parution novembre 2017
ISBN 978-2-88927-506-9
nb de pages 160
format du livre 105x165 mm

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Nicolas Bouvier,

Thierry Vernet

Le Courrier, la courroie, ta bonne lettre

Edition établie et annotée par Daniel Maggetti et Stéphane Pétermann

résumé

«Il y a bien à faire ici : la Topo, le Kudelski dont les amplis sont foutus. Une conférence à l’Alliance française : autrement rien ne m’y retient. Dès que possible, je fonce (manière de parler) vers Madras et ensuite votre île. La Topo arrivera à Colombo, même si on ne lui refait pas un moteur neuf ici.» (Nicolas Bouvier, Bombay, 9 janvier 1955)

«Le boulot va bien, ça s’ensoleille. Je me réjouis comme un timbré de voir le tien. Je fais le projet d’aller te trouver au haut de l’île et qu’on la descende ensemble.» (Thierry Vernet, Galle, 13 janvier 1955) 

Les lettres de ce petit volume sont extraites de la Correspondance des routes croisées. Elles couvrent la période de l’Afghanistan à Ceylan, octobre 1954 à mars 1955, où les deux amis ont suivi chacun un chemin différent après leur séparation à Kaboul. Nicolas Bouvier et Thierry Vernet s’écrivent beaucoup, commencent à évoquer «le livre du monde», racontent les lieux qu’ils découvrent, leur travail et leurs rencontres, sur le ton d’une immense liberté et d’une grande tendresse.

Ce chapitre de leur correspondance, écrit immédiatement après le grand voyage, éclaire intensément l’esprit dans lequel L’Usage du monde a été conçu.

Nicolas Bouvier

Nicolas Bouvier est né en 1929 à Genève. Après deux licences, de droit et de lettres, il part en compagnie de son ami Thierry Vernet pour un premier voyage de quatre ans, en Yougoslavie, au Japon, en Afghanistan, au Pakistan, en Inde et à Ceylan. Père fondateur du travel writing moderne, auteur entre autres de L'Usage du monde et du Poisson-scorpion, il trouve dans le voyage une invitation à l’allègement, une initiation à la transparence et à l’effacement de soi. Véritable chasseur d’images, il travaille également comme iconographe pour divers revues et journaux. Nicolas Bouvier s’est éteint en 1998 à Genève.

Thierry Vernet

Né au grand-Saconnex en 1927, Thierry Vernet s'est initié aux arts plastiques. Après sa formation, il entreprit un grand voyage en Orient en compagnie de l'écrivain Nicolas Bouvier, dont il illustrera « L'Usage du Monde ». Pour assurer sa vie matérielle, il réalisa les décors d'innombrables spectacles, à la Comédie de Genève, pour les spectacles estivaux de l'Opéra de Chambre de Genève, au Grand Théâtre, au théâtre du Jorat ou à la Comédie Française, notamment. Thierry Vernet est décédé en 1993.

L'Amour des Livres

"La langue [de Nicolas Bouvier] est un festin. Son œil puise dans une curiosité insatiable pour l’être humain (doublée d’une tendre bienveillance), une sensibilité hors du commun et un talent inouï pour mesurer la grandeur de chaque instant sur la terre."

Tribune de Genève

"Les lettres échangées par Nicolas Bouvier et Thierry Vernet plongent le lecteur dans leur langage, leurs références et leurs souvenirs du voyage qu’ils ont fait ensemble de juillet 1953 à octobre 1954." Benjamin Chaix

Le Courrier

"[…] Bouvier commence à évoquer ce « livre du monde » dont il brûle d’écrire des pages. Mais la route est défoncée, la Topolino péclote, et la maladie guette. Depuis Galle, Thierry Vernet déploie des trésors de tendresse pour raccourcir les distances et donner la force à son ami de franchir les montagnes qui les séparent : « vieux, je te suis dans le Khyber.»" Maxime Maillard 

Le dehors et le dedans (2022, domaine français)

Le dehors et le dedans

Trébizonde, Kyoto, Ceylan, New York, Genève : Nicolas Bouvier n’a cessé d’écrire de la poésie, dans ses années de grands voyages comme dans ses périodes plus sédentaires. "[Elle] m’est plus nécessaire que la prose, expliquait-il, parce qu’elle est extrêmement directe, brutale – c’est du full-contact !" Pourtant, il ne fit paraître qu’un unique recueil de poèmes, Le dehors et le dedans.

Composé de quarante-quatre textes écrits entre 1953 (le départ en voyage avec Thierry Vernet) et 1997 (quatre mois avant sa mort), ce recueil est paru pour la première fois en 1982, puis complété à quatre reprises et autant d’éditions. Bouvier s’y met à nu : de tous ses livres, "c’est l’ouvrage qui propose la plus ample et la plus intime traversée de son existence" (Ingrid Thobois).

Postface d' Ingrid Thobois
La Guerre à huit ans

Voici trois textes réunis autour d’un sujet rarement traité par Bouvier : son enfance. Dans le récit central éponyme, l’écrivain raconte les étés passés dans la propriété des grands-parents maternels et comment, petit garçon de huit ans, il triompha de l’« une des figures les plus détestées » de son enfance : Bertha, la gouvernante prussienne tyrannique.

Préface de Sylviane Dupuis

Histoires d'une image

«L’éléphant est peut-être vindicatif , mais plutôt prudent. Il n’aurait guère de raison de s’en prendre à un congénère pour le plaisir de quelques princes enturbannés. On devait donc les bourrer de chanvre indien ou de quelque autre toxique pour augmenter leur combativité, et leurs cornaques les cravacher à mort pour qu’ils s’affrontent. Celui que l’on voit pris sous la patte de l’animal vaincu a l’air bien mal en point. S’il n’en meurt pas, il boitera toute sa vie et ne l’aura pas volé.»

Tous les coqs du matin chantaient (2013, domaine français)

Tous les coqs du matin chantaient

 

Ce petit livre reproduit une œuvre presque inconnue : les trois premiers textes personnels de Nicolas Bouvier et douze gravures de Thierry Vernet, publiés en 1951 dans un portfolio à tirage limité.  Les deux amis allaient le faire connaître à ceux qui croyaient en leur création et qui étaient prêts à les soutenir dans leur projet : le grand voyage vers l’Orient.

C’est le point de départ de L’Usage du monde, le sceau d’une amitié infaillible.

Correspondance des routes croisées (CD)

La Correspondance des routes croisées témoigne de l'aventure d'une amitié indéfectible entre deux créateurs, Nicolas Bouvier écrivain, Thierry Vernet peintre, qui se sont soutenus dès leur rencontre au Collège de Genève. Ils ont cherché à expérimenter une "vie incandescente" où ils connaîtraient le monde par les voyages, les lectures, les films, la musique.

Ces lettres éclairent l'oeuvre de Nicolas Bouvier et permettent de mieux comprendre son écriture. Elles font aussi découvrir les talents et l'esprit infatigable de Thierry Vernet.

Correspondance des routes croisées (2010, domaine français)

Correspondance des routes croisées

« La vie est tellement incandescente. Ici comme là-bas. Vieux frère je te lance un grand pont. » Ces propos de Vernet à Bouvier du 17 août 1955 traduisent l’intensité d’une relation faite de passion et de fraternité. Depuis l’âge du collège, Nicolas Bouvier (1929-1998) et Thierry Vernet (1927-1993) ont rêvé ensemble d’accords majeurs avec le monde, par le voyage et par la création. L’un devient écrivain, l’autre peintre : en mots et en images, ils diront ce que l’on ne peut connaître qu’une fois.

De Cologny à Paris, de Kaboul à Colombo, de Tokyo à Genève, leur correspondance est un fil tendu entre deux vies mises en commun. Nourrie de l’expérience de la route, elle exprime aussi la beauté d’une aventure humaine, celle d’une amitié sans réserve.

La Correspondance des routes croisées réunit les lettres échangées par Nicolas Bouvier et Thierry Vernet jusqu’à la parution, chez Julliard en 1964, de l’édition française de L’Usage du monde, le récit de leur traversée de l’Asie.

 

Extraits disponibles en livre de poche : http://editionszoe.ch/livre/le-courrier-la-courroie-ta-bonne-lettre

Texte établi, annoté et présenté par Daniel Maggetti et Stéphane Pétermann.

L'Oreille du voyageur (2008, domaine français)

L'Oreille du voyageur

 

Pour Nicolas Bouvier, la musique est souveraine, et elle est la dernière marche avant le silence.

Ce livre explore l’univers musical tel que l’a parcouru le voyageur, l’oreille dressée, de trois façons qui s’entremêlent, avec un accent particulier sur le Japon.

Musicologues et critiques littéraires présentent les diverses facettes des musiques – classiques, traditionnelles ou populaires – que Nicolas Bouvier a enregistrées et aimées.

Les musiciens et les instruments de musique ont fasciné le photographe passionné de l’instant que fut Bouvier. Ses photographies évoquent avec intensité le rapport intime et concentré – mains et visages – de la musique en train de se faire et de se donner.

De courts textes de Nicolas Bouvier, relevés dans ses carnets de route ailleurs ou ici, permettent de saisir des moments de grâce que la musique tient ensemble et que les mots et les images de l’écrivain éclairent.

Faire et vivre de la musique, en mourir, tel fut le rêve de Nicolas Bouvier qu’il nous a laissé en partage.

Un CD accompagne le livre, qui reproduit deux entretiens sur la musique réalisés par la Radio Suisse Romande avec Nicolas Bouvier.

Les Leçons de la rivière (2006, domaine français)

Les Leçons de la rivière

Je mets la main en casquette pour regarder la vallée. le soleil relève son relief par quelques pointes de feu qui percent le coton des nuages. Elle fume comme un torchon bouillant sorti de la marmite. C'est une sorte de Chine. Pas n'importe laquelle: la Chine de la peinture Song avec ces mêmes pitons qui montent couverts d'une mousse de pins ou de châtaigniers jusqu'à la limite où le brouillard les sépare du ciel.

DVD: 22 Hospital Street (2006, domaine français)

DVD: 22 Hospital Street

 

Au terme d'un voyage de deux ans à travers les Balkans,la Turquie, l'Iran et la moitié de l'Asie, l'écrivain et photographe genevois Nicolas Bouvier arrive en 1955 dans une petite localité située à l'extrémité sud du Sri Lanka. La chance qui l'a accompagné jusque-là l'abandonne. Dans cette ville fantôme qui semble n'être peuplée que de démons, de tambours et d'insectes, le jeune homme de 26 ans est confronté à une immobilité telle qu'il ne l'avait jamais connue à ce jour. Pendant neuf mois, il est forcé de constater que son voyage est au point mort, sans savoir pourquoi. Durant ce séjour, il se passe en lui quelque chose qui va bouleverser le cours de son existence.

Le film entreprend de partir sur les traces de Bouvier et de découvrir ce qui lui est arrivé à l'époque sur l'Ile du Sourire. Peu à peu, on comprend que ce mystérieux séjour au Sri Lanka a été décisif pour la suite du parcours de l’écrivain et qu'il est le point de départ et la pierre angulaire de sa conception du voyage en tant que leçon d'humilité. 

Charles-Albert Cingria en roue libre (2005, domaine français)

Charles-Albert Cingria en roue libre

 

Nicolas Bouvier  (1929-1998), voyageur ouvert au monde entier et aux langues inconnues grâce à son oreille musicienne, n’a pas croisé Charles-Albert Cingria (1883-1954) sur les routes et les chemins, autour de Genève, de Paris ou de Rome, ni n’a fait halte dans les mêmes bibliothèques à la recherche des mêmes manuscrits. Mais il a lu ses chroniques, ses proses, ses récits fantastiques ou fantasmagoriques, ses traductions des maîtres anciens, entrant ainsi en dialogue avec lui, cherchant les raisons de ces instants magiques où le monde dévoile son secret, son sens lumineux, sa beauté légère.

Ce qui intéresse Nicolas Bouvier lisant Cingria, homme au charisme épique, c’est la manière d’écrire le voyage, l’art de circuler et d’aller et venir tout en observant le proche et le familier comme s’il était neuf et inconnu.

«Un mètre carré, et l’univers», c’est la formule de Cingria  pour déambuler, s’étonner, vivre, méditer, écrire.

 

Le titre de ce livre, choisi par Nicolas Bouvier,  souligne le rapport très libre qu’il entretient  avec Cingria : lâcher prise et rouler  sans entrave.

 

Entretiens avec et autour de Nicolas Bouvier (2CD): Le Vent des routes

 

Quelques mois après la disparition de Nicolas Bouvier, en 1998, ses amis, comme pour se consoler de son absence, se sont réunis à l’occasion d’une exposition au Musée d’ethnologie de Conches à Genève, «Le Vent des routes». Conçue comme un hommage aux multiples talents de Bouvier, l’exposition suivait les sentiers de sa vie: voyageur, écrivain, photographe et iconographe. La Radio suisse romande Espace 2 s’est jointe à la manifestation par une série d’émissions qu’elle propose aujourd’hui sous forme d’un double CD.

Plusieurs témoins évoquent l’homme et son œuvre : Jean Starobinski, Charles-Henri Favrod, Kenneth White, Jean-Marc Lovay, Jacques Lacarrière, l’ethnologue Jacques Meunier, les photographes Jean Mohr et Luc Chessex, ainsi qu’Olivier Bauer qui réalisa un film sur Nicolas Bouvier dans la série TV « Un siècle d’écrivains ».

L’émission nous touche par la chaleur et l’enthousiasme des témoins qui révèlent les aspects de sa personnalité. Le voyage : une allégorie de l’existence, une ascèse, un dépouillement de soi. L’écriture : l’expérience se décante jusqu’au dépouillement pour livrer l’essentiel. La photographie : saisir l’éphémère, mais aussi l’utiliser comme une manière de prendre des notes.  L’iconographie : l’abandon de son ego, au service des autres.

L’émission laisse largement la parole à Nicolas Bouvier commentant les musiques qu’il enregistra lui-même, évoquant des rencontres et des expériences fortes et parfois douloureuses dans les îles d’Aran, de Ceylan ou au Japon, ou encore lisant ses propres textes et surtout ses poèmes.

En quittant Bouvier et ses témoins, le désir nous prend de refaire le chemin, de mettre nos pas dans les siens…

 

Durée des CD :  CD 1  70’      CD 2 64’

Livret : Texte d’Isabelle Rüf. Poèmes lus au micro par Nicolas Bouvier, choisis dans Le Dehors et le Dedans. Dessins et photos.

Bleu immortel. Voyages en Afghanistan (2003, domaine français)

Bleu immortel. Voyages en Afghanistan

En 1939, Annemarie Schwarzenbach et Ella Maillart arrivèrent en Afghanistan après avoir traversé, en voiture, les Balkans, la Turquie et l'Iran. Un goût commun pour les pays lointains avait rapproché la photographe journaliste et l'exploratrice écrivain. De ce voyage elles rapportèrent leurs impressions, transcrites en textes et en photographies. Près de quinze ans plus tard, Nicolas Bouvier suivait leur route jusqu'en Afghanistan, via le Bélouchistan et Kandahar, avant de poursuivre vers le Japon en passant par l'Inde et Ceylan. C'est la première fois qu'un livre réunit les écrits et les photos de ces trois écrivains voyageurs, suisses et célèbres. Leurs regards sur l'Afghanistan, à la fin des années 30 et au début des années 50, sont précieux aujourd'hui où l'on tend à ne plus voir, de ce pays, que l'époque des talibans. Et leurs textes sur le goût du voyage en disent plus sur leurs ressemblances que sur leurs différences: ils sont habités par une géographie de l'infini.

Le Hibou et la baleine (2003, Minizoé)

Le Hibou et la baleine

Dans ce petit livre sont réunis de façon brève et fulgurante tous les thèmes chers à Nicolas Bouvier : du bestiaire fabuleux aux axes du monde et au « point de non-retour », de la figure du corps sidéral et du corps écorché à la volonté constante d’apprivoiser et de conjurer la mort.

Ce parcours contient dix haltes et accompagne le film magnifique de Patricia Plattner, Le Hibou et la Baleine.

Postface d’Anne Marie Jaton

 

DVD: Le Hibou et la baleine (2003, domaine français)

DVD: Le Hibou et la baleine

Histoires d'une image (2001, domaine français)

Histoires d'une image

Nicolas Bouvier, l'oeil alerte. La curiosité à vif, l'esprit gourmand, s'arrête sur une image qu'il redécouvre avec surprise. Il la sort du dossier où elle dormait, la regarde, l'écoute, la déplie, la lit, comme le pêcheur la rivière pour savoir où et comment y vit le poisson. Une histoire alors prend forme et vie, s'inscrivant à nouveau dans le cours du temps.

Bouvier, chercheur d'images et mémorialiste du cosmos, a composé ainsi, au cours des années de sa collaboration au Temps stratégique, une suite souple et libre de textes sur images, aux harmonique variées et fines, érudites et sensuelles, drôles et critiques.

L'image est le point de départ et le point d'arrivée : entre deux les mille formes du voyage, mais brèves et ramassées : récit d'aventures intérieures et extérieures, découvertes et mystères, dialogues entre les époques et les siècles, les lieux, les mondes et le sphères, le nord, l'est et l'ouest, les hommes et les femmes - avec une préférence nette pour les enfants et les animaux qui sont fidèles et fiables, d'où l'importance immémoriale des ânes -, les hommes célèbres ou non, les écrivains, les musiciens, les cartographes et les calligraphes, les astrologues et les observateurs de tous les règnes.

Le monde est riche, puisque polyphonique:
Bouvier vous l'offre, car, pour lui, tout est affaire de mémoire.

Ouvrage disponible en poche : http://editionszoe.ch/livre/histoires-d-une-image-1

La Guerre à huit ans et autres textes

Les trois textes réunis ici ouvrent une porte sur un sujet rarement traité par Nicolas Bouvier : son enfance. Dans le principal, il raconte, avec cette prose savoureuse qui lui est propre, les étés passés dans la propriété des grands-parents maternels et comment, petit garçon de huit ans, il triompha de l'"une des figures les plus détestées" de son enfance : Bertha, la bonne prusienne.

Disponible en Zoé poche ici : http://editionszoe.ch/livre/la-guerre-a-huit-ans-1

L'Art populaire en suisse (1999, domaine français)

L'Art populaire en suisse

Dans la vapeur blanche du soleil (1999, domaine français)

Dans la vapeur blanche du soleil

Pour la première fois une sélection de photographies de Nicolas Bouvier est rassemblée en un livre. Images essentielles qui font résonner les mots. Ici, le rapport entre poésie et photographie s’instaure et restaure un dialogue entre deux modes d’expression auxquels Nicolas Bouvier tenait particulièrement. Les images nous entraînent sur les routes de Yougoslavie, de Macédoine, de Turquie, d’Iran et d’Afghanistan, puis du Pakistan et à travers l’Inde pour s’arrêter à Ceylan. On croit le voyage fini, pas du tout. Nicolas Bouvier infatigable reprend son sac et nous emmène au Japon. A ses yeux, ce n’est qu’au pays du soleil levant que débute sa carrière de photographe. Il gagnera son billet de retour avec son appareil photo. Nous sommes en 1955, le voyage aura duré plus de quatre ans. Au retour, il range les négatifs dans une boite métallique remplie de grains de riz. Il n’exposera régulièrement que ses photographies du Japon.

 

En 1996, Nicolas Bouvier effectue une grande partie du choix des images pour l’exposition « le vent des routes » qui lui est consacrée. Il sort d’un cartable poussiéreux les tirages originaux effectués au retour du voyage plus tard raconté dans l’usage du monde. Merveilles. Ce sont ces photographies que nous présentons ici ainsi qu’une sélection d’images en couleur prises au cours des vingt dernières années.

Poussières et musiques du monde (1998, domaine français)

Poussières et musiques du monde

Les Chemins du Halla San (1994, Minizoé)

Les Chemins du Halla San

Nicolas Bouvier figure parmi les maîtres contemporains du récit de voyage. Dans son œuvre, Les Chemins du Halla San apparaît comme un texte exemplaire. Publié dans le Journal d’Aran et d’autres lieux, il raconte l’ascension d’un volcan, le Halla San, sur l’île coréenne de Chedju. Mais l’aventure de cette longue randonnée dépasse largement l’expérience personnelle. La Corée, les vicissitudes de son histoire, sa culture, nous sont restituées dans ce qu’elles ont de plus vivant.

Postface de Daniel Maggetti.

Le Hibou et la baleine (1993, domaine français)

Le Hibou et la baleine

 

"Le hibou et la baleine sont pour moi des amis tutélaires qui remontent à l'Arche de Noé. Vous me direz que la baleine n'était pas dans l'Arche, c'est vrai; elle batifolait autour avec cette anxiété maternelle des mammifères marins qui depuis toujours nous portent et témoignent une affection à laquelle nous ne comprenons goutte parce que nous sommes si cons. Quant au hibou, toujours perché sur la barre du gouvernail, son hululement faisait office de sirène et signalait les sommets à fleur d'eau ou les grosses souches à la dérive. Quatre mille ans ont bien pu passer, jamais aujourd'hui je n'entends son cri sans nostalgie et gratitude."

 

NICOLAS BOUVIER a toujours souhaité éditer un album de textes et d'illustrations, comme un livre d'enfant, où il ferait découvrir les images qui l'ont accompagné dans son oeuvre. Le voici. Il révèle avec humour son besoin de totems, aussi fort que celui d'un chasseur magdalénien, et sa longue activité d'iconographe.

 

PATRICIA PLATTNER a réalisé un film sur Nicolas Bouvier, sous le même titre.

Coffret contenant le livre et la copie vidéo du film Nicolas Bouvier, Le Hibou et la baleine

"Le hibou et la baleine sont pour moi des amis tutélaires qui remontent à l'Arche de Noé. Vous me direz que la baleine n'était pas dans l'Arche, c'est vrai; elle batifolait autour avec cette anxiété maternelle des mammifères marins qui depuis toujours nous portent et témoignent une affection à laquelle nous ne comprenons goutte parce que nous sommes si cons. Quant au hibou, toujours perché sur la barre du gouvernail, son hululement faisait office de sirène et signalait les sommets à fleur d'eau ou les grosses souches à la dérive. Quatre mille ans ont bien pu passer, jamais aujourd'hui je n'entends son cri sans nostalgie et gratitude."

 

NICOLAS BOUVIER a toujours souhaité éditer un album de textes et d'illustrations, comme un livre d'enfant, où il ferait découvrir les images qui l'ont accompagné dans son oeuvre. Le voici. Il révèle avec humour son besoin de totems, aussi fort que celui d'un chasseur magdalénien, et sa longue activité d'iconographe.

Le Courrier, la courroie, ta bonne lettre: extrait

Thierry Vernet à Nicolas Bouvier

[24 – 26 octobre 1954]

Dans le train, le 24 oct. 54

C’est 10 h 20

Kokoš[1] vieux frère,

Réjouis-toi, réjouis-toi, du bled que tu vas voir. L’anti-Dacht-e Lut[2]. Des arbres immenses, des flaques de mousson qui font bayous. C’est plein d’oiseaux bleus, j’ai vu deux singes, un qui foutait le camp en montrant son gros cul gris, un autre qui regardait passer le train en grignotant sur une branche ; des mandas sauvages[3]. Formide.

Et du vert, du vert, du vert à perte de vue. Savanes, jungle. Beaucoup de fraîcheur.

Le voyage se passe très bien. J’ai largement la place de m’étendre, j’ai pioncé la nuit dans mon sac. J’étais super pépé et le foie qui tirait un peu. J’ai bouffé que des pommes. Mais ce voyage est nettement vacances. Je suis accroupi sur un plumard et ça roule. Tout à l’heure j’ai fumé une sèche sur le pas de la porte, les pieds dans le vide. On a traversé un grand fleuve où des gosses à poil se trempaient.

Tout va bien. Et toi ?

Le Parigot du Y.M.C.A., Georges Bernard[4], peut t’être utile. […] J’ai visité l’intérieur du Red Fort avant de prendre le train, trop exaspéré par les immondices vues avant, trop nak[5] pour apprécier. Mais il y a des miniatures bien, réjouissantes au petit musée, dans le jardin. Très Münchhausen. C’est vraiment immense ce pays. Les feuilles ont la place d’être larges. Les routes ont l’air excellentes, en terre-rouge-tennis. Tu vas voir ça plus par le menu ; veinard. Moi je passe pfouitt. Genre <Carolinetémélèze>. Bled à faire à pic. De nouveau c’est la cambrousse qui est chouette. J’ai un bon bouquin de short stories amerlo et anglais. S. Anderson, Joyce, Munro, K. Mansfield. Pas dur. Tu liras ça à Ceylan. Bonne journée.

*

14 heures

On traverse une Beauce sans limite. Ciel gris fer chargé d’eau, palmiers noirs. Quel bled ! Je viens d’être sage au w[agon]-restaurant : je n’ai pris qu’un peu de beurre sur mon riz à la place des excellents, variés, parfumés petits légumes que mes voisins extrayaient de petits pots.

*

Tout à l’heure, dans un pré un chien poursuivait un singe. C’est des grands singes à longue queue, la Philippine tient pour Ceylan[6]. Il y en avait un sur le toit d’une ferme assis peinard. C’est des voyous dégingandés. Sympas.

*

Voilà vingt-quatre heures qu’on roule. On est à Warda, départ des campagnes de Gandhi. Grande gare. Carrefour de toutes les lignes. On vient de passer des Rumas rouges et larges, pleins d’Adias bien drapées, au cul souple.

 

*

le 25

Réveillé, lavé de A à Z, rasé. La Capstan[7] entre deux doigts, l’esprit clair ; heureux. On vient de passer Bezwada, on n’est pas loin de la mer. Il a dû pleuvoir. Ciel normand, flaques brunes, et du vert. Sur un large canal des bateliers, immenses, noirs, à poil, poussaient leur gaffe. Y a des palmiers. Des villes de paillotes, une boue pire qu’à Gumkhalla. Des mandas qui ont des cornes qui traînent jusque par terre. Et heureux retour des familles de cochons noirs à long nez. Le colonel avec lequel je partage le compartiment est un gros brave, noir, de Malabar qui rentre du Cachemire sa valise pleine de pommes. À la gare de Bezwada une vieille noble en palanquin. Ça masse pas mal. Tu vas griller cinquante films je l’espère. Je suis navré de n’avoir point d’appareil. Fais-en beaucoup, je t’en conjure. De l’horrible (mendiant) à l’adorable (petite fille à poil) y a du champ, sans oublier les grands coquins de singes si tu peux.

Dans le train, hier soir, y avait un gros saint tondu, joker et moustachu auquel tout le monde venait embrasser les panards.

Mon vieux, je serai ce soir à Madras, je t’y enverrai ce griffonnage (because le train bouge). De là je vais ou vaguer ou voler à Colombo. Regarde bien, à Delhi la gueule qu’ont les écureuils, dans les arbres des avenues. Je sais qu’ils te plairont.

Mon vieux j’espère que tu repiques, que tu peux un peu bosser. J’espère que la courroie convient[8]. À bientôt, živio[9], je t’embrasse. Guéris vite, rapplique, cet hiver sera une fête. Attends Ceylan pour tes achats, il paraît que c’est si peu cher. Fais toutes mes amitiés à l’archange[10]. Mille trucs encore,

Thierry

 

26 oct.

Après une nuit passée à l’excellent hôtel (11 Rupees) Woodlands à Madras, j’ai pris l’avion (75 Rupees) et suis bien arrivé à Colombo. Mousson. C’est beau. Pour le moment Y.M.C.A., bientôt cul nu, j’espère. T’embrasse

Thierry

 

[1] « Poule », en serbo-croate.

[2] Désert de la province de Kerman, dans le Sud-Est de l’Iran, particulièrement chaud et aride. Bouvier et Vernet l’ont traversé en juillet 1954 (voir Nicolas Bouvier, L’Usage du monde, Paris, La Découverte, « Poche », 2016, pp. 262-271). Nous abrégeons désormais cet ouvrage Usage.

[3] Du turc manda qui signifie « buffle » ; voir Peindre, écrire, p. 263 : « … ces adorables buffles qu’on appelle des “manda” en Turquie. »

[4] Vernet a fait halte à l’hôtel de la Young Men’s Christian Association de New Delhi ; voir la mention de Georges Bernard dans Thierry Vernet, Noces à Ceylan, Lausanne, L’Âge d’Homme, 2010, p. 18 (ouvrage désormais abrégé Noces).

[5] De l’anglais « knackered », « claqué ». Bouvier et Vernet l’écrivent parfois aussi « nac » ou « nack ».

[6] Bouvier et Vernet jouent à « Bonjour Philippine », un jeu où deux personnes, s’étant partagé deux amandes jumelles, conviennent que la première qui dira à l’autre « Bonjour Philippine », après un délai ou à un moment convenu – ici l’apparition d’un singe –, sera la gagnante ; voir Peindre, écrire, p. 227.

[7] Cigarette sans filtre de la firme britannique Imperial Tobacco.

[8] À New Delhi, Vernet a acheté une courroie de moteur pour la Topolino, qu’il a envoyée à Bouvier ; voir Noces, p. 13.

[9] En serbo-croate, Živio est un mot d’encouragement ou d’acclamation (vivat!) qui sert aussi à dire « santé ! ».

[10] Claude Petitpierre (1912-2008), alors médecin pour l’O.M.S. à Kaboul, dont les soins prodigués à Bouvier et Vernet lui ont valu ce surnom. Frère de Max Petitpierre, c’est un oncle d’Éliane Petitpierre, la future femme de Nicolas Bouvier.