parution mars 2008
ISBN 978-2-88182-615-3
nb de pages 88
format du livre 140 x 210 mm
prix 18.00 CHF

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Patrice Duret

Les Ravisseuses

résumé

 

Cinquante et un tableaux du journal d’un homme qui a décidé de faire une retraite dans l’errance et la solitude. Il quitte la ville et sa peau de citadin pour se lancer, sac au dos, dans une longue marche dont le but se dévoile au fil de l’écriture : « atteindre un état intérieur et non un lieu », « se perdre au bout des frontières intimes », « franchir des terres qui font traverser les limites permises ». Ce marcheur infatigable vit enfin au gré de ses humeurs, et des intempéries.Au-delà des paysages, des animaux et des fleurs, les rencontres qui prennent corps, dans les églises et les châteaux visités, font de ce périple une expérience proche du pèlerinage.

biographie

Né à Genève en 1965, Patrice Duret partage ses activités entre l'écriture, l'édition et le métier de bibliothécaire. Il a fondé en 2004 les éditions de poésie Le Miel de l'Ours, qui publient depuis leurs débuts des grands noms de la littérature romande (Jacques Chessex, Jacques Roman, Jean-Michel Olivier, Georges Haldas) aux côtés de jeunes poètes encore inconnus. Patrice Duret a reçu le Prix Édouard Rod 2006 et le Prix Pittard de l'Andelyn-Découverte 2005 pour Le Chevreuil , 51 tableaux du journal d'un homme qui quitte la ville pour se lancer, sac au dos, dans une longue marche afin d'«atteindre un état intérieur et non un lieu». Son dernier livre, Les Ravisseuses , est une suite de 24 textes tantôt narratifs, tantôt poétiques, tantôt écrits sous la forme d'une lettre ou d'une carte postale, qui disent les étapes d'un itinéraire amoureux.

Décisif (1997)

Décisif

Les Ravisseuses: extrait

 

 

La porte s’ouvre.

Une porte s’ouvre sur quelque chose dont on n’a pas idée. Ni toi, ni moi.

Toi… et ton doigt pointé me disant « On se connaît ! ».

Une affirmation.

Un pesant d’or.

 

Parfois la vie est si simple.

Parfois, toutes les langues qui croupissent dans l’ombre, sont réveillées par un rayon inconnu.

Sun, Sonne, Sole, Sol,.

Force et douceur.

Alliance de tous les contraires.

 

Vivacité. Affection. Lumière

Élégance. Rire. Intelligence

Enthousiasme.

 

Les sept sceaux de ton secret.

 

 

 

En pénétrant dans cette pièce bondée, électrique, pleine d’écrivains si fiers et joyeusement avinés, je ne savais pas que plus rien ne serait comme avant.

La Bulle était là, tapie.

Elle a fondu sur nous quand tu as pointé ton doigt, nous a enveloppé avec une intensité telle que, voilà, c’est fait, on a commencé à parler, on ne s’est plus arrêté.

On ne pouvait plus s’arrêter.

 

 

Nous nous étions déjà vus. Aucun doute.

Et reconnus. Reconnus. Il n’y a que ce mot, cette plongée, cette évidente conclusion, déjà en nous. On le sait. D'où vient cette impression, comme un savoir ancestral, frôlant la certitude ?

La bulle qui nous entoure est tellement épaisse que les gens s’éloignent (nous faisons en sorte, nous et notre inconscient jaillissant, oui, que les gens s’éloignent).

Nous apprenons, ensemble, l’espace à l’intérieur de la Bulle.

 

 

Dans la salle, un immense plateau de fromages.

Dans la salle, les écrivains passent, repassent et s’en vont. Dans la salle, nous ne sommes bientôt plus que deux.

Chaque parole nous conforte, nous pousse l’un vers l’autre.

Ce jour-là, ce 14 décembre, nous arrivons à un tournant.

Nous avons joué, nous avons beaucoup misé, nous avons beaucoup perdu, beaucoup appris.

Nous arrivons à cette intersection décisive, le lieu où les univers biographiques se rejoignent.

Une question de position, de positionnement, de rythme, une façon de voir, d’envisager l’existence. De s’approcher, aussi, de l’essence… avec cette même question : comment parvenir au plus vrai, au plus  juste, au plus près de ce que nous sommes vraiment ?

Et comment y parvenir ensemble ?

Ces questions nous ont brusquement poussé dans la même vie. 

Tout de suite, nous entrons en relation.