parution septembre 2020
ISBN 978-2-88927-811-4
nb de pages 128
format du livre 140 x 210 mm

où trouver ce livre?

Acheter en version eBook :
en Suisse / en France

Colombe Boncenne

Vue mer

résumé

Aujourd’hui, Stefan doit annoncer à son équipe une nouvelle qui va bouleverser l’avenir de son entreprise. Mais voilà, ce matin, il ne démarre pas.

Vue mer décrit la comédie humaine quotidienne de nos journées de bureau. Comme dans une famille, le rôle de chacun est attribué une fois pour toutes : Françoise la gentille secrétaire, Bart le tire au flanc, Guy le contestataire, Charlotte la bosseuse, Rita la jeune-et-jolie assistante…  Et Stefan le patron, paternel manipulateur, cynique émouvant.

Seul dans sa voiture immobile, le grand absent de la journée s’adresse à ses collaborateurs, façonne leurs agissements et leurs pensées, sans qu’ils ne l’entendent, ni ne le voient.

biographie

Colombe Boncenne vit à Paris. Elle est notamment conseillère littéraire pour la Maison de la poésie à Paris et Les Correspondances de Manosque. Dans ses deux premiers livres, Comme neige (Buchet Chastel, 2016, prix Fénéon et lauréat du Festival du premier roman à Chambéry), et Vue mer (Zoé, 2020), la mélancolie se traduisait par une ironie tantôt légère, tantôt féroce. Avec La Mesure des larmes (La passe du vent, 2020), l'auteure s'est engagée sur un territoire plus personnel, un sillon qu'elle creuse et poursuite dans Des sirènes.

La Grande Librairie (France 5)

"Vue mer c’est 125 pages avec la densité d’un feuilleton, une chorégraphie très fine de la vie de bureau, des poèmes d’ascenseur et c’est avant tout la patte de Colombe Boncenne. Un grand roman plein de malice."

Coup de coeur de Rosalie Abirached, Librairie De Beaux lendemains (Bagnolet), à réécouter ici (minute 48)

GHI

"La vie de bureau dépeinte par Colombe Boncenne dispose de sa galerie de personnages où chacun joue son propre rôle. (…) Dans cette comédie humaine aux allures de satire sociale, le lecteur est emporté dans un tourbillon alliant drôlerie et gravité."

Figaro Madame

"Colombe Boncenne ne montre aucune maladresse dans sa description d’une journée au bureau. Elle connaît parfaitement le vocabulaire de son monde, les reportings et les n-1, la standardisation des relations sociales, le ton des conversations à la machine à café. Sa maîtrise impeccable de la situation laisse passer une écriture qui s’amuse, joue avec ses règles pour en inventer d’autres. « Éperviers, étourneaux, tournedos, je ne connais pas le nom des oiseaux », tel est le poème d’ascenseur d’Eisa Parteneure. Colombe Boncenne pourrait frapper à la porte de Georges Perec pour lui dire « Coucou, c’est moi, je suis de ta famille ». La conclusion de mon enquête sur les Colombe autrices est qu’il en existe plusieurs genres. La preuve, celle-ci est tout aussi percutante et adroite que malicieuse." Colombe Schneck

RCF limousin

"Une très bonne satire du monde du travail. C’est détaillé, vu de l’intérieur. La fin est saisissante et fait revoir tout le roman d’un autre œil. Remarquable !"

Vue mer, coup de cœur de l’émission "Culture'L", à réécouter ici (minute 19)

Bonheur de lire (blog)

"Ce roman s'annonce comme une satire du monde du travail avec ses coups bas, ses jeux de pouvoir et d'influence. L'auteure invente des personnages dont les noms font sourire (…). Et bien sûr, comme dans tout bon roman, la chute est étonnante et inattendue..."

Une chronique à lire en entier ici

Le Monde

"Un roman d’une malice délicieuse, bourré d'inventivité, qui porte un regard de tendre entomologiste sur nos personnages sociaux et la vie de bureau." Raphaëlle Leyris

RCJ

"Une description minutieuse et terrible de ce que le monde du travail nous offre aujourd’hui : des vies formatées et des rôles assignés. Un roman très juste, drôle et original."

Colombe Boncenne était l'invitée de Caroline Gutmann dans l’émission « Postface », à réécouter ici

Daily Passions

"C’est un court roman exigeant. Il faut commencer par une lecture lente et attentive pour saisir les nuances indispensables. Elles ne sont ni secrètes ni ésotériques. (…)
Nous ne sommes pas comme on pourrait le croire dans un de ces modernes exercices de styles, nous sommes dans un concentré de tranche de vie que l’auteure agrémente d’humour (…)."

Une chronique de Noé Gaillard à lire en entier ici 

Plume au Vent

"L’humour, la satire qui fusent de l’écriture (…), une galerie de portraits, une photographie des comportements, un défilé des habitudes : tout cela brossé dans un style vif, saccadé."

Le Matin Dimanche

"Vue mer est un tableau férocement drôle de la vie ordinaire en open space. (…) Colombe Boncenne ne s’intéresse guère à la vie intérieure de ses personnages ; elle en saisit plutôt la surface à travers leurs gestes, leurs habitudes, leurs choix vestimentaires, leurs manières de se frotter les uns aux autres et de s’irriter. La satire touche juste. Caustique et chirurgical, le roman décrit très finement l’ordre managérial qui est devenu le nôtre." Michel Audétat, Le Matin Dimanche

Le Courrier

"C’est un récit aussi grinçant qu’acéré que signe Colombe Boncenne. Elle se frotte au monde de l’entreprise avec une réjouissante lucidité, brossant un tableau percutant des relations et tensions professionnelles dans le huis clos feutré d’un open space. (…) Pris dans le jeu fluctuant des attirances et des rivalités, chacun joue son rôle à la perfection dans une comédie humaine qui fait défiler une galerie de portraits archétypaux.
On ne saura jamais de quoi s’occupe Bouké et Parteneure, mais peu importe : une série de motifs forment la grammaire universelle du travail en entreprise, du jargon du business teinté d’anglicismes aux médisances lors des pauses cigarettes, en passant par la cafeteria au sommet d’une tour de verre où s’empilent à l’identique les étages de bureaux. (…) Variant les points de vue avec légèreté, Colombe Boncenne parvient à surprendre dans cette satire dont l’humour n’enlève rien à la pertinence."

Un article d’Anne Pitteloud à lire en entier ici

l'Humanité

"Deuxième roman de Colombe Boncenne, Vue Mer étire sur une journée la vie d’une entreprise, observe les moindres gestes, les rivalités et les retournements d’alliance, décortique avec humour la novlangue bourrée d’anglicismes des managers, qui recouvre des tâches vides de sens. Brefs focus sur l’intériorité des personnages, des poèmes d’ascenseur rythment ce ballet à la Tati, d’autant plus absurde et vertigineux qu’il est raconté par un narrateur à l’arrêt." Sophie Joubert

RTS - Culture

"Dans un deuxième roman satirique et virtuose, Colombe Boncenne glisse un grain de sel dans la mécanique implacable d’une entreprise impersonnelle. (…) l’autrice française invente un nouveau dispositif narratif en trompe-l’œil, dans lequel l’imaginaire et l’illusion se taillent la part du lion. [Une] satire minutieuse et drôle."

Colombe Boncenne était l’invitée de Nicolas Julliard sur RTS-Culture. Un entretien à réécouter en entier ici

France Culture

Réécouter Colombe Boncenne dans La Salle des Machine ici (dès la minute 55)

Libération

"Le second roman de Colombe Boncenne se compose de saynètes sur la vie de bureau. Avec énergie et ironie, elle transcrit les sensations qui montent pendant les journées de travail, des journées qui se suivent et se ressemblent, passées à jouer un rôle, enfermés dans un « open space ». Mais ce jour-là est particulier, il y a un problème : Stefan ne vient pas et personne ne sait pourquoi. « Co-manager » de sa « boîte », il doit annoncer un partenariat avec l’entreprise Vue mer. Seulement aujourd’hui, il ne par vient pas à démarrer." Virginie Bloch-Lainé

Cultures Sauvages

"Derrière la forme légère de la satire, Colombe Boncenne traque les absurdités de note monde et démonte les mécanismes ridicules du monde de travail. (…) Le rythme de ce roman aussi bref qu’il est drôle et incisif est essentiel."

Une chronique d'Antoine Jarry à lire en entier ici

Carnet à Spirales

"Roman grinçant, en trompe l’œil, bluffant dans ses dernières lignes, Vue mer croque avec justesse le monde du travail, en dissèque minutieusement les codes, souligne sa férocité et son cynisme." Christèle Hamelin

Caligrammes La Rochelle

« (Télé-)travailleur des temps modernes, ce petit bouquin est pour toi ! Aussi fin qu’un MacBook, Vue mer upgrade le concept de littérature prolétarienne dans sa version openspace. » Lola

Delamain

"Une savoureuse satire du monde du travail, à travers une fable efficace qui se lit d'une traite. Houellebecq passé à la moulinette de l'humour de Desproges. C'est malin, corrosif, percutant, on en redemande!" Mathilde

Caligrammes La Rochelle

"Cynique et joyeux, un petit livre tout à fait réjouissant sur les matins embrumés et les cafés jamais assez forts, les petits mensonges et les filouteries modernes. Un vrai délice !"
Lola

Vaux Livres

 "A la tête de l’entreprise Bouké et Parteneure, ils sont deux, Stefan et Elsa. Stefan Bouké et Elsa Parteneure. Une réussite. Ils sont restés maîtres dans leur entreprise et s’apprêtent à lui faire subir une mutation. Un rachat de société, Vue mer. Il reste à l’annoncer à l’équipe. Stefan monte dans sa voiture pour se rendre à cette réunion, mais ne démarre pas. Pourquoi se déplacer, alors que tout est défini à l’avance. Depuis longtemps. La petite comédie de la vie, la petite comédie de la vie d’entreprise, les rôles sont déjà distribués, chacun à sa place (mais qui a décidé de cette place ?) : le gentil, le méchant, le silencieux, le râleur, le suiveur... Alors il se joue la scène. Les comportements de chacun, leurs pensées, leurs arguments, leurs gestes, leurs regards, leurs silences, leurs discours, son propre jeu avec Elsa… Il profite de l’occasion pour tirer le portrait de ce petit monde, de son monde, avec cynisme et ironie. Il pense être le marionnettiste et tenir les ficelles avec une maîtrise absolue. Mais est-ce si sûr ? Une satire efficace et percutante (le ton est léger pour un tableau bien noir) du monde de l’entreprise où la hiérarchie et le sentiment de supériorité restent bien ancrés dans l’esprit préformaté de certains dirigeants encore persuadés de rester les maîtres omniscients et indispensables du jeu de la vie." Max

Fnac Chambourcy

"Vue Mer est inventif, plutôt imagé, dont la psyché d'une partie des personnages est excellemment développée et qui permet par ce biais au "Mono-Dialogue" (et non Monologue, ça a son importance ici) du personnage principal avec ses collègues absents, d'être captivant, intéressant et hilarant à de nombreuses reprises." Thomas

La 25e heure

« Un texte entre la comédie et quelque chose de plus sombre. C’est drôle, la chute est superbe. Un coup de cœur ! » Christophe

Les mots & les choses

"Le monde du travail est décidément bien étrange et réserve son lot de surprises et d'incertitudes. Même pour les dirigeants d'apparence infaillible. Un roman vrai et contemporain, décrivant les méandes de nos vies professionnelles et sociales. Surprenant et réaliste !" Benjamin

Librairie Gallimard

« L’enfer c’est les autres. Surtout lorsque l’on travaille avec eux. Avec habilité, humour et légèreté, Colombe Boncenne signe avec Vue mer, aux éditions Zoé, une satyre subtile sur la vie au bureau. »

La Flibuste

« Avec beaucoup de mordant et d’ironie, Colombe Boncenne dépeint magnifiquement le monde du travail contemporain. Une satire bien Vue et amère. »

Librairie du Pincerais

"C’est un vrai plaisir de lecture et ça change de tout ce que j’ai pu lire jusqu’à présent." Thomas

De mes nouvelles

Comment une écrivaine construit-elle ses histoires, comment s’entremêlent-elles à sa réalité? Chaque texte de ce recueil interroge le lien entre la narratrice et son imaginaire. Qu’elle raconte un souvenir, une scène quotidienne ou élabore un récit, nous la suivons dans son flux de conscience, où s’interpénètrent son ordinaire, ses rêves et la littérature. Cet enchâssement, à la manière d’une matriochka, aussi doux que troublant, propose une réflexion intime et subtile sur nos vies et l’expérience de l’écriture.

Des sirènes

Lorsque la narratrice apprend que sa mère est malade, elle l’accueille naturellement chez elle. Dans l’épreuve, une vie ordinaire s’installe. Mais ce temps d’intimité est aussi celui d’une révélation : un secret de famille est exhumé, on découvre qu’une même violence a déferlé sur plusieurs générations de femmes. Entre colère et tristesse, la narratrice se débat avec les sentiments qui l’assaillent. Tandis que, comme un écho à cette parole dévoilée, une voix gronde en dehors, un mouvement choral dont les manifestations l’intriguent.

Le mythe des sirènes et ses interprétations est le motif sur lequel se tisse ce roman : il y est question d’îles, de marins, de menaces, de sortilèges et de destins féminins. Un livre de deuil et d’amour aussi dont la mélodie, malgré le fracas de la tempête, résonne comme un murmure délicat et apaisant.

Vue mer: extrait

Ce matin, Stefan se réveille comme d’habitude au son de l’alarme réglée à 6h30. Il attrape son téléphone posé sur sa table de nuit en bois acajou, assortie à la tête de lit à laquelle il s’adosse un instant. Il consulte sa messagerie, les réseaux, des données chiffrées envoyées par un client, puis se lève, tire sur les rideaux de velours qui laissent apparaitre, au-delà de la vitre et de la terrasse, une vue imprenable sur la ville. Il rejoint la cuisine dont les spots encastrés s’illuminent à son passage, éclairant les vastes carreaux sombres du plan de travail sur lequel sont entreposés quelques rares éléments dont la cafetière, qu’il allume. Il file à la salle de bain, carreaux un peu plus clairs, douche ou baignoire au choix, le matin c’est douche à l’italienne et multi-jets. Il revient quelques instants plus tard à la cuisine, vêtu d’un de ses costumes, le café est dans la tasse. Dans un placard il trouve une biscotte et le beurre dans le réfrigérateur que jusque-là nous n’avions pas distingué – encastré qu’il est dans sa parure de bois. Depuis une enceinte invisible, une radio égrène des informations. Il ne les écoute pas. De nouveau à la salle de bains, il se brosse les dents, sans à-coups, tel que le lui a expliqué le docteur Gilard dans un sordide clin d’œil – comme on caresserait une femme. Stefan caresse donc l’ivoire de ses dents et sa pensée passe de son dentiste à Natacha – cette histoire de caresse – si bien qu’il en oublie les recommandations médicales, la brosse dévie, dérape, la gencive, aïe. L’émail du lavabo reçoit un crachat de mousse blanche rosie de sang. Stefan se rince. S’essuie. Un coup d’œil au miroir. Il prononce son nom à son reflet tel que dans le film. Stefan Bouké. Il essaie de se rappeler les débuts de l’entreprise, juste après l’école. Il a rêvé de la soirée de remise des diplômes la nuit dernière. Stefan Bouké, répète-t-il à l’envi. Stefan Bouké qui, quinze ans plus tard, doit annoncer à toute son équipe les nouvelles perspectives de Bouké et Parteneure, l’avenir avec Vue Mer.

Stefan Bouké.

Allez, ça suffit.

Suivent dans le couloir un léger bruissement de tissu, un clair grelot de porte-clés et un claquement sourd de porte blindée.

La voiture est garée dans une rue adjacente ; c’est l’avantage dans ce quartier résidentiel, on peut y laisser sa voiture dehors. Stefan a trouvé une place sans peine hier soir en revenant de son rituel running au bois. Une dizaine de tours de lacs, canards et poules d’eau, suivi d’un parcours balisé entre les arbres, à presque en oublier le tumulte citadin à quelques pas de là. En cette saison automnale, la lumière dorée de fin de journée fait ruisseler la brume mousseuse sur les pierres et rougeoyer les feuilles tombées au sol.

À l’approche de Stefan, qui possède dans sa poche un boîtier de reconnaissance, la voiture émet un bip et les phares clignotent. Il ouvre d’abord la portière côté passager, enlève son imperméable et le place délicatement sur le siège. Contourne ensuite le véhicule, s’installe à la place du conducteur.

 

Seulement voilà : il ne pose pas les mains sur le volant, il ne pousse pas le bouton pour enclencher le contact, il ne bouge pas.
Ce matin, Stefan Bouké ne démarre pas.