parution août 2023
ISBN 978-2-88907-280-4
nb de pages 176
format du livre 140x210 mm

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Jérémie Gindre

Tombola

résumé

Zita perdue dans le brouillard des Hautes-Alpes, Espe aux prises avec un sapin tombé sur le toit du chalet familial, Joanne jouant de malchance sur son vélo au Québec: dans ces sept nouvelles, Jérémie Gindre pousse ses personnages hors de leur train-train quotidien pour les cueillir dans un moment de solitude. Se met alors en marche la réflexion de chacune de ces femmes, à la pensée vive et indocile. Surprise, tension, accident ou ravissement les attendent en chemin, dans un environnement peuplé d'animaux et sous influence de la météo.

biographie

Né à Genève en 1978, Jérémie Gindre est un artiste et écrivain suisse qui a décidé de ne pas choisir entre arts plastiques et littérature. Sa pratique comprend l’écriture comme le dessin ou l’installation, et explore ici des thèmes aussi variés que la formation des orages, les techniques de chasse préhistorique ou le folklore western. Il a notamment publié On a eu du mal aux éditions de L'Olivier en 2013, Pas d'éclairs sans tonnerre (Zoé, 2017) et Trois réputations (Zoé, 2020).

Marie Claire Suisse

"Son troisième recueil, placé sous le signe du hasard, de la chance peut-être, mais aussi de l’arc-en-ciel, combine des portraits de femmes saisies dans un moment où l’indépendance, revendiquée, révèle quelques désagréments, ou du moins des surprises. Le ton est vif, légèrement désinvolte, mais frappe surtout par la justesse intuitive du trait, qui rend chacune de ces femmes extrêmement familière dans ses réactions, ses envies, ses contradictions parfois. Carton plein !"

RTS - Culture (QWERTZ)

"Ticket gagnant pour la "Tombola" de Jérémie Gindre"

"Tout, absolument tout dans Tombola est extrêmement bien documenté, écrit avec une grande précision et subtilité. (…) C’est sans aucun doute la manière qu'a l’auteur de traiter les paysages qui donne à Tombola sa plus grande force. A la fois révélateurs et catalyseurs, ils influencent les personnages, participent à la construction de leurs pensées et deviennent parfois instruments de rééquilibrage et d’apaisement. Ils leur offrent de percevoir les événements et leur biographie différemment et donc de changer de point de vue, d’ouvrir de nouvelles perspectives. (…) Des histoires simples en apparence, mais contenant chacune une profondeur et un décentrement sur lesquels il est difficile de ne pas méditer une fois le livre fermé."

Un entretien de Jérémie Gindre avec Céline O’Clin à écouter ici

Viceversa littérature

"Les réactions humaines, la capacité à faire preuve de solidarité, d’empathie, de courage, les sentiments de peur, de découragement, les élans d’espoir transparaissent, grâce à une focalisation interne habilement intégrée au parti pris d’une narration à la troisième personne. (…)
Jérémie Gindre propose une intéressante réflexion sur les relations que les êtres humains entretiennent entre eux et avec leur environnement, ainsi que sur le rôle que jouent les forces de la nature, le hasard, les coïncidences. Il livre une vision un peu ironique de notre conception des loisirs, du voyage, de l’aventure, montrant à quel point notre perception des paysages et notre conception du voyage est influencée par des images et des injonctions socio-culturelles. Son ton est vif et ludique. Il passe fluidement de la description des lieux aux sentiments des personnages, émaillant le texte d’expressions idiomatiques qui leur donnent la couleur de la région où elles se déroulent, nous faisant voyager du Jura au Québec, en passant Keswick…"

Un article de Claudine Gaetzi à lire ici

Mare Nostrum

"L’auteur saisit admirablement le vertige de trajectoires personnelles en équilibre sur une ligne de crête et qui, à tout moment peuvent basculer d’un côté comme de l’autre. Dans la solitude ou à plusieurs, il s’agit de faire le point, à l’image de Saskia qui vient passer quelques jours chez son père après s’en être éloignée pendant plus de dix ans, où Willa qui découvre, en faisant du ménage dans le vieux PC de sa mère que ses parents aimaient se prendre en photo, nus, devant des monuments historiques. Incrédule, elle décide alors d’aller mener l’enquête sur place : “Quatre heures de voiture pour comprendre le pourquoi de ces fesses à l’air, et peut-être, percer le secret d’une vie épanouie. C’est peu ou beaucoup trop, mais comment savoir à l’avance ?
(…)
Si elles évoquent chacune à leur manière le thème de la chute, les nouvelles de Jérémie Gindre ne sont pas en revanche des nouvelles à chute. Leur intérêt réside moins dans les actions qui les structurent que dans leur capacité à disséquer le réel. Les situations de départ, où les personnages sont amenés à quitter le tracé rassurant de leur routine quotidienne, permettent de faire émerger des fêlures invisibles au premier regard. Avec Tombola, et pour le plus grand plaisir du lecteur, c’est un peu comme si Katherine Mansfield avait croisé la route de Nicolas Bouvier."

Une chronique de Jean-Philippe Guirado  à lire ici

L'Année du livre (Uni Fribourg)

"L’écriture de Jérémie Gindre est réaliste : pas de dramatisation artificielle, de personnages héroïques, de rebondissements improbables et de retournements passionnants. Le langage est simple mais soigné, il est efficace. Le ton du narrateur, ou celui des personnages, rendu par le discours indirect libre, est teinté d’un humour pince-sans-rire, qui vient rappeler à chaque instant le cocasse de la vie.

Tombola, comme son nom l’indique, nomme et contient les jeux que Jérémie Gindre provoque entre l’ordinaire et l’extraordinaire, entre le hasard et le tout-tracé. (…) Le dialogue entre les éléments est incessant et rend compte de la complexité irréductible de la réalité, même la plus ordinaire."

Une chronique de Clélie Vuillaume à lire ici

L'Alsace

"À chaque étape, de petits faits courants et curieux. Pas de chute, sauf celles du Niagara sur lesquelles tombe le rideau final. On ne va pas s’en plaindre, le suspense et la surprise, c’est le lot des tombolas." P.M.

L'Or des livres

"Tombola s'apparente à une sorte d'album photographique et kaléidoscopique de voyage. Dans un jeu de miroirs produisant de nombreuses combinaisons de motifs se faisant écho, Jérémie Gindre y suit en effet une héroïne multiple sous des ciels différents dans une succession de moments singuliers, se montrant très sensible à ces paysages naturels grandioses ou marqués par l'histoire qu'apprécient les touristes, ainsi qu'aux variations des éclairages saisonniers et aux caprices de la météo. (…)

Jérémie Gindre nous conte sur un ton très personnel, avec beaucoup d'humour et de poésie, de petites histoires bien insérées dans notre époque qui ramènent l'homme à plus de modestie devant cette nature qu'il ne pourra jamais véritablement domestiquer ni dominer."

Une chronique d’Emmanuelle Caminade à lire ici

La Liberté

"Scènes de genre, où l’indocilité des unes affronte la fragile fatuité des autres, dont l’arc narratif est comme plié par la force des éléments naturels, dispensant ainsi de l’incertitude au cœur de ces intrigues qui restent toujours ouvertes, riches en symboles, souvent traversées par la chute - d’un arbre, d’un vélo ou de l’histoire. Comme autant de cartes postales illustrant l’envers touristique, ces sept nouvelles mettent à nu la manière dont le paysage a été reconfiguré par ou pour les masses, dessinent au passage une rigoureuse cartographie des manières d’être au cœur d’un environnement qui nous dépasse. Une réussite." Thierry Raboud

La Côte

"Espe hésite à fuir devant le spectacle de son chalet au toit crevé par un sapin, Anna remporte une dent cassée à la tombola, et Cherline se trouve aux prises avec le souvenir d’un rendez-vous manqué aux chutes du Niagara. Dans ces nouvelles, Jérémie Gindre capte l’esprit des lieux des Hautes-Alpes, du Jura ou du Canada, et explore aussi les relations humaines dans un moment de frottement et de solitude. Bouleversant, comme cette visite ratée des chutes avec une cousine venue d’Haïti, ou renversant, comme la maladresse de ce «con qui se prenait pour un héros du Moyen Age», maître fauconnier de métier." Laurence de Coulon

Le blog de Francis Richard

"Jérémie Gindre emmène le lecteur dans des lieux différents, qui ont en commun de le dépayser - faune et flore y jouent un rôle singulier et bien décrit -, et de le faire réfléchir sur les aléas de l'existence, qui n'épargnent personne." Francis Richard

Lausanne cité

"Une lecture intense et ingénieuse."

les-notes.fr

"C’est drôle, fin et virtuose. L’ensemble du recueil met en évidence le talent de raconteur d’histoires de l’auteur. Il dépeint des situations à peine exceptionnelles, des passions et des enthousiasmes presque ordinaires, dans des décors sublimes. Du « nature writing » tranquille, sans enjeux dramatiques." T.R et E.M.

Géothèque

"Du nature writing intime, j'ai adoré!" Audrey

Trois réputations

Que ce soit dans les Alpes du Sud, sur une île perdue des Caraïbes ou dans le désert de Mojave, la nature ici est puissante, aussi belle que vénéneuse. Une sœur caractérielle, un ombrageux Hollandais, un chercheur d’or lunatique : chacun y laissera sa marque avant de rencontrer la fatalité. Les trois ont le charme de l’impulsif, du solitaire et de l’obstiné, et ceux qui racontent leur histoire ne mâchent pas leurs mots. Voici trois novellas, trois destins en miroir, aux refrains qui se répondent et dont les motifs passent d’une aventure à l’autre comme des oiseaux migrateurs.

Pas d'éclairs sans tonnerre

Enfant − puis adolescent – dans les Prairies, Donald est un garçon obstiné qui veut comprendre d’où il vient. Poussé par un instinct archéologique, il n’aura de cesse d’explorer le territoire environnant, à la recherche du pourquoi des choses. Gravures rupestres, cimetière de bisons ou rituel sur une montagne sacrée, les découvertes du jeune homme donnent vie au passé des grands espaces de l’Ouest canadien.

Jérémie Gindre réinvente ici le nature writing avec un style fort et drôle, donnant à ressentir autant qu’à comprendre l’univers de Donald.

Tombola: extrait

Instructions pour quitter le chalet

Difficile de savoir quand ce sapin est tombé. En tout cas la neige a bien eu le temps de s’accumuler et de fondre, vu l’état de l’intérieur. Espe monte en faisant attention, ouvre les volets. Tout l’étage est pourri, les matelas sont imbibés et le sol couvert de débris, de brindilles et d’aiguilles. L’étagère qui servait de bibliothèque est tombée, répandant les livres n’importe où. Les poutres du toit sont déboitées et on voit un peu de ciel à un endroit où le lambris est tombé. Sous les tapis, le plancher est foutu. L’eau a aussi dégouliné dans la cuisine, il y a même encore des gouttes au plafond, mais c’est quand même moins horrible qu’en haut.

Passé le moment de stupeur, Espe sort s’asseoir sur le banc accolé au mur. Dehors, rien n’a changé. C’est le début de l’après-midi. Une boule dans la gorge, elle laisse le bois de mélèze réchauffer son dos. Son T-shirt est encore mouillé de transpiration, à cause de la montée à pied. Elle regarde la montagne en face, les pâturages ternes au-dessus de la forêt, les crêtes couvertes de neige. Elle voit un lézard s’avancer sur le banc. Il la remarque. Il s’en va.

C’est un truc tout bête qui la fait enfin pleurer : en voulant mettre son T-shirt à sécher, elle constate que la corde à linge est cassée. Elle sanglote comme ça debout, en soutien-gorge. Une fois calmée, son premier réflexe est de téléphoner à son frère. Ses parents sont dans un si mauvais état en ce moment qu’il vaut mieux les épargner. Qui sait d’ailleurs quand ils pourront revenir : son père n’a plus le droit de conduire et sa mère a comme un torticolis permanent depuis Noël. Son frère répond alors qu’il est au parc, en train de pousser sa fille aînée sur la balançoire. Espe raconte sa découverte et tente de lui faire un état des lieux raisonnable, mais il n’arrête pas de dire « Ohlala. Oh la merde. Ohlala. » Il lui demande de faire des photos, pour l’assurance. Il aimerait bien monter l’aider mais ces jours-ci ce n’est pas possible. Sa fille se met à criser, elle veut descendre de la balançoire tout de suite, il doit raccrocher.