parution mars 2024
ISBN 978-2-88907-323-8
nb de pages 128
format du livre 140x210 mm

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Colombe Boncenne

De mes nouvelles

résumé

Comment une écrivaine construit-elle ses histoires, comment s’entremêlent-elles à sa réalité? Chaque texte de ce recueil interroge le lien entre la narratrice et son imaginaire. Qu’elle raconte un souvenir, une scène quotidienne ou élabore un récit, nous la suivons dans son flux de conscience, où s’interpénètrent son ordinaire, ses rêves et la littérature. Cet enchâssement, à la manière d’une matriochka, aussi doux que troublant, propose une réflexion intime et subtile sur nos vies et l’expérience de l’écriture.

biographie

Colombe Boncenne vit à Paris. Elle est notamment conseillère littéraire pour la Maison de la poésie à Paris et Les Correspondances de Manosque. Dans ses deux premiers livres, Comme neige (Buchet Chastel, 2016, prix Fénéon et lauréat du Festival du premier roman à Chambéry), et Vue mer (Zoé, 2020), la mélancolie se traduisait par une ironie tantôt légère, tantôt féroce. Avec La Mesure des larmes (La passe du vent, 2020), l'auteure s'est engagée sur un territoire plus personnel, un sillon qu'elle creuse et poursuite dans Des sirènes.

"De mes nouvelles" de Colombe Boncenne, finaliste du Goncourt de la nouvelle 2024

L'Humanité

"Les lecteurs et lectrices des précédents livres de Colombe Boncenne retrouveront dans ces courts textes son regard légèrement décalé sur le monde, son goût pour une étrangeté teintée de mélancolie, le dialogue constant avec l’art contemporain et la littérature. (…)

Au fil d’histoires dont le mouvement s’apparente à la libre association analytique, reviennent les motifs de la perte, de la maladie, du deuil. Chemin faisant, Colombe Boncenne interroge sa pratique de l’écriture, véritable colonne vertébrale du recueil. Pourquoi, comment, pour qui écrit-on ? Quelle est cette légère distorsion du réel d’où naît un texte ? Comment prend-il forme à partir de l’assemblage de notes éparses ou du ravaudage de bribes existantes ? Autant de questions qu’elle a l’élégance de laisser en suspens." Sophie Joubert

En attendant Nadeau

"Après Des sirènes, Colombe Boncenne publie un nouveau roman qui, sous les atours d’un recueil de nouvelles, interroge les rapports d’une autrice avec son travail. Son écriture minimaliste, servie par une habileté formelle remarquable, brouille les frontières entre réalité et fiction et nous plonge dans le flux de conscience de sa narratrice, qu’on veut bien croire autofictif. (…)

Colombe Boncenne ne parle à la première personne que pour nous raconter le monde. Ici, l’autofiction est une forme littéraire au service d’un propos, et non une fin en soi. Elle parvient à faire passer des idées très fortes à travers des scènes banales de son quotidien dont elle tire, par une sorte de métonymie mystérieuse, un portrait édifiant de notre société. Cette faculté à aller du particulier au général fait de ce court roman un grand texte, mais, puisqu’il traite de sa propre genèse, on peut aussi le lire comme une critique en creux de ce que la littérature devrait être : au-delà du témoignage, voire de la catharsis, une voix et un regard particuliers dans lesquels chacun peut reconnaître son propre vécu. Le projet était ambitieux. Le résultat, probant, mérite qu’on s’y attarde et fait partie de ces livres qui restent dans la tête."

Un article de Santiago Artozqui à lire ici

Daily Passions

"Comment sont ceux que nous connaissons quand nous ne les voyons pas ? Ceux à qui nous nous sommes confiés peuvent-ils nous reconnaître quand ils nous revoient hors de la zone de confidence ? Surtout n’allez pas croire qu’elle parle avec nous comme on échange devant une tasse de thé ou un demi de bière, il faut interrompre sa lecture pour voir comment sa façon de dire est faite pour nous faire oublier qu’elle écrit. C’est subtil !"

Une chronique de Noé Gaillard à lire ici

Libération

"L’ensemble avance à l’avenant, à mi-chemin entre recueil de nouvelles et roman séquencé. L’autrice, dont on sait la finesse fond et forme (voir Des Sirènes, en 2022), fait feu de tout bois, raccroche les wagons et brouille les pistes. Comment se construit une histoire ? Comme ceci, comme cela. Les textes qui se terminent, l’un par « la tendresse », l’autre par « l’amitié », ont notre préférence - on vous laisse les retrouver." Thomas Stélandre

Le Courrier

"Troublantes coïncidences, prémonitions et incursions de la fiction dans le «réel»...

(…)

Entre jeu de piste et carte au trésor, De mes nouvelles nous entraîne dans sa géographie en trompe-l'œil, pour notre plus vif plaisir. Mais le jeu n’est pas vain : Colombe Boncenne met ici en scène et en acte le processus de création lui-même, ce va-et-vient entre réel et imaginaire où l’un et l’autre se nourrissent. Et dans cet état perméable au rêve, à l’inconscient, chaque détail fait sens et signe. Stimulant !" Anne Pitteloud

RTS - Culture (QWERTZ)

"Quelles choses vues méritent d'être racontées? Quelles fictions traversent notre esprit lorsqu'on est à vélo, qu'on cuve son ivresse ou se brosse les dents? A travers ces tranches de vie au potentiel romanesque malingre, Colombe Boncenne dresse la cartographie des trajectoires qu'emprunte notre esprit pour inscrire les situations les plus hasardeuses dans une logique absolue et pour recomposer, in fine, le récit de notre propre vie. Esprit d'escalier, es-tu là ?"

Colombe Boncenne était l’invitée de Nicolas Julliard ; un entretien QWERTZ à écouter ici

GHI

"Dans De mes nouvelles, l'auteure réfléchit à son écriture, à la manière dont se construisent les fictions, comment celles-ci s'entremêlent à la réalité. Ses textes se répondent et s'emboîtent comme des matriochkas, l'ensemble s'apparentant à un flux de conscience continu. D'une grande honnêteté, la narratrice montre ses failles, ses difficultés à écrire et à se faire lire."

Vaux Livres

"Les nouvelles s'enchaînent ou s'enchâssent pour mieux dévoiler une écrivaine qui laisse tomber le masque avec retenue et modestie." Max Buvry

La Grande ourse

"Etranges, méditatives, toujours suprenantes, ce sont en tout cas de bonnes nouvelles que Colombe Boncenne nous donne ici." Jean-Luc

La 25e heure

"Où s'arrête le réel et où commence la littérature? Et comment les deux s'entremêlent dans l'écriture? Des nouvelles passionnantes et tissées toute en délicatesse et subtilité." Christophe Daniel

De beaux lendemains

"Cet enchâssement, à la manière d'une matriochka, aussi doux que troublant, propose une réflexion intime et subtile sur nos vies et l'expérience de l'écriture." Rosalie Abirached

Atout livre

"Merveilleuse plongée dans le quotidien, l'inspiration et les rêveries d'une auteure. Ces nouvelles sont des prouesses de douceur et de drôlerie! Colombe Boncenne nous envoûte!" Simon Gémon

Des sirènes

Lorsque la narratrice apprend que sa mère est malade, elle l’accueille naturellement chez elle. Dans l’épreuve, une vie ordinaire s’installe. Mais ce temps d’intimité est aussi celui d’une révélation : un secret de famille est exhumé, on découvre qu’une même violence a déferlé sur plusieurs générations de femmes. Entre colère et tristesse, la narratrice se débat avec les sentiments qui l’assaillent. Tandis que, comme un écho à cette parole dévoilée, une voix gronde en dehors, un mouvement choral dont les manifestations l’intriguent.

Le mythe des sirènes et ses interprétations est le motif sur lequel se tisse ce roman : il y est question d’îles, de marins, de menaces, de sortilèges et de destins féminins. Un livre de deuil et d’amour aussi dont la mélodie, malgré le fracas de la tempête, résonne comme un murmure délicat et apaisant.

Vue mer (2020)

Vue mer

Aujourd’hui, Stefan doit annoncer à son équipe une nouvelle qui va bouleverser l’avenir de son entreprise. Mais voilà, ce matin, il ne démarre pas.

Vue mer décrit la comédie humaine quotidienne de nos journées de bureau. Comme dans une famille, le rôle de chacun est attribué une fois pour toutes : Françoise la gentille secrétaire, Bart le tire au flanc, Guy le contestataire, Charlotte la bosseuse, Rita la jeune-et-jolie assistante…  Et Stefan le patron, paternel manipulateur, cynique émouvant.

Seul dans sa voiture immobile, le grand absent de la journée s’adresse à ses collaborateurs, façonne leurs agissements et leurs pensées, sans qu’ils ne l’entendent, ni ne le voient.

De mes nouvelles: extrait

Lorsque Déborah revient, elle rejoint mon bout de table et constate mon teint livide – Tu as vu un fantôme? Je lui explique. Elle m’informe qu’elle ne connaît pas cet homme pour de vrai, qu’il est venu accompagner une amie, une amie chère qu’ils ont en commun donc, dans un élan de sympathie suite aux quelques mots qu’il a eu au sujet de la soirée, ils se sont embrassés pour se dire au revoir.
Je n’ai pas de problème à embrasser, elle précise.
- Mais j’ai déjà écrit une nouvelle à ce propos…
- Encore?
Puis riant de plus belle:
- À propos du fait que j’embrasse facilement ?
- Non, à propos d’une femme qui croise par hasard son ancienne psychanalyste. Et ça se passe au musée…
- Mmmh, mmmh.
Elle se moque.
- Tu verras, je te l’enverrai demain matin.
- Tu pourrais tout aussi bien l’écrire cette nuit.
À mon tour de rire, par-delà ma sidération.
- Et tu en as écrit beaucoup, des nouvelles?
- Trois, à peine…
- J’ai hâte de connaître celle dont tu ne m’as pas parlé, puisqu’apparemment tout cela nous concerne.
Le texte dont je n’ai pas parlé…Tendre. La viande, le corps, le couteau.
Je plaisante, un peu grisée par toutes ces incursions de la fiction dans le réel:
- J’ai déjà tout écrit. À moins que tu n’aies tout manigancé?
Elle prend une mine outrée puis notre conversation se mêle à celle des autres.
(…)
À mon retour chez moi, je vais dans mon bureau. J’allume l’ordinateur, la nuit devient bleue. J’ouvre mon tout nouveau dossier, «Nouvelles» et je relis l’histoire de l’ancienne analyste croisée dans un musée, par hasard. Je l’envoie à Déborah. À mon message, je donne pour objet: Plagiat du réel par anticipation.
Dans la réponse qu’elle me fait le lendemain matin, elle convient de ces étranges coïncidences – J’admets, c’est troublant – puis m’apprend qu’elle part le lendemain en résidence de création. Elle me fera signe à son retour. Son ton est froid, brutal.
Nous n’échangeons plus de messages par la suite et j’en suis affectée. Mais que faire de cela? L’écrire?»