Max Frisch

Max Frisch (1911-1991), devenu un classique de la littérature mondiale, s’est fait connaître autant par ses romans (Homo Faber, L’Homme apparaît au quartenaire,…) et son théâtre (Andorra…) que par ses journaux. C’est un genre auquel il aime travailler, des textes composés. Son art de l’observation et de la notation, son esprit critique acéré, l’introspection brillante qu’il ne cesse d’exercer en font de véritables œuvres. Deux ont été publiées de son vivant (1946-1949 et 1966-1971).

Journal berlinois 1973-1974 (2016, domaine allemand)

Journal berlinois 1973-1974

En janvier 1973, Max Frisch emménage à Berlin-Ouest. Il y retrouve d’autres écrivains parmi les plus importants de l’Allemagne de l’après-guerre : Uwe Johnson, Günter Grass. Aux portraits qu’il brosse de ces nouveaux voisins, Frisch ajoute ceux de Christa Wolf et d’autres écrivains qu’il rencontre régulièrement à Berlin-Est. Car il profite de son séjour en Allemagne pour ausculter avec une vive curiosité les rapports politiques et sociaux en RDA, et les révéler de l’intérieur sans jamais oublier sa position d’observateur privilégié. La subtilité de ces analyses confère au Journal berlinois l’intérêt d’un témoignage historique. Elles sont entremêlées de réflexions d’une surprenante actualité sur le quotidien de l’écrivain, son rôle dans la société, les liens d’amitié ou de travail et les attentes qu’ils suscitent, et ponctuées de brefs passages narratifs. Chacune des entrées témoigne du talent d’un auteur soucieux de trouver la forme d’expression la plus juste et d’accéder, par l’écriture, à une meilleure perception du monde et de lui-même.

Traduit de l'allemand par Camille Luscher

Correspondance (1999, domaine allemand)

Correspondance

Frisch et Dürrenmatt, ces deux grands écrivains que l’opinion publique et la critique, en dépit de leurs différences, ont parfois voulu rapprocher jusqu’à les confondre, ont mené un dialogue épistolaire où s’affirme avec force leurs personnalités irréductibles. Ce dialogue va durer près de quarante ans (de 1947 à 1986), mais sera coupé de longs silences, souvent éloquents.

Frisch et Dürrenmatt s’admirent et s’estiment. Ils se lisent mutuellement, avec une remarquable attention. On les voit cependant manifester leurs réserves autant que leur approbation : il s’agit pour eux de marquer leur territoire littéraire, de se définir au miroir d’autrui.

Cette correspondance erratique, à la fois intense et détachée, désinvolte et grave, qui par moments devient tendue et presque hostile, nous permet d’approcher deux personnalités, et deux visions du monde. Elle nous révèle l’homme Frisch, l’homme Dürrenmatt, et leur humaine rivalité. Mais elle jette aussi, sur leurs œuvres, une lumière singulière.

Cette correspondance est précédée d’un brillant essai de Peter Rüedi, familier de l’œuvre des deux grands écrivains, qui brosse leurs portraits contrastés, et rappelle les circonstances (personnelles, historiques et politiques) de leur échange épistolaire.

Traduit de l'allemand par E. Barilier