parution mai 2021
ISBN 978-2-88927-899-2
nb de pages 336
format du livre 105 x 165 mm
Starlight (poche)
Roman traduit de l'anglais par Christine Raguet
résumé
Franklin Starlight mène une existence solitaire au cœur de l’Ouest canadien. Jusqu'au jour où il recueille sous son toit Emmy et sa fille Winnie, prêtes à tout pour rompre avec une existence sinistrée.
En les emmenant dans la nature, en leur apprenant à la parcourir et à la comprendre, Starlight leur permettra de panser leurs plaies, de retrouver confiance. Mais c’est compter sans Cadotte, l’ex-compagnon d’Emmy, résolu à la traquer jusqu’aux confins de la Colombie-Britannique.
Dans ce roman lumineux, on retrouve Frank, le héros désormais adulte des Étoiles s’éteignent à l’aube.
Richard Wagamese, né en 1955 en Ontario, est l’un des principaux écrivains indigènes canadiens. En activité depuis 1979, il a exercé comme journaliste et producteur pour la radio et la télévision, et est l’auteur de treize livres publiés en anglais par les principaux éditeurs du Canada anglophone. Wagamese appartient à la nation amérindienne ojibwé, originaire du nord-ouest de l’Ontario, et est devenu en 1991 le premier indigène canadien à gagner un prix de journalisme national. Depuis lors, il est régulièrement récompensé pour ses travaux journalistiques et littéraires. Il est notamment le lauréat du Prix national de réussite indigène pour les médias et les communications 2012, et du prix 2013 du Conseil canadien des arts.
Parmi ses derniers romans en date, Indian Horse est sorti en février 2012 et a été récompensé par le prix du public lors de la Compétition nationale de lecture du Canada. En 2013, Wagamese a publié Him Standing, paru chez Orca Press. Medicine Walk (traduit en français sous le titre : Les Etoiles s'éteignent à l'aube) est quant à lui sorti chez McClelland & Stewart en avril 2014. Starlight, son ultime roman, paru à titre posthume en anglais en 2018, paraît en français aux éditions Zoé en août 2019.
Richard a reçu le titre de docteur ès lettres honoris causa à la Thompson Rivers University de Kamloops en juin 2010 et à la Lakehead University de Thunder Bay en mai 2014. Il a été invité en 2011 pour donner des cours d’écriture à l’université de Victoria.
Richard Wagamese s'est éteint en mars 2017, à l'âge de 61 ans.
« Richard Wagamese est un conteur-né » Louise Erdrich
« un trésor national » Joseph Boyden
"Starlight" de Richard Wagamese, lauréat du prix Au fil des pages (Estuaire et Sillon)
L'appel des Livres
« La nature, guérisseuse des âmes blessées. »
Au cœur de roman Starlight : écouter la lecture de Muriel Michel ici
Arcinfo
"Dans une tension à couper le souffle, Richard Wagamese raconte comment Emmy s’échappe du joug sordide de Cadotte, un homme brutal et colérique qui se met à les (Emmy et sa fille) pourchasser. Saisissante également, la façon dont Franklin poursuit les loups, et les photographie. Dans ce roman passionnant, Richard Wagamese raconte la nature avec des mots très évocateurs, tout en prenant soin de créer une attente et de lui laisser sa part de mystère." Laurence de Coulon
L'Amour des livres
"Le dernier roman de l'écrivain ojibwé, mort pendant son écriture, est solaire et revigorant."
"C'est le récit d'une initiation, d'une renaissance au coeur des forêts canadiennes. Un roman puissant et inoubliable !"
"Ce dernier roman de Richard Wagamese a beau être inachevé car l'auteur est décédé avant d'y mettre le point final, c'est un GROS coup de coeur. Une histoire bouleversante d'humanité, les descriptions de moments dans la nature sont à couper le souffle, avec un message porteur de sens. C'est un petit bijou et même si la fin n'est que suggérée, c'est du plus grand effet !"
"Wagamese nous laisse avec Starlight un testament plein d'émotions, une ode à la nature sauvage et rédemptrice. Ultime, face au monde des hommes, cruel et incertain. Une quête, une fable inachevée?"
"Starlight", coup de cœur de Librophoros pour l'été 2021
"Traquées, une mère et sa fille trouvent refuge chez un solitaire au grand cœur. Une rencontre salvatrice où les animaux, et les mystères de la forêt canadienne, occupent le premier rôle. En magicien des âmes, Wagamese raconte la renaissance d’une vie meurtrie, dans un texte qui sent bon le feu de cheminée."
"Dernier ouvrage de cet auteur magnifique (toute son oeuvre est à lire absolument !) La nature y est un personnage à part entière, où on puise force, violence, calme et rédemption. Un livre puissant !"
"Le dernier roman de Richard Wagamese est une splendeur, une pure célébration de la nature salvatrice."
"Wouah ! Que vous aimiez ou non les grands espaces, ce livre est fait pour vous !" Pauline
"Retrouvez Starlight, la force, la sagesse, les blessures soignées, cette nature si sauvage en lui. Le dernier roman de Wagamese, toujours aussi touchant et prenant. Saluons-là le beau travail des éditions Zoé." Frédérique
Franklin Starlight a tout juste seize ans lorsqu'Eldon, son père ravagé par l'alcool, le convoque à son chevet et lui demande de l'emmener là où on enterre les guerriers. Commence un voyage d'initiation et de résilience dans le cœur sauvage de la Colombie britannique.
Traduit de l'anglais par Christine RaguetStarlight (2019, écrits d'ailleurs)
Quand Franklin Starlight ne s’occupe pas de sa ferme, il part photographier la vie sauvage au cœur de l’Ouest canadien. Mais cette existence rude et solitaire change lorsqu’il recueille sous son toit Emmy et sa fillette Winnie, prêtes à tout pour rompre avec une existence sinistrée.
Starlight emmène bientôt les deux fugitives dans la nature, leur apprend à la parcourir, à la ressentir, à y vivre. Au fil de cette initiation, les plaies vont se refermer, la douleur va laisser place à l’apaisement et à la confiance. Mais c’est sans compter Cadotte, l’ex-compagnon alcoolique d’Emmy, résolu à la traquer jusqu’aux confins de la Colombie-Britannique.
Dans ce roman solaire et inspiré, on retrouve Frank, le héros désormais adulte des Étoiles s’éteignent à l’aube.
Roman traduit de l'anglais par Christine RaguetJeu blanc (2017, écrits d'ailleurs)
Cloîtré dans un centre de désintoxication, Saul Indian Horse a décidé de raconter son histoire : son enfance au cœur du Canada, bercée par les légendes et les traditions ojibwés, rythmée par la récolte du riz et la pêche ; son exil à huit ans avec sa grand-mère, suite à un hiver particulièrement dur ; son adolescence, passée dans un internat où des Blancs se sont efforcés d’effacer en lui toute trace d’indianité. C’est pourtant au cœur de cet enfer que Saul trouve son salut, grâce au hockey sur glace. Joueur surdoué, il entame une carrière parmi les meilleurs du pays. Mais c’est sans compter le racisme qui règne dans le Canada des années 1970, même au sein du sport national.
On retrouve dans Jeu blanc toute la force de Richard Wagamese, son talent de nature writer et sa capacité à retranscrire la singularité et la complexité de l’identité indienne, riche de légendes, mais profondément meurtrie. Le roman a d’ailleurs été récompensé par le Burt Award for First Nations, Métis and Inuit Literature.
Traduit de l'anglais (Canada) par Christine RaguetLes Étoiles s'éteignent à l'aube (2016, écrits d'ailleurs)
Lorsque Franklin Starlight, âgé de seize ans, est appelé au chevet de son père Eldon, il découvre un homme détruit par des années d’alcoolisme. Eldon sent sa fin proche et demande à son fils de l’accompagner jusqu’à la montagne pour y être enterré comme un guerrier. S’ensuit un rude voyage à travers l’arrière-pays magnifique et sauvage de la Colombie britannique, mais aussi un saisissant périple à la rencontre du passé et des origines indiennes des deux hommes. Eldon raconte à Frank les moments sombres de sa vie aussi bien que les périodes de joie et d’espoir, et lui parle des sacrifices qu’il a concédés au nom de l’amour. Il fait ainsi découvrir à son fils un monde que le garçon n’avait jamais vu, une histoire qu’il n’avait jamais entendue.
" (...) Les étoiles s’éteignent à l’aube. Transmission, en un souffle, de la beauté puissante de la nature sauvage et de la complexité des vies humaines, à lire d’une traite, parfois les larmes aux yeux, frappé par l’écriture concise, forte et juste. L’auteur, Richard Wagamese appartient comme ses personnages à la nation objiwé et a déjà écrit une dizaine de livres. Son dernier roman paru est le premier traduit en français, dans la collection « écrits d’ailleurs » qui édite des textes d’auteurs anglophones qui « ont pour point commun d’avoir une double culture, et une écriture riche de métissages ». Il sera présent au très beau festival Etonnants voyageurs de Saint-Malo, du 14 au 16 mai." Lou, Un dernier livre avant la fin du monde, 1.4.16
Roman traduit de l'anglais (Canada) par Christine RaguetStarlight (poche): extrait
Starlight s’assit sur les talons et les regarda courir. Dans le rayon de lune, ils apparaissaient tels des éclats d’ombres entre les arbres. Cette façon de se déplacer à grandes enjambées, de se baisser. Lorsqu’ils arrivèrent dans la clairière, le leader se tapit, avançant lentement, les oreilles rabaissées sur le crâne, le nez tout près du sol. Le reste de la meute demeura à l’abri des arbres. Le plus gros tourna la tête, puis releva le museau, renifla l’air et, pendant un instant, fixa des yeux l’homme sur les rochers, ensuite il baissa la tête comme s’il la hochait et progressa à pas feutrés à découvert. Les autres loups se déversèrent de l’ombre et l’entourèrent. Dans l’attente. Starlight discerna dans le bleu luminescent de la lune les nuages de vapeur que libérait leur souffle. Ils s’assirent sur leur arrière-train, langues pendantes comme des chiens, et quand ils faisaient jouer leurs mâchoires, il entendait le claquement de leurs langues contre leurs canines, aiguisées et cruelles, ainsi que le geignement et le gémissement des paroles des loups. Le mâle alpha était assis comme une pierre, les yeux attentivement fixés sur les rochers. Starlight sentait les muscles de ses cuisses s’échauffer, mais il tint la pose, ne quittant pas du regard l’ombre massive du loup dans la clairière. Starlight respirait par la bouche. Le grand loup releva la tête et la fit pivoter pour renifler le vent ; quand il fut satisfait, il s’immobilisa et Starlight fut impressionné par sa taille. Le loup marcha lentement devant les rochers et les autres le suivirent ; quand il se mit à trottiner, ils lui emboîtèrent le pas en silence. Starlight attendit que le dernier eût disparu, alors il sortit des rochers et commença à courir derrière eux.
Il courait avec aisance. Comme un loup. Il se courba davantage vers le sol et progressa à grandes enjambées, ses pieds effleurant sans un bruit les broussailles basses et quand il trouva l’allure de la meute, il obliqua vers les arbres et prit un chemin parallèle au leur, les gardant à sa droite tout en évitant sans peine les pins et les sapins, sa vision nocturne avivée par l’habitude. Il courait à leur rythme, aussi alerte qu’eux après les premiers trois cents mètres.
Ils grimpèrent sur le versant d’une crête et il entendait la poussée de leurs pattes arrière labourer l’escarpement ; il suivit les éboulis tout au long du raide dévers. C’était une montée difficile, mais il la gravit en courant. Lorsqu’il franchit le sommet, il les vit rassemblés au milieu des arbres. Le grand mâle se retourna pour regarder par-dessus son épaule. Starlight vit le chatoiement de ses yeux et se sentit pétrifié par ce regard. Il s’arrêta et demeura debout, en pleine lumière, dos à la paroi. Le ciel vide derrière lui. Le clair de lune. Il n’avait nulle part où aller, il resta donc là, respira, attendit et observa le loup qui gardait les yeux fixés sur lui, ouvrait la gueule, laissait pendre sa langue et soufflait si fort qu’un instant Starlight eut l’impression qu’il riait, puis il tourna la tête et examina les arbres sur le replat. Les autres étaient patiemment assis. Aucun ne se retourna. Le leader se releva lentement, fit le dos rond, s’étira, et les autres l’imitèrent. Ensuite, ils démarrèrent. De concert. Il s’émerveilla devant cette capacité à communiquer par la pensée, leur langage imperceptible, façonné par le pouvoir de l’intention ; quand ils se furent éloignés d’une vingtaine de mètres, il repartit à grandes enjambées et les suivit.
Le paysage défilait, sans effort, au milieu de la forêt de conifères sur la crête, et sa course n’était pas entravée par les broussailles. À la place, il y avait quelques houx, des spécimens de jonc des montagnes, ici et là les formes inertes des arbres tombés, des troncs pourrissants au-dessus desquels il sautait d’un bond tout en conservant l’allure tranquille des loups en maraude.
Il ne portait rien qu’un petit sac dans le dos. Il n’avait pas de gants malgré le froid et ses vêtements étaient lâches et chauds. Ses chaussures étaient façonnées à partir de peau d’orignal et lacées serrées. Leurs semelles étaient faites d’épais morceaux de feutre et il sentait les moindres aspérités et irrégularités du territoire qu’il traversait ; les traces qu’il laissait n’étaient que de simples ébauches. La fonction de ses chaussures était d’envelopper ses pieds, si bien qu’il avait la sensation d’être pieds nus tout en étant protégé. Elles lui permettaient de courir sans bruit. Ses cheveux étaient courts, très ras, une coupe sévère de type militaire. Il ne risquait pas de s’attraper ou de s’accrocher à quoi que ce soit, même les jambes de son pantalon étaient soigneusement enfilées dans le haut de ses chaussures et ses manches boutonnées serrées autour de ses poignets. Il courait parallèlement aux loups sans faire le moindre bruit.
Soudain, ils obliquèrent brusquement et se propulsèrent en décrivant des zigzags étroits pour gravir un à-pic presque dépourvu d’arbres et parsemé de pierres et de rochers de la taille d’un panier à linge, de sorte qu’il dut s’agripper et se cramponner à des arbrisseaux pour se hisser vers le sommet tout en courant. Il suivait leur chemin. Ses poumons lui faisaient mal et les muscles de ses mollets protestaient, ses cuisses et ses fesses brûlaient sous l’effort, mais il continua. L’aride mur rocheux était à quelques pouces de son visage et il sentait l’odeur du lichen sur les pierres. Sèche. Poussiéreuse. Presque métallique. Il mit ses pieds en biais afin d’avoir une meilleure prise sur la paroi et lutta plus fort contre la gravité qu’il sentait peser sur lui. Les loups franchirent le faîte et disparurent. Il prit de plus profondes inspirations et força ses muscles à travailler ; il sentait la tension dans son cou et ses épaules. Quand, tout tremblant, il finit par atteindre l’arête de la crête, il était épuisé ; il se pencha en avant, les mains sur les genoux, respira par la bouche et leva les yeux pour essayer de localiser les loups.
Ils étaient couchés sur un rocher pentu qui dépassait de l’extrémité de la saillie. Derrière eux, la lune étincelait comme un œil gigantesque. Le mâle alpha était le seul à être assis, face au disque lunaire scintillant, la tête légèrement relevée, semblable à un enfant empli d’émerveillement. Starlight reprit son souffle rapidement et se releva de toute sa hauteur. Le loup tourna la tête. Ils s’observèrent : l’homme se sentit percé à jour, vu dans son intégrité ; il n’y avait pas de peur en lui, seulement du calme, le même que dans le regard résolu du meneur de la meute. Le loup se dressa. Il balayait du regard l’ensemble du tapis des cieux moucheté d’étoiles et Starlight suivit ses yeux. L’univers, profond et éternel, était suspendu au-dessus d’eux : solennel et franc comme une prière.
Le loup se rassit et sembla étudier le panorama. Puis il souleva son nez et lança un hurlement glaçant face à la lune et aux étoiles éparpillées autour. C’était un cri aigu et perçant qui amena tous les autres à s’asseoir, les yeux rivés sur le grand disque argenté. Starlight fit glisser le sac de son dos, en sortit un appareil photo et un téléobjectif, qu’il s’empressa de visser sur le boîtier. Il se dégagea sur le côté de façon à voir les loups de profil. Ils restèrent parfaitement immobiles. La douzaine qu’ils étaient, comme des condisciples réunis devant un sanctuaire. Il s’agenouilla, fit le point sur le leader, respira, doigt sur le bouton de l’obturateur. Il avait cadré sur la face grêlée de la lune et la tête du loup dominant. Quand celui-ci releva le museau Starlight ajusta la mise au point, et quand il ouvrit sa gueule pour hurler, il le laissa japper les premières syllabes, puis appuya sur le déclencheur en cet instant rare et singulier. Les loups se retournèrent au bruit émis par l’appareil. Ils étudièrent Starlight. Il les surprit dans le viseur avec la pleine lune en arrière-plan et fit une autre photo. Ils l’observèrent. Puis ils tournèrent de nouveau leur attention vers les cieux et se mirent à hurler. Il le ressentit dans sa colonne vertébrale. Il le ressentit dans son ventre. Il démonta l’appareil et le remit dans le sac qu’il rejeta sur son dos avant de faire demi-tour et de longer à nouveau la lèvre de la crête, puis de redescendre sans se retourner. Leur hurlement, ancien, puissant. Les loups suivirent Starlight jusqu’au plus profond de la nuit.