parution mars 2020
ISBN 978-2-88927-776-6
nb de pages 128
format du livre 105x165 mm

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Oscar Peer

Coupe sombre (poche)

Traduit du romanche par Marie-Christine Gateau-Brachard

résumé

Un accident de chasse, le procès, la prison.

De retour au village, Simon doit affronter les regards, il faut être « endurant comme un âne pour vivre avec eux ». Alors Simon accepte une tâche qu’on ne souhaiterait même pas au diable : une coupe de bois dans l’endroit le plus reculé et hostile de la région.

Combat de l’homme avec la nature, ce texte est une histoire de solitude et de fureur dans une langue âpre et brûlante.

Préface de Jérôme Meizoz.

biographie

Oscar Peer, écrivain romanche, est né en 1928 en Basse-Engadine et décédé le 22 décembre 2013. Il a été professeur de français et d’italien dans le canton des Grisons, la région où l’on parle le romanche, quatrième langue de Suisse. Auteur d’un dictionnaire romanche-allemand, il a publié une quinzaine de nouvelles, de romans et de récits dont trois sont parus en français aux Editions Zoé. Coupe sombre a reçu le Prix des Auditeurs de la Radio suisse romande et le Prix Lipp en 2000.

Entretien avec Oscar Peer pour cultureactif.ch à lire ici.

Plume au Vent

"Coupe sombre est un roman aussi puissant de concis. (…) Une parabole philosophique qui n’est pas sans rappeler Le vieil homme et la mer d’Ernest Hemingway, une œuvre qui fascina Oscar Peer, comme le souligne Jérome Meizoz dans sa révérencieuse préface de cette édition."

Lire peu ou Proust (blog)

"Une clarté absolue. Absolue mais pas au point de supprimer ce qui fait la Nature. Les plantes, les bêtes, les arbres sont bien là."

Une chronique à lire en entier ici

GHI

"Le roman Coupe sombre s’apparente d’abord à une histoire de solitude et de fureur dans une langue incisive. A découvrir sans plus attendre." Fabio Bonavita

l'Antipresse

"Coupe sombre est un « nature writnig » romanche qui nous plonge dans le perpétuel combat de l’homme, seul et désorienté, face à une nature immense et inviolée."

Une chronique de  Patrick Gilliéron Lopreno à lire en entier ici

Le Monde

"Coupe Sombre d’Oscar Peer explore la violence de la campagne, ici en Suisse, dans les Grisons, et en rhéto-romanche, cette langue méconnue qui semble, même à travers la traduction, pouvoir vibrer du vent dans les arbres et rendre le son métallique du crampon sur la glace ou de la hache sur le tronc. « Quand il revient au bout de trois ans, il ne possède plus rien » : ainsi s’ouvre ce joyau éclatant de noirceur. (…)
Quelle beauté que ce texte simple et tranchant, parfumé à la sève de mélèze." Mathias Enard

Marie Claire édition suisse

"Dans ce combat silencieux d’un homme seul contre les siens, la nature et lui-même, le grand Oscar Peer libère subtilement l’intensité de son style extraordinairement dense et émouvant."

Le Matricule des anges

"Cette nouvelle édition de Coupe sombre vient définitivement rappeler le statut particulier des Grisons dans une Suisse loin d’être aussi lisse et aseptisée qu’on le croit d’ordinaire. Le canton des Grisons, c’est le far east de la Confédération, un petit Montana à lui tout seul, où la nature et les hommes parlent un même langage à la tendresse un peu rude. Cette langue, ce pourrait bien être le romanche, la plus minoritaire des langues parlées en Suisse, à la fois familière et décalée pour nos oreilles latines, mais la plus apte, sans doute, à conter de la façon la plus simple et la plus évidente qui soit cet autre Vieil homme et la mer. Sachant que sous le masque de l’évidence, comme sous le mutisme des hommes, se dissimulent souvent les plus belles blessures." Yann Fastier

L'Echo

"L’écriture d’Oscar Peer est âpre, sèche comme le plat d’un billot. La résine qui s’en écoule dégage un parfum discret dont il est difficile de se déprendre. Elle accompagne le chemin de croix de Simon, car c’en est un. Sans passion christique ni chœur étourdissant de pleureuses. Avec des résonances discrètement bibliques, sans fracas apparent, son cheminement évoque la lutte de Jacob avec l’ange. Le silence et la lenteur n’y sont pas moins forts que la roche des Alpes grisonnes. (…)

Oscar Peer a signé un grand petit livre. Petit par sa longueur. Grand par sa densité humaine. Un bijou rare d’un précieux recoin alpin." Thibaut Kaeser

Coopération Magazine

"Dans un style concis, ce roman grison raconte l’homme et ses failles, face à la grandeur parfois féroce de la nature. (…) En quelques chapitres sauvages, [il] sonde l’âme d’un homme damné." Tatiana Tissot

Libération

"Rarement un livre donne à voir aussi précisément les dessous d’un métier vieux comme le monde, ce combat d’un homme armé de fer avec des géants dont la chute fait trembler la montagne. (…) Avec des phrases elliptiques, précautionneuses, Oscar Peer retisse l’harmonie entre son personnage meurtri et la nature, oubliée pendant trois ans de prison." Frédérique Fanchette

DailyPassions

"C’est dense, rapide, plein d’une humanité rare et forte. Et cela semble intemporel. A l’heure où l’on vous reparle de Jack London et de James Oliver Curwood, retrouvez la montagne et la forêt plus près de chez vous : en Suisse romande…" Noé Gaillard 

Vigousse

"Ce récit de rédemption et de nature capte parfaitement la vie dans une petite communauté d’altitude. Simple, allant à l’essentiel, puissant, Coupe Sombre rassemble toutes les qualités de la littérature alpine, sans les clichés." Stéphane Babey

Revue Choisir

Coupe sombre est une perle du fonds Zoé », nous dit l’éditeur. Une appréciation justifiée ! La réédition de ce livre est une belle occasion de (re)découvrir la plume sobre mais forte de l’écrivain grison Oscar Peer, décédé en 2013. (…) Dans ce court, mais percutant récit, où chaque mot compte et qui prend parfois des allures de conte, réalisme physique, poésie et surnaturel se croisent."

Une chronique de Lucienne Bittar à lire en entier ici

Le Temps

"Ce roman aux airs de fable grandiose et épique est paradoxalement empreint d’une poésie discrète et épurée. C’est par une économie de moyens qu’Oscar Peer, (…) restitue le vertige du combat de l’homme avec la nature, dans la veine d’un Hemingway (comme le rappelle Jérôme Meizoz dans sa préface), évoquant aussi par touches subtiles le fantastique du Faust de Goethe ou celui de La Peur dans la montagne de Ramuz. (…) Ce roman « danse », entraînant tantôt son lecteur dans le réalisme sec et dépouillé, tantôt dans des élans hugoliens, ou à la lisière du fantastique." Julien Burri

Millepages

"Un accident de chasse, un homme seul ou presque face aux jugements cruels de son village et la nature et le travail pour refuges...une histoire de solitude et de fureur. Une perle !"

L'éternel retour

"Suisse-bûcheron face aux éléments. Ostracisme, force brutes, grands espaces: un auteur à découvrir !"

Le Divan

"Un roman vif sur le retour dans son village de montagne d'un homme et sur sa tentative de rédemption: on pense à Rigoni Stern, Ramuz ou encore Erri De Luca. Une pépite à découvrir !"

Mollat

"Un bijou d'authenticité ! Une histoire poignante à transmettre, qui invite à l'humilité"

La Machine à lire

"Un texte court et poignant. Un texte de nature et de rédemption. Magnifique et bouleversant."

L'Ecume des pages

"Il faut absolument lire ce livre puissant ! L’histoire est simple : un homme sort de prison après trois ans et retourne dans son village, il a tout perdu. Même sa part d’humanité n’existe plus dans le regard des autres. Il va tout faire, y compris s’éprouver physiquement, pour redevenir quelqu’un et chasser ses démons. C’est un livre d’une beauté et d’une poésie incandescentes !" Guillaume Le Douarin

Rive gauche

"Comment un objet aussi léger qu’une plume et aussi petit peut faire un tel effet ? Cela s'appelle le miracle de la littérature ! Ce genre de livre, on le lit, puis on l'offre, puis on le relit et on l'offre...»

Decitre Grenoble

"Tout en colère retenue, tout en brûlures intérieures, Coupe sombre est comme le brame d’un cerf blessé puissamment envoyé à la face de la vie. Un texte court qui se visse au corps, s’insère dans les profondeurs, frappe violemment contre les parois du cœur." Fabien

Le Comptoir des Mots

"Un texte court, sobre et trapu, plein d'humanité, qui réussi joliment à dire l'intime d'une vie et l'universel. Puissant !" Philippe

Etudes

"Court roman de la bravoure et de l'humilité, de la confrontation de l'homme face à la nature sauvage."

47° Nord

«Après avoir dû affronter les hommes, Simon se retrouve face à la nature... Une histoire de solitude, de malchance et de combat à lire, et à transmettre ! »

L'Atelier

"Sobre et concis, le roman d'Oscar Peer est de ces rares courts textes, presque hors du temps, qui font grande impression." Christoph

Vieux Comté

"Un récit court, intime. Une écriture sobre, puissante. Une perle des éditions Zoé, coup de cœur de Béatrice."

Bostryche Librairie

"Un jour de chasse et de guigne, Simon tue accidentellement son ami Luzi avec qui il s'était querellé la veille. Quand il rentre au village, après trois années de prison, la communauté le traite en paria. Pour retrouver sa dignité, il accepte une tâche impossible, à savoir une coupe de bois dans un endroit reculé de la montagne."

L'Usage du monde

"Coupe Sombre est de ces livres qui marquent le lecteur à tout jamais. Un roman d’une extrême concision qui évoque l’attachement à la terre natale et la solitude. Écrit à hauteur d'homme, son propos acquiert une dimension mythologique, universelle et intemporelle." Mickaël

La Flibuste

"Les éditions Zoé ont encore frappé avec le magique Coupe sombre d’Oscar Peer, sorti en poche pour notre plus grand bonheur. Vous ne le regretterez pas !"
La Vieille maison

Chasper vient d’hériter de la vieille maison familiale, ainsi que des lourdes dettes laissées par son père. Il devra les rembourser, s’il veut conserver la demeure à laquelle il est viscéralement attaché. Mais Lemm, l’influent bistrotier, est décidé à s’emparer de la maison dont il pressent la grande valeur. Le village de montagne devient un huis-clos dans lequel se déploie ce roman de l’inéluctable, racontant dans une langue brute et puissante la lutte d’un individu contre des forces qui le dépassent.

Traduit par Walter Rosselli
La Rumeur du fleuve

Revenu sur les lieux de son enfance, un homme se retourne sur son passé dont il ne reste que de rares vestiges. Mais il retrouve des souvenirs au gré des rencontres, au détour des paysages, des ruelles, des odeurs. Des événement quotidiens lui reviennent en mémoire, à l'école ou en famille, de bêtises et punitions, de disputes et réconciliations. Des figures importantes revivent, le père, cheminot, lecteur insatiable, la mère passionnée d'écriture, les amis, les maîtres, la vie rude et parfois rocambolesque des deux grands-pères. Son histoire se reconstitue peu à peu, fruit d'une tradition orale transmise de génération en génération.

Souvenirs et reconstruction imaginaire se relaient ainsi pour recréer l'atmosphère et le quotidien de sa vie engadinoise des années trente et quarante, avec le grondement sourd de l'Inn en guise de basse continue. C'est l'occasion pour l'écrivain de s'étonner de la mémoire humaine, de la manière dont elle s'éveille, et dont elle garde la trace des événements du passé.

Traduit du romanche par Marie-Christine Gateau-Brachard

Eva (2004, autres traductions)

Eva

Le village de Falun est un monde sans fêtes ni péchés depuis que la rigueur du pasteur Anton Perl y sévit. Mais Eva, une jeune femme venue on ne sait d’où, va le révolutionner. Une seule des quatre auberges est restée ouverte, et c’est là que va éclore, grâce aux talents fabuleux d’Eva, le nouveau centre du village. Mais comme renaît la nature sous les rayons d’un soleil printanier, les pulsions refoulées des Falunais vont s’éveiller à une vie nouvelle. Les fêtes reprennent et le désordre s’installe. Fou de rage, le pasteur décide alors d’exorciser Eva et lui ordonne de s’installer chez lui.

Traduit du romanche par C. Koenz et Marie-Christine Gateau-Brachard

La Rumeur du fleuve (2001, autres traductions)

La Rumeur du fleuve

Revenu sur les lieux de son enfance, un homme se retourne sur son passé dont il ne reste que de rares vestiges. Mais il retrouve des souvenirs au gré des rencontres, au détour des paysages, des ruelles, des odeurs. Des événement quotidiens lui reviennent en mémoire, à l'école ou en famille, de bêtises et punitions, de disputes et réconciliations. Des figures importantes revivent, le père, cheminot, lecteur insatiable, la mère passionnée d'écriture, les amis, les maîtres, la vie rude et parfois rocambolesque des deux grands-pères. Son histoire se reconstitue peu à peu, fruit d'une tradition orale transmise de génération en ténération.

Souvenirs et reconstruction imaginaire se relaient ainsi pour recréer l'atmosphère et le quotidien de sa vie engadinoise des années trente et quarante, avec le grondement sourd de l'Inn en guise de basse continue. C'est l'occasion pour l'écrivain de s'étonner de la mémoire humaine, de la manière dont elle s'éveille, et dont elle garde la trace des événements du passé.

Traduit du romanche par Marie-Christine Gateau-Brachard

Coupe sombre (1999, autres traductions)

Coupe sombre

Une fatalité semble poursuivre Simon, modeste paysan de basse Engadine. Un jour de chasse et de guigne il a accidentellement tué l'un de ses voisins. Quand il rentre au village, après trois ans de prison, il a soixante-cinq ans ; il ne lui reste plus rien et la communauté le traite en paria. Seul un garçonnet, également solitaire, noue avec lui une forme d'amitié. Pour retrouver une dignité, Simon accepte - ou peut-être choisit - une tâche qu'on ne souhaiterait même pas au diable : une coupe de bois dans un endroit impossible. Ce roman à la portée universelle pourrait s'intituler " Le vieil homme et la montagne ", tant le combat de son héros contre l'hostilité de la société et de la nature évoque celui du célèbre pêcheur de Hemingway. Sous le drame réaliste, Oscar Peer suggère discrètement, par le fantastique, le mystère du destin. A plusieurs reprises, Simon croise un inconnu énigmatique et silencieux : un fantôme, un double, le diable, un ange, la mort ?

Disponible en Zoé Poche : http://editionszoe.ch/livre/coupe-sombre-poche

Traduit du romanche par Marie-Christine Gateau-Brachard

Coupe sombre (poche): extrait

Il s’est couché à plat ventre, le fusil entre les bras. Il est parfaitement calme, ses mains tremblent moins qu’un brin d’herbe.

Le coup part toujours presque de soi, on ne sait jamais quand. On appuie sur la première détente, et on vise. Ensuite, choc contre l’épaule, fumée bleue à la gueule du canon, puanteur de poudre. L’écho, répercuté par les rochers, a grondé dans toute la vallée, semblant ne plus vouloir finir.

Il ne s’est même pas pressé d’y aller, il était sûr de l’avoir touché. Il a introduit une autre cartouche dans le canon, sauté à bas de son rocher, a traversé la pente et pénétré dans les broussailles, écartant les branches.

Et puis il l’a trouvé. Il l’a vu là, par terre, dans l’herbe – pas du tout le cerf, mais un homme avec un sac à dos brun. Luzi gisait sur le ventre, les bras écartés ; les mains se cramponnaient à l’herbe, comme quelqu’un qui s’accroche pour ne pas tomber.

Simon reste là et regarde. Il s’entend bredouiller quelques mots. En plus, il n’éprouve rien d’autre qu’un battement fou aux tempes. Il ne sait plus ni où il se trouve, ni si sa tête est en haut ou en bas. Il se demande s’il est lui-même ou quelqu’un d’autre.

Ensuite, il s’est penché, a vu que Luzi vivait encore, a entendu ses gémissements. Sur le sac, il a vu un trou, une grande déchirure. Il a retourné le blessé tout doucement sur le dos, il l’a assis, a ouvert la veste, puis la chemise. Il a vu la plaie à la poitrine, une étrange écume, des bulles de sang. Il a pris son mouchoir et l’a maintenu là-dessus, tout en n’ignorant pas combien c’était inutile.

Il était là, comme ça, à genoux, devant cet homme qui se mourait.

— Luzi !, a-t-il dit, mon petit Luzi ! Tu me reconnais ? Dis ! Est-ce que tu peux me comprendre ? Fais-moi un signe que tu peux me comprendre ! C’est toi ? Je n’aurais jamais pu imaginer que ce serait toi... Je n’aurais jamais...

Des pas dans les buissons l’ont fait sursauter de frayeur, et, en même temps, ça a été comme une délivrance. Quelqu’un venait par là, à travers les broussailles – Francesco, le berger des génisses. Simon l’a regardé, lui a montré la blessure. Il se rappelle comme le berger était d’une pâleur de mort, comme il a repoussé son chapeau en arrière, portant la main à son front – et comme il a dit : « Nous devons le transporter tout de suite chez lui ! » Il a rassemblé quelques branches, les a taillées au couteau, puis ils en ont fait un brancard. Quand ils l’ont mis là-dessus, Luzi est devenu cendreux et a gémi plus fort. Il râlait.

Puis, ils se sont mis en route.

Jamais il n’oubliera le calvaire de ce jour : ses genoux tremblants, la sueur froide sur son front, les faiblesses qui lui venaient – Francesco doit prendre le sac de Luzi et les deux fusils ; les râles de cet homme sur cette civière de mort, l’essaim de mouches noires qui les suivait ; les arrêts qu’ils doivent faire sur ce chemin interminable ; il s’assoit sur le bord : il aurait un besoin fou d’éclater en sanglots. – Et puis, pour finir, à la tombée de la nuit, le petit pont, le village, les gens qui viennent à leur rencontre, ces visages blafards. Finalement, la maison de Luzi, le désespoir de sa mère et de sa sœur.

Elles veulent savoir ce qui s’est passé, et il doit raconter.

Son vœu profond, ce soir-là, était de n’avoir jamais existé.