau texte, il m’a beaucoup touchée. Ce genre de texte qui marque. La fin est merveilleuse."

Delphine

Le Passeur

"Peinture sensible et poignante, musicale et littéraire, d'un quartier de Toronto et d'un amour fraternel particulièrement touchant..."

Le livre et la tortue

"On erre dans les souvenirs de Michael comme dans les rues de Scarborough. Dans cette banlieue de Toronto la misère et le racisme règnent.
Le récit d'une absence, d'une injustice et d'une dévotion fraternelle magnifique.
Une ambiance parfaite et qui fait froid dans le dos.
Une plume au service d'émotions insoutenables."

Valentine

Arbre à lettres Bastille

« Toronto, sa jeunesse amputée de ses racines, ses colères, ses espoirs, ses fêlures, sa musique, mais surtout son souffle de vie! » Laura

Préambule

« Ce roman s’attaque à de nombreux et profonds sujets (contexte social, rudesse du travail, violence, musique), qu’il suggère plus qu’il ne décrit (et c’est fort heureux). C’est sur le terrain des émotions qu’il finit de conquérir son lectorat, où l’on retrouve cette même retenue. Une belle plume à découvrir. » Adrien

Pantagruel

« Apaisement (n.m): sensation d’ouvrir un livre qui nous fait de l’œil depuis des semaines sur notre table de chevet malgré trois bons de commande et du sommeil en retard et le refermer quelques heures plus tard en se disant qu’on a eu raison. Vraiment. (Synonymes: plénitude, bonheur, émotion, etc...). »

Le comptoir des lettres

« 33 tours, c'est une musique mélancolique dans sa grâce :
Une adolescence en banlieue de Toronto, l'amour d'un frère admiratif et d'une mère cumulant les emplois, l'amitié et la solidarité. Les problématiques de l'immigration, le hip-hop, la joie et les espoirs. La bande de copains, la jolie Aisha et le jardin secret au bord de la rivière.
Un jour l'impensable, un deuil long comme une vie, à apprendre à accomplir. »

Delamain

« Un court roman dont la puissance est inversement proportionnelle au nombre de pages ! (…) INTENSE - URBAIN - EMOUVANT : Très belle découverte » Mathilde

Le Marque-page Saint-Marcellin (les héros de papier)

«Francis et Michael sont deux frères, élevés par leur mère antillaise dans une banlieue de Toronto. L’un est charismatique, l’autre discret, mais leurs rêves à tous deux se heurtent au racisme, à l’indifférence et aux rivalités ambiantes.
Un roman hypnotique, bercé de culture hip-hop et traversé par autant de tension que de douceur.»

Payot Cornavin

"Ce livre est tout à la fois un roman initiatique au cœur de la diaspora caribéenne, une ode à l'amour inconditionnel d'une mère pour ses deux fils et un passage à l'âge adulte dans la jungle urbaine qu'est la banlieue de Toronto. Servi par un style dont vous pourrez apprécier toute la beauté dans le premier paragraphe de la page 55, le récit, avec élégance et violence contenue, est un hymne à l'amour fraternel."
Adeline

Libraires ensemble

"Une magnifique histoire, sombre et parfois suffocante, mais aussi terriblement lumineuse. Un immense livre."

L'Armitière

un incontournable de la rentrée

"Le second roman de David Chariandy est une véritable pépite dont la lecture laisse sans voix, dans un état proche de la prostration, d'une profonde sidération.
(...)
Quel texte magnifique et puissant sur l'amour et la mort, la musique, l'exil et tant d'autres choses encore !
David Chariandy écrit dans une prose somptueuse qui se savoure. Il y a comme une langueur, une éternelle plainte qui se dégage de ce roman qui se doit d'être un incontournable de la rentrée. Bravo à la traductrice." Rosalie

Librairie polonaise

Un petit bijou de cette rentrée étrangère

"Un second roman qui vient confirmer le talent de cet auteur canadien. Dans un aller-retour d'une grande fluidité entre présent et passé, David Chariandy nous raconte la violence de la vie en banlieue de Toronto. Celle du racisme ambiant, des déterminismes sociaux qui vous emprisonnent, et celle, dévastatrice, de la mort. Avec douceur et tendresse, l'auteur rend malgré tout un bel hommage à ses racines métissées, à la culture des années 1990, et à l'amour fraternel." Manon

L'Usage du monde

"Dans une langue intense et pudique, David Chariandy raconte la famille et ses blessures au son des sirènes et du va-et-vient des gyrophares." Mickaël

Decitre Grenoble

un des plus beaux romans de cette rentrée littéraire

"Le bouleversant portrait d’une jeunesse en quête d’elle-même, en quête de tout ce dont on l’a privé. Dans les quartiers pauvres d’une banlieue canadienne, les enfants des enfants de Trinidad, de la Jamaïque, du Sri Lanka…, l’histoire de Michael et Francis, deux fils d’immigrés, lâchés dans un monde d’incertitude et d’incompréhension. De douleur et de résilience.

On y assiste, de trop près parfois, aux règlements de compte armés.

On se cherche une identité dans les fulgurances du hip-hop, au Desirea’s, salon de coiffure aux allures de juke joint, où Jelly fait parler les Technic 2000 à grands mélanges de blues, de soul, de jazz et de folk.

On boit ses premières bières le long de la Rouge, cette rivière qui offre un refuge, loin du vacarme de la ville.

On regarde sa mère se démener de petits boulots en petits boulots, aussi usée que courageuse, donnant à ses fils la chance de devenir quelqu’un.

On tombe amoureux, on se découvre une certaine passion des livres dans le silence bienfaiteur de la bibliothèque.

On se laisse faire quand les flics viennent vous contrôler, à toute heure du jour et de la nuit, sans autre raison que la couleur de votre peau.

On suit son frangin, idole protectrice, ce frère révolté, superbe, ce frère qui ne souhaite rien tant que rétablir la justice pour tous ces hommes et ces femmes de galère.

Un grand roman rythmé par une langue d’une langueur chaloupée, une voix touchante qui, sans cesse, nous dit la vérité sur ce que l’homme fait à l’homme, sur ce qui fait un homme.
Comme un miroir brisé où les visages morcelés se cherchent une constitution.

Dans la dureté de la vie, il y a de la beauté. Et de cette beauté - émanation de ce peuple des oubliés, des laissés pour compte - David Chariandy nous offre la photographie généreuse de l’universalité, le roman de ce que nous sommes : des hommes."

Fabien

Actes Sud

"À Scarborough, dans la banlieue de Toronto, 33 tours nous emmène au début des années 90 à la rencontre d'une famille Canadienne d'origine Trinidadienne.
Ruth, la mère a émigré il y a des années de cela vers le continent Nord Américain, espérant trouver des conditions de vies meilleures pour ses enfants.
Elle vit de petits boulots, travaillle d'arrache-pied, rentre tard le soir, exténuée.
Après tout ces efforts, elle trouve encore la force, seule, d'élever ses deux garçons, Michael et Francis, et de les maintenir dans le droit chemin grâce à une éducation stricte mais nécessaire dans un environnement où la violence urbaine ne cesse de croître.
La diversité culturelle est une des forces de ce Canada nouvelle génération, seulement au début des années 90 le racisme et les descentes de police étaient d'une violence et d'une récurrence supérieure encore.

Le roman est donc divisé entre ce passé tumultueux et ce présent dont on ne sait rien. Car entre temps un drame est arrivé. Un drame humain, une perte incommensurable qui a transformé les cœurs et les esprits, et impacté pour toujours la destinée de cette famille. Et David Chariandy va nous replonger dans ces événements passés, en sorte d'exutoire pour ses personnages profondément touchés.

David Chariandy réussi ici à brillamment montrer la difficulté du quotidien d'une mère seule. De la force et de l'abnégation nécessaire pour donner à ses enfants un futur et des possibilités supérieures aux siennes.
C'est aussi un très beau roman sur la relation fraternelle entre Michael et Francis. Francis, l'aîné, devenu homme de la maison par la force des choses, faute de présence d'un vrai père. Michael, le cadet, introverti, peu confiant, desire tout apprendre de ce grand frère qu'il admire, sa magnifique relation d'amour avec Aisha a été un gros point fort du roman pour moi.

33 tours vous guidera entre les odeurs culinaires caribéennes, la culture urbaine afro-américaine et la nécessité de continuer à avancer malgré les tragédies humaines."

Jean

Soucougnant (poche) (2020, Zoé poche)

Soucougnant (poche)

Après deux ans d’absence, un fils revient dans la maison de ses parents, en banlieue de Toronto. De la famille, il ne reste plus que sa mère, dont la mémoire s’érode. Une mémoire que le garçon va recueillir avec délicatesse : l’enfance à Trinidad, l’arrivée au Canada, sa solitude d’immigrée noire parmi les Blancs, l’histoire passionnée avec celui qui, caribéen comme elle, deviendra son mari.

Préface de Patrick Chamoiseau

Roman traduit de l'anglais (Canada) par Christine Raguet
Il est temps que je te dise. Lettre à ma fille sur le racisme

David Chariandy a beau être né au Canada, une femme dans un restaurant éthique lui fait comprendre qu’il n’est pas ici chez lui. Même s’il a grandi dans ce pays pourtant réputé plus tolérant que les États-Unis, il y a été souvent traité de nègre.

Dans cette lettre ouverte qu’il adresse à sa fille de treize ans, il est question d’appartenance ; de ses ancêtres à lui, d’origines afro-asiatiques ; de son identité à elle, dont la mère est issue de la grande bourgeoisie canadienne blanche. Pas de hargne pour parler de la blessure du racisme, mais une lucidité, une pudeur et une tendresse qui font de ce texte important une invitation à se déterminer librement : un véritable manifeste dans la continuité de James Baldwin.

Traduit de l'anglais (Canada) par Christine Raguet
Soucougnant

Un fils retourne auprès de sa mère après l’avoir abandonnée. Deux ans sans la voir, sans l’entendre, sans la soutenir, sans l’aider, sans l’aimer ni la supporter. Sa mère souffre de démence sénile précoce. Elle oublie les choses, le sens des mots, celui des habits, qui sont les gens. Elle fait des recettes étranges et saupoudre la cuisine entière de farine ou de sucre. Aux moments de lucidité, elle sourit pour s’excuser, s’indigne qu’on la prenne pour folle.

Par la voix du fils, elle se souvient : son enfance dans la Caraïbe à laquelle elle s’agrippe, son arrivée jeune adulte au Canada, sa solitude de Noire parmi les Blancs, son mari caribéen comme elle, mais originaire d’Asie, qui l’aimait passionément; mais elle mélange. Elle confond son fils bien aimé avec sa garde-malade ou le prend pour son mari et l’embrasse furieusement sur la bouche.

Témoin bouleversé et pudique, le fils prodigue raconte l’érosion d’une femme, sa mère, dans une écriture précise et intense qui donne à cette histoire aux contours rudes une humanité lumineuse.

Traduit de l'anglais par Christine Raguet

33 tours: extrait

Francis était mon frère aîné. Ce nom, une petite frappe allait se vanter de le connaître, ou des parents allaient le proférer comme une mise en garde. Mais avant tout cela, Francis était cette épaule, nue et chaude, pressée contre moi, ce corps presque toujours à portée de peau.

Notre mère était venue de Trinidad, dans ce que les parents de sa génération appelaient les Antilles anglaises. C’est un pays que Francis et moi, tous les deux nés et élevés ici, au Canada, avions visité une fois et que nous reconnaissions vaguement à ses mots, ses sonorités et ses goûts. C’est un pays qui expliquait la présence dans notre maison de certaines boissons comme le mabi et le bissap, et aussi le Peardrax au nom inexplicable – Francis m’avait une fois fait croire que c’était un nettoyant pour salle de bain. En quelque sorte, nous avions l’impression que les Antilles anglaises donnaient un sens à la présence dans notre maison d’autres objets tout aussi étranges, comme la boule à neige des chutes du Niagara ou la menace persistante du quarante-cinq tours d’Anne Murray, Snowbird. C’est un pays peuplé de parents que nous n’avions rencontrés que brièvement, qui existaient à présent sur des photos en noir et blanc, des images spectrales qui étaient censées justifier nos yeux, nos sourires, nos cheveux et notre ossature.

Il y avait dans la maison une autre vieille photo que Francis découvrit quand nous étions petits, rangée dans un recoin secret de l’armoire de la chambre de manman. On y voyait un homme à la moustache si soigneusement taillée qu’on l’aurait dite peinte. Il portait une veste de couleur claire, le col ouvert de sa chemise rebiquait légèrement. Des mots d’autrefois comme suave et débonnaire venaient à l’esprit, ou du moins c’est ce qu’ils font maintenant. Cet homme était notre père, lui aussi venait des Antilles anglaises, et il vivait à présent quelque part en ville, bien qu’il ait abandonné notre foyer quand Francis avait trois ans et moi seulement deux. La photo n’était pas parfaitement nette, et je me souviens qu’enfants, Francis et moi scrutions attentivement l’image floue de ce visage d’homme afin d’y trouver un détail reconnaissable. Sa peau était beaucoup plus sombre que celle de manman, pourtant on nous avait dit qu’il n’était pas noir comme elle, mais quelque chose qu’on appelait « indien » – même si cette identité semblait perdue dans la médiocre qualité de cette photo, ou dans l’épaisseur de gomina Brylcreem, comme étalée à la truelle sur ses cheveux, tout aussi artificiels que la coiffure amovible d’un bonhomme Lego.

En vérité, aucun de nous, ni moi, ni Francis, ni manman, n’était très intéressé par le passé gris des photos. Nous avions largement assez à explorer rien qu’ici, et surtout, nous avions le défi continuel de ce que notre mère appelait les « opportunités ». Manman travaillait comme femme de ménage dans des bureaux, des centres commerciaux et des hôpitaux. Elle était aussi l’une de ces mères noires qui refusent de rechercher ou d’accepter l’aide des autres. Qui refuse de subir la moindre entrave à son sentiment d’indépendance ou à la conviction qu’elle finirait par arriver. Par conséquent, si un travail se présentait soudain dans un lieu éloigné de la ville, mais qu’il offrait la promesse d’opportunités futures, ou si, tout aussi soudainement, l’opportunité d’un emploi rémunéré une fois et demi le tarif normal se profilait, elle l’acceptait, quitte à laisser seuls à la maison ses deux jeunes garçons.

Elle n’était jamais ravie de nous abandonner, et si elle apprenait, la veille, qu’un travail de nuit était imminent, elle prenait sur son précieux temps de sommeil pour cuisiner et se préoccuper des détails des repas et des activités du lendemain. Si nous avions des devoirs, elle installait les cahiers sur la table de la salle à manger à côté des assiettes de ragoût de viande aux légumes verts ou de riz avec une fricassée de poulet. Il y avait de la tendresse dans les plats qu’elle préparait, de l’amour dans un plat rendu parfait grâce à la touche fruitée du piment scotch bonnet. Mais, dès l’instant où elle commençait à enfiler son manteau et ses chaussures, il fallait voir son état : épuisée, presque accablée de remords, qu’elle n’exprimait pourtant que par d’amères remontrances et d’invraisemblables menaces. Sa voix, sévèrement formée à l’anglais de la Reine, prononçait alors des menaces extirpées des plus infernaux tréfonds de l’histoire.

« Tu ne dois pas ouvrir la porte si tu entends quelqu’un, tu ne dois pas monter le chauffage. À aucun moment tu ne dois allumer le four ou les feux de cuisson. Tu entends ce que je te dis, Francis ? Je vais roussir tes fesses si je reviens et que je te trouve toi ou ton frère blessé. Absolument pas de télé du tout après huit heures si je ne suis pas revenue d’ici-là. Pas d’Agence tous risques, ni de cette Mrs. T, ni n’importe quelle autre bêtise d’histoire de gangsters chez moi. Ah oui, tu souris maintenant ? Tu crois que je blague ? Tu crois que tu es trop grand pour m’écouter ? Eh ben, vous n’avez qu’à aller tous les deux toucher le bouton de réglage de cette cuisinière pour voir. Essayez qu’une seule fois d’ouvrir la porte à quelqu’un. Je vais vous pendre au plafond par les ongles des pouces. Je vais arracher votre peau et vous faire crier. Je vais vous donner une de ces volées que votre descendance va en garder les marques. Les enfants de vos enfants vont le sentir ! »

Francis et moi faisions oui et non de la tête en même temps, signe insistant de promesse. Manman arrangeait son uniforme et ses cheveux devant le miroir près de la porte, puis elle partait sans se retourner, verrouillant la porte et vérifiant plusieurs fois la poignée avant que nous n’entendions s’éloigner sur le trottoir le faible écho de ses pas rapides, étouffé par le bruit de la circulation. Pendant les heures qui suivaient, Francis et moi essayions de bien nous tenir. Nous mangions notre dîner et nous débarrassions, ce n’est qu’ensuite que nous découvrions tout en haut des placards de cuisine les autres saveurs dont nous raffolions. D’épaisses lampées de sirop de maïs directement aspirées dans le pot jaune en forme de ruche. La brûlure sur la langue de la poudre Jell-O verte, pour préparer la jelly, lentement léchée sur une cuillère. Nous faisions les devoirs que manman avait disposés pour nous sur la table, mais plus tard, nous allions acquérir des compétences et apprendre des faits tout aussi importants sur le monde dans Vivre à trois et Shérif, fais-moi peur. Quand nous fûmes un peu plus vieux, ces vendredis soirs où manman était partie, nous regardions les comédies italiennes de fin de soirée, que la recommandation « accord parental » rendait alléchantes. Francis et moi supportions patiemment, l’un comme l’autre, des intrigues compliquées dans une langue étrangère pour la perspective de quelques secondes de nichons.

« On les voit ! hurla-t-il une fois depuis le séjour. Les deux en même temps ! Viens tout de suite ! Tout de suite ! »

« Attends ! Attends ! » criai-je depuis les toilettes. Trébuchant, perdant l’équilibre, puis marchant à quatre pattes, le pantalon toujours autour des chevilles jusqu’à ce que j’arrive à lui et puisse voir. Mais rien du tout. Rien d’autre qu’une pub de fin de soirée pour le déshydrateur alimentaire Ronco.

Le rire de Francis. Saleté de viande de bœuf séchée.

Dans tous les cas, il avait la décence et le respect d’attendre au moins une heure avant d’agir. Et la première fois que manman nous laissa seuls, ce fut magique. Quand le soleil eut commencé de se coucher, mon frère tira une chaise de cuisine pour atteindre le loquet de la porte de devant. Il le déverrouilla, poussa la porte, et elle était là devant nous. La liberté de Lawrence Avenue. Les lumières de sécurité et les immeubles tachés de traînées de rouille.

« Souviens-toi. Nous n’avons jamais répondu à personne à la porte », me dit Francis.