parution février 2024
ISBN 978-2-88907-343-6
nb de pages 160
format du livre 105x165 mm

où trouver ce livre?

Acheter en version eBook :
en Suisse / en France

Gustave Roud

Requiem et autres poèmes

résumé

Sa vie durant, Gustave Roud a patiemment traqué, dans les gestes d’un meunier, le chant d’un bouvreuil ou le scintillement d’une étoile, les signes d’un "ailleurs", un monde derrière le monde, où le temps n’aurait plus cours. En 1933, à la mort de sa mère, il se lance dans la composition d’un livre qui restituerait cette trajectoire intime, spirituelle et poétique. À sa sortie en 1967, Requiem est applaudi comme son chef-d’oeuvre.

Préface de Claro

biographie

Poète, Gustave Roud (1897-1976) est l’auteur d’une œuvre rare. Les trois volumes d’Écrits, publiés par Philippe Jaccottet en 1978, qui rassemblent l’ensemble de son œuvre poétique, sont de plus en plus lus. Ses textes poétiques répondent à des préoccupations contemporaines via une écriture d’une grande pureté classique : L’imaginaire roudien séduit les amateurs de poésie mais intéresse aussi les champs suivants : écocritique, géographie littéraire, études sur le paysage, ou encore queer studies.

Le Monde

"C’est bien de vision reposée, de calme propice dont fait son pain Requiem (1967), du poète suisse Gustave Roud (1897 1976), un herbier d’éclats intérieurs, fruit de trente ans de méditation et de collecte visionnaire, dont son préfacier, Claro, écrit: « A la consommation des siècles, le poète oppose la consumation des jours, en une gerbe aussi savante que fiévreuse - que seule la neige de la page a le pouvoir d’apaiser. »" François Angelier

Daily Passions

"J’ai eu l’impression d’être devant un tableau du peintre Soulage. Devant un noir intense strié suivant l’éclairage changeant de rayons de lumière. Et en même temps de lire une suite de Haïkus, une succession d’impressions, de ressentis difficilement exprimables autrement que par les mots choisis et ordonnés selon le désir de l’auteur."

Une chronique de Noé Gaillard à lire ici

Petites notes quotidiennes (ou presque)

Au printemps 1933, la mère de Gustave Roud meurt. Le poète de trente-six ans entreprend de faire le récit de ses derniers mois, tout en sauvant, dans son agenda, ce qu’il peut des journées qui filent. Ses notes deviennent, plus que jamais, son point d’ancrage dans un monde instable.
Avec ce journal intime, inédit de son vivant, Roud nous offre comme dans sa poésie une leçon de regard, de patience et de désir.

Préface de Pierre Bergounioux

Oeuvres complètes (2022, domaine français)

Oeuvres complètes

Grand marcheur, déchiffreur infatigable du Jorat, cette région de plaine et de collines où il a vécu toute sa vie, Roud a suscité de son vivant l’admiration de ses lecteurs et de ses pairs, qui tous ont souligné le caractère envoûtant de sa prose lyrique.   Gustave Roud regarde la nature à l’œil nu, et la nature ne le distrait pas, commente par exemple Jean Paulhan en 1957. Le poète ne considère pas la campagne de l’extérieur : il entretient une relation intime, intense, avec le vivant – arbres et fleurs, forêts, champs et prairies, oiseaux et bêtes sauvages, ciel et constellations, étangs et rivières. Parlant des paysages, des saisons, des gestes et des corps des paysans, ses textes témoignent de la quête d’un paradis immanent. À la fois chant du monde et méditation sur la fin de la ruralité traditionnelle, la poésie de Roud apparaît aujourd’hui comme précurseur des écritures contemporaines qui tentent de renouer le lien défait entre l’humain, son habitat terrestre et les vies qui le peuplent. Cette édition critique des Œuvres complètes rassemble, en quatre volumes enrichis d’un choix de photographies de Roud, la production littéraire du poète (vol. I), du traducteur (vol. II), de l’auteur du Journal (vol. III), du critique littéraire et du critique d’art (vol. IV). Elle rend compte du rôle majeur que Roud a joué dans la vie culturelle de son époque, comme collaborateur et rédacteur pour divers éditeurs, Henry-Louis Mermod et la Guilde du livre notamment, ainsi que pour des revues littéraires ou destinées au grand public. Assortie d’index, pourvue d’introductions, de notices et de notes qui exploitent la riche documentation archivistique et historique conservée en particulier dans les fonds du Centre des littératures en Suisse romande (Université de Lausanne), l’édition, qui propose des textes inédits dans chaque volume, permet de satisfaire les intérêts et curiosités multiples que suscite l’œuvre de Gustave Roud, aussi bien auprès des amateurs de poésie que des chercheurs en littérature du XXe  siècle.

Les Œuvres complètes de Gustave Roud se présentent sous la forme d’un coffret de quatre volumes comptant 5120 pages, 90 photos couleurs et de très nombreuses illustrations noir blanc.

Le volume 1 (1456 pages) comprend les œuvres poétiques : recueils, textes publiés en revue et textes inédits.

Le volume 2 (1088 pages) rassemble l’essentiel des Traductions : recueils consacrés à Novalis, Hölderlin, Rilke, Trakl dont Roud est un des premiers traducteurs en français; traductions publiées en revue ou dans des volumes collectifs – notamment de Wilhelm Müller, Goethe, Clemens Brentano, Hildegard von Bingen ou encore Eugenio Montale.

Le volume 3 (1280 pages) livre les notes de journal (1916-1976) dans toute leur diversité archivistique – feuillets épars, manuscrits et dactylogrammes, carnets, cahiers, agendas. Événements du jour, réflexions sur soi, descriptions de paysages, projets, propos sur l’art, poèmes…

Le volume 4 (1296 pages) réunit l’ensemble des articles et études critiques que Roud a consacrés, tout au long de sa vie, à des poètes, écrivains et peintres, le plus souvent contemporains.

Bruno Pellegrino, Julien Burri, Alessio Christen, Raphaëlle Lacord, Stéphane Pétermann et Elena Spadini, sous la direction de Claire Jaquier et Daniel Maggetti

Sous la direction de Claire Jaquier et Daniel Maggetti
Air de la solitude

Publié en 1945, Air de la solitude rassemble des textes parus en revue à partir de la fin des années 1920. Soigneusement sélectionnés et arrangés, ils forment une suite au long des saisons, d’un automne au suivant. Livre de la maturité, c’est l’un des recueils les plus importants du poète Gustave Roud (1897-1976), qui y formule « d’inquiètes questions sans cesse reprises », selon le mot de Philippe Jaccottet.

Préface de Marie-Hélène Lafon

Essai pour un paradis suivi de Pour un moissonneur

Pour un moissonneur paraît en 1941, un peu moins de dix ans le séparent d’Essai pour un paradis : deux jalons dans l’œuvre du poète Gustave Roud (1897-1976), réunis ici pour la première fois et ponctués de photographies de l’auteur. Dédiant l’un et l’autre recueil à un ami paysan, le narrateur dit autant l’amour qui le porte vers lui que la distance qui l’en sépare, avant le nécessaire retour à la solitude : le paradis traversé, pour le poète, n’a nulle permanence.

Préface de Maryline Desbiolles

Adieu/requiem (1997, Minizoé)

Adieu/requiem

Le poète Gustave Roud (1897-1976) a passé toute sa vie à Carrouge, dans le canton de Vaud. L' "ancien monde paysan", les paysages du Jorat constituent la matière poétique de son œuvre. Deux de ses recueils pourtant – le premier, Adieu (1927), et l'avant-dernier, Requiem (1967) – sont moins une salutation du monde qu'un appel adressé aux êtres chers. Dans Adieu, c'est Aimé, le "frère vivant", qui est interpellé, puis abandonné. Dans Requiem, le poète dédie à sa mère morte un chant qui lui permet d'accéder au "seuil des retrouvailles".

Postface de Claire Jaquier

Correspondance 1939-1976 (1993, domaine français)

Correspondance 1939-1976

Requiem et autres poèmes: extrait

Non pas cette neige d’une nuit sous le pâle soleil rose, où le regard au lacs de mille signes déchiffre avec ennui les feintes, les chasses, les famines de tant de bêtes glacées! Qu’ai-je à faire de ces traces trop pareilles à celles des hommes? Elles s’en vont toutes vers la tanière et vers le sang.
La neige a d’autres signes. Son épaule la plus pure, des oiseaux parfois la blessent d’un seul battement de plume. Je tremble devant ce sceau d’un autre monde. Écoute-moi. Ma solitude est parfaite et pure comme la neige. Blesse-la des mêmes blessures. Un battement de coeur, une ombre, et ce regard fermé se rouvrira peut-être sur ton ailleurs.
Viens. Il n’y a personne. Je suis seul avec les oiseaux. Je regarde l’eau tout étoilée de feuilles mortes et d’écumes. Je regarde les maisons des hommes, ces beaux villages renversés aux collines comme des corbeilles de pommes rouges, – tous les villages que j’aimais. Viens. L’un peut nous accueillir encore avant les lampes. Les portes ne sont pas toutes fermées. Un de ces grands laboureurs bleus qui remontent avec la brume au chemin plein de paille et de fruits morts prendra pitié de notre quête et nous reconnaîtra. Il faut que notre rêve de chaque nuit s’accomplisse, ce rêve où tu reprends toujours jusqu’à la prière, jusqu’à la parole, la terrible route des morts. Tu me parles. Je t’écoute de tout mon corps sans oser rien répondre. Tu voudrais partir, retrouver enfin notre maison perdue, notre village sans nom. J’obéis. Je me lève. Je recommence une longue marche sans heure et sans chemin dans l’herbe, les labours, la neige. Tu ne me quittes plus. Tu es là toute proche, ô pauvre présence timide, une voix, une aile, une ombre. Tu n’es plus lasse comme jadis. C’est toi maintenant qui me supplies: Repose-toi, repose!
Mais tu sais bien qu’il n’y a pas de repos.