parution janvier 1998
ISBN 978-2-88182-341-6
nb de pages 368
format du livre 105 x 165 mm

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Beat Sterchi

La Vache (ancienne édition #2)

Traduit de l'allemand par Gilbert Musy

résumé

La Vache, c’est le grand roman réaliste du monde rural et de l’industrie alimentaire, où le sort du travailleur étranger a peu à envier à celui du bétail. Chapitres impairs : Ambrosio, l’immigré espagnol, est engagé par le brave Knuchel pour traire (avec ses doigts d’or) et prendre soin (avec amour) de ses vaches. Il vit au cœur de la famille du paysan et de son troupeau au rythme de la nature et des saisons, sous le regard méfiant des habitants du « pays nanti ». Chapitres pairs : le même Ambrosio, sept ans plus tard, désormais chargé aux abattoirs de tuer et dépecer les mêmes bêtes qu’il choyait auparavant. Comment en est-il arrivé là ?

Réédition prévue en avril 2019 : http://editionszoe.ch/livre/la-vache-3

biographie

Beat Sterchi était programmé pour devenir maître-boucher, comme son père. Mais dès la fin de son apprentissage, il quitte le « pays nanti » helvétique pour le Canada, le Honduras puis encore le Canada. C’est notamment une intense plongée dans les grandes littératures américaines, anglophone et hispanophone. En 1983, il a 34 ans et publie son premier roman, La Vache. Coup de tonnerre dans le monde littéraire germanique, les medias acclament l’auteur, se l’arrachent. Pour lui c’est trop, faux, exagéré : Sterchi fuit le succès, déguerpit en Espagne. Depuis, il écrit reportages, petites proses, textes pour la radio et le théâtre, et continue de s’intéresser à l’oralité et aux réalités sociales.

Pour en savoir plus : http://www.culturactif.ch/viceversa/sterchi.htm

La Vache sur litteraturesuisse.ch

« Dans leur étable, il y en a qui ont des trayeuses, il y en a d’autres, qui ont des étrangers! », racontent les habitués du bistrot d’Innerwald. Le fermier Knuchel a choisi les étrangers et il engage l’Espagnol Ambrosio comme auxiliaire. Dans l’étable, Ambrosio rencontre Blösch : la vache couleur paille, la splendide meneuse du troupeau. Qu’arrive-t-il au travailleur immigré dans la province suisse, et qu’arrive-t-il à la vache ? C’est cela que raconte le premier roman de Sterchi, plusieurs fois primé, qui le rendit célèbre en 1983.

« L’étranger dans l’étable » constitue à la fois le dilemme central et le moteur du roman. Amené en Suisse pour nettoyer, Ambrosio devient le salisseur de l’(apparente) idylle de l’agriculture helvétique. Car, par son statut d’étranger, il arrache à la Suisse son masque et la révèle comme « état des vaches » :   plouc, provincial et enfermé dans les préjugés. Sterchi utilise des images drastiques pour décrire le travail de l’Espagnol Ambrosio chez le fermier Knuchel et dans un abattoir, et pour confronter les stéréotypes de la population. L’action se déroule sur une seule journée, tout le reste n’est que souvenir. C’est le point culminant du processus, exploiteur, de production qui est  raconté, le jour où Ambrosio et Blösch  (l’animal est devenu une épave décharnée), se rencontrent aux abattoirs.

La question des travailleurs immigrés en Suisse dans les années 1960 reste, jusqu’à aujourd’hui, un sujet brûlant. Mais c’est avant tout la langue de Sterchi qui fait de son roman une expérience littéraire éblouissante : un feu d’artifice de dialecte suisse-allemand, de bribes d’espagnol stylisé, des éléments de la langue des immigrés italiens, font briller le texte, écrit en allemand, de mille feux.

(Christa Baumberger, trad. par Marie Fleury Wullschleger)

https://litteraturesuisse.ch/fr/Conseil+de+lecture/Author/Sterchi/Beat

"La Vache" sur culturactif.ch

"En 1983, quand la maison Diogenes publia La Vache, ce fut l'enthousiasme. La critique suisse et allemande salua, dans ce premier roman d'un auteur inconnu, un livre «fou» (Basler Zeitung), «sauvage, démoniaque et lent, magiquement poétique» (Die Zeit). Le magazine Der Spiegel osa la comparaison avec Le tambour de Günter Grass."

http://www.culturactif.ch/viceversa/sterchi.htm

La Vache (2019, domaine allemand)

La Vache

« Dans La Vache, il y a le monde d’Innerwald, ce havre qu’est l’étable, où, ballottées par les saisons, vivent et rêvent les vaches de Knuchel que nous apprenons à connaître, à reconnaître, à caresser du regard. Et puis il y a le monde social, celui des cafés où les poings s’abattent tandis que les chopes s’élèvent, où jalousies et mesquineries se tressent autour de la peur de l’étranger. Enfin, il y a le monde de l’abattoir, auquel est dévolu un chapitre sur deux, situé à sept ans du temps des pâturages. Deux traits saillent au fil des pages, qui reviennent et finissent par se mêler : xénophobie, abattage.

Roman réaliste ? Récit champêtre assorti d’une critique sociale ? Vie d’une vache ? Comment décrire la sanglante odyssée de Blösch et la descente aux abattoirs d’Ambrosio ? S’il y a réalisme dans ces pages irradiées d’une minutie sensible au moindre détail, c’est un réalisme de la chair, de l’incarnation. »

Claro

Préface de Claro. Traduit de l'allemand par Gilbert Musy

La Vache (ancienne édition) (1987, domaine allemand)

La Vache (ancienne édition)

La Vache, c’est le grand roman réaliste du monde rural et de l’industrie alimentaire, où le sort du travailleur étranger a peu à envier à celui du bétail. Chapitres impairs : Ambrosio, l’immigré espagnol, est engagé par le brave Knuchel pour traire (avec ses doigts d’or) et prendre soin (avec amour) de ses vaches. Il vit au cœur de la famille du paysan et de son troupeau au rythme de la nature et des saisons, sous le regard méfiant des habitants du « pays nanti ». Chapitres pairs : le même Ambrosio, sept ans plus tard, désormais chargé aux abattoirs de tuer et dépecer les mêmes bêtes qu’il choyait auparavant. Comment en est-il arrivé là ?

Réédition prévue en avril 2019 : http://editionszoe.ch/livre/la-vache-3

 

Traduit de l'allemand par Gilbert Musy

La Vache (ancienne édition #2): extrait

"Bien des années plus tard, alors qu'il venait pour la dernière fois de se hisser sur la pointe des pieds et de remettre sa carte dans la fente numéro 164 du support de la machine à timbrer installée à l'entrée des abattoirs municipaux, Ambrosio se souvint de ce lointain dimanche où il était arrivé au pays nanti.

Après un voyage aussi épuisant que compliqué de son Sud natal vers un Nord attirant incarné seulement par les quelques noms imprononçables sur des papiers officiels, voyage qui l'avait conduit par des plaines désertiques, des cols et des tunnels, il s'était retrouvé, subitement, débarqué et abandonné tel une pièce de bagage, au centre d'Innerwald, au centre de ce village que depuis des mois il avait essayé obstinément, mais en vain, de se représenter. Enfin arrivé ! Enfin ce qu'il avait souhaité pour lui et pour sa famille se réalisait. Bientôt il travaillerait, gagnerait de l'argent ; bientôt il pourrait envoyer ses premiers mandats : il avait réussi, lui Ambrosio, là où tant d'autres échouent, et pourtant, à peine arrivé, il fut saisi du désir de courir après le bus qu'on voyait encore, de crier halte ! au chauffeur, de se faire ramener immédiatiement, par tunnels et montagnes, vers la lumière de son propre village à La Corogne.

Mais le car postal ne l'avait pas attendu, il était parti, avait glissé latéralement comme un rideau de théâtre jaune et l'avait livré en pâture à un public curieux.

Une douzaine d'Innerwaldiens, à l'instant encore occupés à manipuler des bidons et des seilles à l'entrée de la laiterie coopérative, à donner des ordres à leurs chevaux et à leurs chiens, à rire et à se vanter, soudain se turent, interrompirent leurs activités pour fixer l'étranger debout au milieu de la place de leur village, exposé comme un poisson à l'étalage, héistant comme un détenu libéré devant le porche de la prison.

Rien ne bougeait plus : le film était bloqué ; le son manquait, seule l'eau de la fontaine chantait encore."