parution mars 2023
ISBN 978-2-88907-190-6
nb de pages 224
format du livre 140x210 mm

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Blaise Hofmann

Faire paysan

résumé

En ces temps de crise écologique, les paysans ont mauvaise presse. Le fossé se creuse entre eux, qu'on accuse d'empoisonner la terre, et une population urbaine qui aspire à une autre relation à la nature mais ne distingue pas un épi d'orge d'un épi de blé.
Lorsque Blaise Hofmann, fils et petit-fils de paysans, revient vivre à la campagne, il est le témoin direct de ces tensions. Lui qui a voyagé dans le monde entier part à la rencontre de celles et ceux qui, tout proches de lui, pratiquent encore le "plus vieux métier du monde", qui est "aussi le plus essentiel". Avec humour et tendresse, porté par une indignation grandissante, il emprunte les voies du reportage sur le terrain et d'une réflexion plus intime pour brosser le portrait d'un monde agricole qui se révèle, contre les idées reçues, en constante réinvention de lui-même.
 

biographie

Né à Morges en 1978, Blaise Hofmann est l’auteur d'une dizaine de romans et récits de voyage. Il reçoit en 2008 pour Estive le Prix Nicolas-Bouvier au festival des Étonnants voyageurs de Saint-Malo. Ses derniers ouvrages sont Marquises (2014), Capucine (2015), Monde animal (2016), Deux petites maîtresses zen (2021) et Faire paysan (2023).. Chroniqueur dans divers journaux suisses romands, il écrit aussi régulièrement des pièces de théâtre et des livres jeunesse, dont Les Mystères de l’eau (2018) et Jour de Fête (2019). En 2019, il a été l'un des deux librettistes de la Fête des Vignerons.

vendredi 24 mars 2023 13h00

Blaise Hofmann au Salon du livre de Genève

"Paysan, une fierté?"
La place suisse, Palexpo, 30 route François-Peyrot, 1218 Le Grand-Saconnex
 

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dimanche 26 mars 2023 14h00

Blaise Hofmann au Salon du livre de Genève

Rencontre avec Eric Fottorino
La scène du Forum, Palexpo, Route de François-Peyrot 30, 1218 Le Grand Saconnex


 

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vendredi 31 mars 2023 20h00

Blaise Hofmann à la Foire du livre de Bruxelles

Rencontre animée par Geneviève Simon
Gare maritime, Rue Picard 11, 1000 Bruxelles
 

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mercredi 5 avril 2023 17h30

Blaise Hofmann à la librairie La Fontaine (Vevey)

Librairie La Fontaine, Rue du Lac 47, 1800 Vevey

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jeudi 6 avril 2023 17h00

Blaise Hofmann en dédicaces chez Payot Pépinet (Lausanne)

Payot Pépinet, Place Pépinet 4, 1003 Lausanne

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samedi 8 avril 2023 11h00

Blaise Hofmann chez Payot Berne

Rencontre suivie d'une séance de dédicaces
Payot Berne, Neuengasse 25, 3011 Berne
 

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mercredi 19 avril 2023 18h30

Blaise Hofmann à la librairie Le Cachalot (Foix)

Le Cachalot, Rue Lazema 9, 09000 Foix

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vendredi 21 avril 2023

Blaise Hofmann en rencontre avec Vent propice à Vaour

Informations à venir
 

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mercredi 3 mai 2023 19h00

Blaise Hofmann à la Maison Rousseau et Littérature

Avec Maryline Desbiolles
Maison Rousseau et Littérature, Grand-Rue 40, 1204 Genève

 

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du 27 mai au 29 mars 2023

Blaise Hofmann au festival Etonnants Voyageurs (Saint-Malo)

Informations à suivre

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La Gruyère

"Faire paysan est un ouvrage qui se mérite. Non pas qu’il soit difficile d’accès, bien au contraire, mais parce qu’il interroge et déstabilise le lecteur par rapport à sa propre vision de l’agriculture. Quel que soit votre point de vue, certaines de vos certitudes en seront ébranlées. « Il faut écrire en gros que ce livre n’apporte pas de solution », annonce son auteur Blaise Hofmann. Cet essai sur l’agriculture oscille entre rencontres, constats chiffrés et anecdotes savamment distillées…

Toute l’histoire et l’intelligence de ce livre résident dans la tentative de renouer le dialogue entre ville et campagne."

Entretien de Blaise Hofmann avec Philippe Huwiler à lire ici

Bilan

"La couverture du livre est verte. Rien de plus normal, vu son sujet: « Faire paysan ». La nuance choisie possède cependant un côté acide. Rien d’étonnant là non plus. L’ouvrage de Blaise Hofmann n’a rien d’une idylle campagnarde. En quelque 200 pages, l’auteur va illustrer la difficulté d’être et surtout de rester agriculteur en Suisse, où quatre fermes disparaissent chaque jour dimanche compris. La terre romande n’est aujourd’hui plus parsemée de fermes proprettes, avec des tas de fumiers bien hauts lissés « à la bernoise » comme s’il s’agissait de temples de marbre. Tout a disparu en trois générations face à la bureaucratie, l’extension des villes et la mondialisation. Une civilisation agraire a disparu. « Dans les campagnes, la dot était jadis estimée à l’importance du tas de fumier devant la ferme des parents. » Que s’est-il donc passé ?"

Entretien de Blaise Hofmann avec Etienne Dumont à lire ici

RTS - Culture (QWERTZ)

"Comment, dans l’opinion publique, le "paysan" est-il passé du statut de véritable héros national d’après-guerre, à celui de "fossoyeur de la biodiversité"? (…) Loin de sombrer dans un romantisme nostalgique du "paysan d’autrefois", Blaise Hofmann, qui déclare "avoir les fesses assises entre une chaise et un botte-cul", et avoir une sensibilité paysanne, invite son lectorat à se faire consommateur éclairé en expliquant notamment comment les pommes de terre sont traitées chimiquement pour raffermir leur peau et faciliter leur conditionnement. "C’est moi aussi qui impose l’usage d’anti-germinatifs - ajoute-t-il - car je n’achèterais jamais de tubercules couverts de végétation."

Entretien de Blaise Hofmann avec Ellen Ichters à écouter ici

Rhône FM

"Blaise Hofmann est donc reparti en voyage. Il nous offre de rencontrer ceux et celles qui pratiquent encore le « plus vieux métier du monde », qui est « aussi le plus essentiel ».
Dans son livre, des souvenirs emplis de tendresse, comme ceux de son grand-père si fier d’avoir un magnifique tas de fumier devant sa grange, mais aussi des reportages sur le terrain."

Blaise Hofmann, invité de  Fabrice et Sébastien dans l’émission « Good Morning Valais » à écouter ici

RTS (Forum)

Blaise Hofmann, invité d’Esther Coquoz dans l’émission « Forum » à écouter ici

Confédéré

"Dans cette enquête littéraire, parsemée d’anecdotes personnelles, de références historiques et littéraires, l'auteur part à la rencontre de différents points de vue pour raconter la réalité paysanne, rendre hommage à ce métier essentiel et pousser à la réflexion quant à l’avenir agricole. (…) Du « Plan Wahlen » à la naissance des « paiements directs », en s’attardant sur des thématiques sensibles comme celles du glyphosate, de la « vache folle », des PER, de l’endettement, du suicide et bien d'autres, il raconte finement, en empruntant parfois l'humour, l’évolution de l’agriculture suisse, ses défis passés et futurs ainsi que sa grande difficulté à communiquer avec ses détracteurs." Kalina Anguelova

24 heures

"Entre le récit intimiste d’un fils et petit-fils de paysan, l’essai littéraire et l’enquête de terrain, l’écrivain s’interroge sur cette rupture de dialogue entre citadins et paysans. (…) Blaise Hofmann montre que les paysans sont peut-être les derniers à savoir « lire » un paysage, les derniers à être vraiment en contact avec la terre. Sans taire les figures bourrues rencontrées ici et là, sans occulter le débat sur le bien-fondé d’une agriculture subventionnée, il raconte surtout ces jeunes qui se lancent. On découvre leurs idées, leurs envies, leurs doutes aussi, à l’image de celui qui a pleuré lorsque son premier veau est parti à l’abattoir. Car les voilà bien souvent tiraillés entre la tradition familiale et l’envie de tracer leur sillon. « Le monde actuel est culpabilisant pour les paysans. On est dans une société qui s’échappe par le haut, dans le virtuel. J’ai voulu redonner de la dignité à ces « gens du pays » selon l’étymologie du mot « paysan. » Il se refuse d’ailleurs à les appeler des « exploitants agricoles », comme certains ont choisi de se renommer."

Entretien de Blaise Hofmann avec Caroline Rieder à lire ici

La Côte

"Un récit intime enrichi de reportages auprès de celles et ceux qui exercent le métier ancestral."

Entretien de Blaise Hofmann avec Liana Menetrey, à lire ici

Le Matin Dimanche

"Il rêve d’une réconciliation [entre ville et campagne] et donne envie d’y croire parce que son livre est vrai, tendre, poétique, ancré dans la terre. À l’écoute de personnes qu’il préfère appeler paysans plutôt qu’exploitants agricoles. «Faire paysan», comme disent ceux qui ont les pieds dedans, c’est beaucoup plus qu’un métier, c’est une manière de respirer."

Entretien de Blaise Hofmann avec Ariane Dayer à lire ici  

La Liberté

"L’écrivain-voyageur revenu à la terre compose un portrait nuancé du paysage agricole suisse, de ses suicides et de ses élans, de ses loyautés et de ses fatalités, de ses résistances et de ses réinventions. Un vibrant appel à la réconciliation, parfois lyrique, et tenu, comme toujours chez l’auteur, par l’expression d’une vive sensibilité." Thierry Raboud

Journal de Morges

"Blaise Hofmann se penche sur une profession soumise à rude épreuve à la façon d'une enquête littéraire judicieuse. (…) Un bel hommage à sa famille et à tous celles et ceux qui «font paysans», nourrissent le monde, mais également la vie locale en étant souvent les plus actifs au village. Un message d’espoir, en somme, tant la profession est essentielle, comme le bon sens qui la caractérise." Cédric Jotterand

Journal de la Broye

"Changement d’ère sous une plume terrienne"

"(...) Ce voyage emprunte des chemins connus: entre votations électriques sur les pesticides et premières lumières sur les Alpes fribourgeoises, en passant par la figure de l’exploitant agricole à celle du bobo urbain, c’est un fragment de la vie des Romands qu’Hofmann sculpte dans Faire paysan qui paraîtra le 3 mars aux Editions Zoé. L’auteur, qui se considère «les fesses entre une chaise et un bottecul» offre un reportage plein d’émotions, à la fois proche et réflexif du monde paysan." ES

Payot Sierre

"Blaise Hofmann a déjà démontré son talent pour raconter le monde paysan. On se souvient d'Estive qui nous transportait dans la peau d'un berger suisse le temps d'un été. Cette fois, c'est tout le monde agricole que l'auteur tente d'explorer. Il mène l'enquête pour comprendre un tel écart se dessine entre "ceux des champs" et "ceux des villes". Édifiant pour tous les citoyens et citoyennes suisses." Maxime Roch

Deux petites maîtresses zen

Japon, Cambodge, Laos, Birmanie, Thaïlande, Sri Lanka, Inde. En septembre 2019, l’écrivain-voyageur Blaise Hofmann s’en va sept mois en Asie, pour la première fois en famille. Ce sont de nouvelles contraintes, un temps constamment anticipé, des précautions, des routines, des frustrations ; c’est surtout l’émerveillement de voir le monde à quelques centimètres du sol, voyager lentement avec les yeux de deux petites filles qui sont à la maison où qu’elles se trouvent.

C’est l’occasion aussi de retrouver un continent standardisé, peuplé de gens comme lui, des touristes hypermodernes. Voici le récit d’un anti-héros faisant l’éloge de l’ennui, du détour. Blaise Hofmann livre un texte introspectif, aussi critique qu’ébloui, même quand un virus s’impose comme personnage principal de ce qui est peut-être le dernier récit de voyage d’avant la pandémie de Covid-19.

La Fête (2019)

La Fête

Lorsqu’en 2014, Blaise Hofmann est approché pour co-écrire la Fête des Vignerons 2019, il ignore tout de son histoire, de ses mythes, de la ferveur qu’elle exerce sur les gens depuis des siècles.

La curiosité l’emporte, le voilà catapulté dans l’univers de la Confrérie des Vignerons. Il invite le lecteur dans les coulisses de la Fête, raconte la gestation de cet événement unique au monde, patrimoine culturel immatériel de l’Unesco, qui n’a lieu que cinq fois par siècle, rassemble 400000 spectateurs, un millier de choristes, des centaines de musiciens, danseurs, gymnastes et 5000 figurants. 

Pendant quatre ans, Blaise Hofmann sera tour à tour intrigué, amusé, ému, furieux, perdu, passionné, épuisé, émerveillé. On découvre avec lui une communauté pétrie de traditions, des hommes et des femmes amoureux de la nature, de la terre. On suit le cycle des saisons et celui de la vigne. Et on accompagne l’auteur, touché au cœur, qui décide de reprendre une petite vigne familiale.

Fête des Vignerons 2019. Les poèmes

Depuis 1797, le temps d’un été par génération, la place du Marché de Vevey accueille la Fête des Vignerons et son spectacle. Voici le livret de l’édition 2019, écrit pour la première fois de son histoire à quatre mains.

Au fil des poèmes qui le constituent, on retrouve le cycle des saisons et la terre, les hommes et les femmes qui exercent les travaux de la vigne. À la manière d’une treille, ce texte entremêle le régional et l’universel, le traditionnel et le contemporain, le concret et l’onirique. Un éloge des sens, de la lenteur, du vivre ensemble, de la nature, du « repaysement ».

Carnets ferroviaires. Nouvelles transeuropéennes

Que ce soit de Lausanne à Paris, de Vienne à Genève ou de Glasgow à Londres, chacun des treize auteurs de ce recueil situe son histoire à bord d’un train qui parcourt l’Europe. À l’occasion d’un long trajet en chemin de fer, l’une se souvient de son voyage dix ans plus tôt, elle traque la différence entre son être d’hier et d’aujourd’hui. Un autre se remémore la géniale arnaque dont il a été l’auteur, un troisième retrace l’incroyable hold-up ferroviaire du South West Gang dans l’Angleterre de 1963.

Ces nouvelles donnent une vue d’ensemble inédite sur la manière de concevoir l’Europe comme espace physique et symbolique. Les auteurs étant de générations très diverses, le lecteur appréciera les différentes manières d’appréhender notre monde proche et de s’y situer.

Nouvelles de Aude Seigne, Blaise Hofmann, Anne-Sophie Subilia, Gemma Salem, Bruno Pellegrino, Arthur Brügger, Daniel Vuataz, Marie Gaulis, Fanny Wobmann, Catherine Lovey, Julie Guinand, Guy Poitry, Yves Rosset.

Préface de Daniel Maggetti, postface de François Cherix

Capucine (2015)

Capucine

Elle était l’un des modèles parisiens incontournables des années cinquante, puis l’actrice de Federico Fellini, Georges Cukor, Blake Edward, Joseph Mankiewicz. Elle a joué avec John Wayne, Woody Allen, Jane Fonda, Romy Schneider, Claudia Cardinale, Jean-Paul Belmondo, Alain Delon...

Qui se souvient encore de Capucine ?

Blaise Hofmann part sur ses traces. À Saumur, sous les bombes de la Deuxième Guerre. À Paris, sur les podiums de haute couture et dans les caves à jazz de Saint- Germain-des-Prés. À Los Angeles, dans les fabriques de stars hollywoodiennes. Enfin, à Lausanne, où Capucine passe ses trente dernières années, avant de se donner la mort, le 17 mars 1990.

Ce roman biographique est un conte de fée tragique, cruel et actuel. C’est aussi le récit d’une enquête, un travail de mémoire. 

 

Marquises (2014)

Marquises

 

Aux antipodes de l’Europe, voici les Marquises, une terre mythique, célébrée par Melville, Brel et Gauguin.

L’espace d’un hiver, Blaise Hofmann a parcouru les six îles habitées de l’archipel des Marquises. Et une île déserte.

Tour à tour bousculé, méditatif, ironique, emballé, il rend hommage à l’hospitalité des Marquisiens, à leur renouveau culturel. Il ne ferme toutefois pas les yeux sur les pick-up Toyota et les poulets aux hormones made in USA.

Blaise Hofmann fait le lien entre le passé de l’archipel et le quotidien d’aujourd’hui, il entremêle légendes insulaires, récits de navigateurs, comptes rendus de missionnaires, romans aventureux, correspondances de colons, presse locale, statuts Facebook et Tweeter. La nature y est aussi un personnage à part entière, une présence sensuelle.

C’est un carnet de route plein d’autodérision. Un regard empathique, curieux, critique et généreux sur ces îles du « bout du monde ».

 

 

 

Estive (poche) (2011, Zoé poche)

Estive (poche)

Le temps d’un été, Blaise Hofmann est devenu berger. Son troupeau, mille brebis, « mille machines à vie » imprévisibles, il a dû l’apprivoiser, tout comme le climat, la solitude et la nature. Reportage dans les Alpes et quête identitaire, Estive est surtout un véritable récit de voyage, manifeste sur le dépaysement à une heure de chez soi.

L'Assoiffée

Ce pourrait être un scénario de road movie, c’est le chemin choisi un beau matin par la narratrice qui décide d’une rupture dans sa vie, d’un départ sans objet ni moyens.

Dès lors un long ruban d’asphalte se déroule devant elle, les campagnes et les bourgs défilent comme un monde d’images tandis que les rencontres sont brèves, parfois rudes parfois douces. L’arrivée à Paris se transforme en un séjour d’une saison où gravitent, dans une ivresse de rencontres, des gueux, des amicaux, des indifférents, des malheureux, un monde où la narratrice pratique la témérité et la compassion. Puis elle largue les amarres de la ville pour se diriger vers l’océan, là où se dissolvent toutes les volontés.

D’une écriture incisive, souvent orale, l’auteur donne vie à une héroïne qui s’échappe de sa vie comme un électron échappe à son orbite pour gagner sa liberté.

Estive (2007)

Estive

«Que fait un troupeau lorsqu’il est formé ? Il se déforme. Il faut le reformer. Je pense beaucoup à toi, Sisyphe.»

Estive est un récit  où l’auteur romance un été de berger en charge d’un troupeau de moutons. Ce carnet de route dans une vallée alpine fait partager au lecteur, tout au long de rencontres inattendues, d’images poétiques et de réflexions philosophiques, le quotidien difficile des paysans et des bergers. Le livre n’est pas seulement un témoignage mais un «récit d’apprentissage».

Ce texte à l’écriture fragmentée, incisive et ironique, interpelle autant la dysneylandisation des Alpes que l’aspect devenu exotique des métiers ruraux de montagne.

 

Né en 1978, Blaise Hofmann a publié un récit de voyage en 2006, Billet aller simple.

Faire paysan: extrait

Quand l'herbe ne se transforme plus en lait

De son vivant, si on le lui avait dit, au grand-père Hofmann, que ça allait disparaître, qu'on en ferait une place de parking, il aurait esquissé un petit rictus malicieux, celui qui signifiait: cause toujours.

Il trônait devant la ferme sur son piédestal de béton, juste en face de la porte à double battant de l'étable. À la fin de l'hiver, il allait jusqu'à deux mètres de haut et faisait la fierté du grand-père. Un véritable fumier "à la bernoise", avec quatre faces bien droites, régulières, irréprochables.

Je les revois, tour à tour, matin et soir, mon oncle Hans, mon père, ou l'apprenti, ou Carlos, ou Manuel, sortir de l'étable en poussant leur brouette. Crispés, concentrés, ils visaient la rampe, une planche solide mais étroite, puis renversaient le contenu, répartissaient avec une fourche à quatre pointes ce mélange de paille et de bouse. On s'applique d'abord à bien faire les coins, puis les bords du fumier, on piétine avec les grosses bottes de caoutchouc pour ralentir la fermentation. À la surface, on ne peut pas empêcher l'azote de s'échapper, mais à l'intérieur, on élimine l'air pour que les microbes fassent leur travail, fabriquent le précieux humus; c'est pour cela qu'il fait chaud dans un fumier, pour cela qu'en hiver, on les voit fumer.

Les voitures ralentissaient à sa hauteur, avant la priorité de droite du carrefour, se garaient parfois à proximité pour faire des courses à la petite épicerie, dans le bâtiment de la Société de laiterie de Villars-sous-Yens. Certains clients se pinçaient le nez, ignorant la noblesse de l'édifice, le cycle abouti de l'herbe verte: une ode aux pâturages transformés, grâce à des ruminants domestiqués par nos aïeux il y a 10 000 ans, en excréments, en urine. Le cycle aussi des champs de blé: ces grands rectangles jaunes qui agrémentent nos paysages, devenus paille sèche, litière absorbante. Et ce mélange changé en fumure, concentré de vie, énergie, nutriment, matière active qui s'en retournera à la terre pour offrir de la bonne herbe, du bon blé, du vert et du jaune, de la viande et du lait.

Les clients de l'épicerie n'avaient pas le loisir de le contempler, d'observer comment c'était fait, comment c'était bien fait, de comprendre pourquoi on le faisait, de féliciter l'artisan, le paysan, celui qui, au contraire du passant, s'asseyait parfois sur le banc de bois, près de la porte de la grange, pour admirer le travail, parce que lui savait qu'un bon fumier était le meilleur moyen de réveiller un sol fatigué, de guérir une terre sèche et rebelle.

Dans les campagnes, la dot était jadis estimée à l'importance du tas de fumier devant la ferme des parents.

Le lisier était l'or noir des étables.

Le fumier, le levain de la terre.