parution avril 2024
ISBN 978-2-88907-353-5
nb de pages 288
format du livre 105x165 mm

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Catherine Safonoff

La part d'Esmé

résumé

Esmé a tout pour bien faire: un mari, deux enfants, une belle maison. Elle va tenter autre chose. Ce roman indiscipliné relate, au long du printemps 1975, l'aventure d'une femme en fuite, en proie au doute, mais qui ne rebroussera pas chemin.

biographie

Catherine Safonoff est née en 1939 à Genève. Après avoir collaboré, comme critique littéraire au Journal de Genève et à la Radio Suisse romande, et participé à la création de scénarios pour des films de Maya Simon, l’écriture devient et demeurera sa principale activité.

L’art du quotidien, du mot juste, de la phrase nerveuse, des amours perdues mais toujours présentes et à venir, de l’angoisse transformée en qualité de pensée et d’écriture. Catherine Safonoff excelle dans le récit personnel. Sa plume taille dans la chair humaine sans s’attendrir ni sur elle ni sur les autres, avec dignité et un talent littéraire venu de son expérience et de ses immenses lectures.

Catherine Safonoff a reçu de nombreux prix, dont le Prix quadriennal de la Ville de Genève en 2007 (dont les lauréats avant elle sont entre autres Jean Starobinski, Robert Pinget et Nicolas Bouvier), Prix fédéral de littérature 2012 avec le Mineur et le Canari, Prix Ramuz en 2015 pour l'ensemble de son œuvre.

 

Le Matin Dimanche

"On imagine la stupeur des jurés du Prix Georges-Nicole 1977 quand ils sont tombés sur le manuscrit bluffant de cette inconnue armée d’une écriture batailleuse, insolente, fiévreuse, qui avait fui une vie conjugale sans passion ni saveur parce qu’elle aimait trop ce qui est aimable: c’était l’autoportrait d’une femme qui tombait et se relevait, retombait et se relevait encore." Michel Audétat

En attendant Nadeau

"Magistral personnage de femme qui se débat dans ce désir de fuir, sans aucune lâcheté ni concession avec elle-même, mais avec au contraire un courage sublime, Esmé ouvre le bal des livres qui vont suivre." Gabrielle Napoli

Le Square

"1975, Esmé, animée d’un délirant désir de fuite, quitte la maison familiale pour Lancelot de dix ans son cadet. Le début de l’épopée d’une femme assoiffée de vie et de langage floral. Une fuite mise en mots avec pragmatisme et passion."

La Fortune (2024, domaine français)

La Fortune

B. a décidé de vendre la petite maison dans laquelle la narratrice a trouvé abri de longues années. «Envoyée à la campagne» dans un coin de ferme encerclée par les autoroutes de Haute-Savoie, voici une femme de quatre-vingts ans qui cherche à désarmer sa colère tout en restant de bonne foi. Remontent alors une série de scènes d’origine. Quelles soient cruelles, tendres ou comiques, l’esprit et l’écriture acérés de l’écrivaine font mouche, elle devient conteuse et nous parle de nous mieux que jamais.

Autour de ma mère

Trois années durant, une femme prend des notes. Sur sa mère, malade, qu'elle accompagne du mieux qu'elle peut. Sur le petit Rémy, dont elle s'occupe parfois. Sur ses rendez-vous, le jardin, les saisons. Et sur N., l'amant grec dont elle est désormais séparée mais qu'elle ne parvient pas à oublier. Des pages lumineuses, soulevées par une irrésistible légereté.

Reconnaissances (2021, domaine français)

Reconnaissances

En vingt-cinq brefs tableaux, une auteure parcourt sa vie, prenant pour repères ses propres livres. Elle récrit son vécu, le change et le renouvelle, apporte aux heures sombres des touches claires. Elle joue. Une écriture réfléchie, tendue, qui s’interroge sur les liens parentaux ou passionnels, faillibles, parfois douloureux.

Reconnaissances est une reconnaissance de dette. Dette envers les lieux et les êtres propices, envers la chance aux multiples visages, dette infinie envers le vivant.

La distance de fuite (2017, domaine français)

La distance de fuite

L’expression la distance de fuite vient de l’étude des animaux. Distance ici désigne l’espace protecteur que veille à garder autour de lui l’animal dont la seule défense est la vitesse de sa course.

L’expression m’a frappée comme image poétique touchant également les rapports humains : eux aussi sont faits de distance relative, de recherche du meilleur lien possible, proche ou lointain.

Ce livre ne fait pas tant l’éloge de la fuite que du refuge qui l’oriente: les cabanes de l’enfance, un jardin, le bord d’un lac, un regard ami, une chambre à soi, la lecture.

Le titre n’est donc pas de mon invention. Il m’a paru traduire la double idée de fuite et de refuge. Si l’écriture a quelque chose d’un mouvement de fuite, en même temps elle cherche à rejoindre ce lieu d’intime hospitalité, un livre : écrite, la distance deviendra peut-être lien.

C.S.

Le Mineur et le Canari

« “De quoi parle votre livre?” m’avait demandé le docteur Ursus. – D’un éléphant dans une cristallerie, j’avais failli répondre, puis dis, “de vous et de moi. De l’effet que vous me faites.” »

C’est ainsi que la narratrice résume ce roman scandé par ses séances avec l’irrésistible Docteur Ursus. Le cadre de la thérapie donne à l’analyse du désir amoureux toute sa saveur mélancolique ou gaie.

« On savoure ces courts chapitres comme autant de miniatures, instants volés, événements minuscules, subtiles méditations, réflexions essentielles, le temps, la mort, le désir. Au bout du compte, c'est la vie qui gagne. Et la littérature.» Télérama, Michel Abescat

Le Mineur et le Canari (2012, domaine français)

Le Mineur et le Canari

Une femme s’éprend de son thérapeute, le Docteur Ursus. Une situation qui, d’emblée, empêche l’expression simple des sentiments et des désirs. Aussi bien est-ce, pour cette femme, l’occasion idéale d’aimer. Dans ce cadre protégé, surveillé, rien de malheureux ne peut lui arriver. Enchantée au sens fort du terme, la patiente écrit. Dérivé en récit, l’amour imaginaire se trouve ainsi conforté, amplifié.

Tout de cet homme plaît à la narratrice, son regard, sa voix, ses vêtements, sa bienveillante et imparable logique. Elle l’écoute, le dévore des yeux, le respire. Il suffit, ici, que la bonne distance soit observée et l’amour impossible ira à l’infini…

Mais un livre doit finir, et le récit lui-même, qui a longtemps porté la narratrice, l’avertit de revenir à la « vraie vie ». Quant au canari, son symbole vient d’une ancienne tradition. Naguère, on emportait au fond du puits de charbon un petit oiseau chanteur, qui avertissait du grisou mortel son compagnon le mineur.

Ouvrage disponible en poche : http://editionszoe.ch/livre/le-mineur-et-le-canari-1

Autour de ma mère (2006, domaine français)

Autour de ma mère

Une vieille femme perd la mémoire, perte qui incite sa fille unique à reconstituer le passé comme elle peut. Au travers de bribes de souvenirs et d’incidents quotidiens, la narratrice cherche à gagner l’affection de sa mère. A l’opposé du récit de deuil qui honore un parent défunt, Autour de ma mère est un carnet de bord tenu à chaud pendant trois ans, un journal poétique parfois noir, souvent cocasse, écrit contre le regret, l’amertume et la mort. Quête d’amour filial qui se conjugue avec la tentative tragi-comique mais passionnée de retrouver un amant fugitif. Quel amour l’emportera, celui pour la mère ou celui pour l’amant ? A ce dilemme, la narratrice donne une réponse singulière.

Ouvrage disponible en poche : http://editionszoe.ch/livre/autour-de-ma-mere-2

 

Retour, retour

« Ces premiers moments ont été décisifs. Moi cependant je ne décidais rien, presque rien, si vite me suis laissé mener, privée d’une manière ou de l’autre de mon bon sens, d’un minimum de bon sens. Ce qui avait fondu sur moi à peine hors du train, cette sensation qui faisait du retour en pays connu une arrivée en pays inconnu, n’était pas nouvelle, quoique cette fois tellement plus accentuée. Elle était prévisible et, semblait-il, j’aurais pu me ressaisir, éviter ce vers quoi je me suis avancée, fermant les yeux juste assez pour continuer. »

Un faux départ oblige une femme à revenir sur ses pas. Elle se terre, clandestine, dans sa ville natale.

La Tête de ma femme (2003, Minizoé)

La Tête de ma femme

Au nord du Capitaine (2002, domaine français)

Au nord du Capitaine

Une femme est tombée sous le charme d'une île qui, longtemps, lui prodigue ses dons simples. Promenades par les sentiers, musique d'une autre langue, la mer, les bateaux. Un jour, la visiteuse rencontre le Capitaine Rouge. C'est un homme de sac et de corde, mais sa voix et sa prestance ravissent l'étrangère.

S'ensuivent les péripéties classiques des amants – promesses, mensonges, chassés-croisés, barrages contre les moulins à vent. À l'école du Capitaine Rouge, ce maître de l'envers des choses, la narratrice perd quelques illusions.

Demeurent à la fin les objets, témoins humbles et fidèles. Demeurent les lieux, parfaits, d'une aventure triviale – une maison et un jardin  dans le pays gris et, là-bas, l'île aux sortilèges, plus vraie maintenant qu'elle a des ombres.

La Part du fleuve (1997, Minizoé)

La Part du fleuve

Le Pont aux Heures (1996, domaine français)

Le Pont aux Heures

Comme avant Galilée (1993, domaine français)

Comme avant Galilée

Retour, retour (1984, domaine français)

Retour, retour

La part d'Esmé: extrait

C’est jeudi de Pâques, demain c’est vendredi dit saint, et samedi, dimanche et lundi Esmé ira servir en petit tablier de dentelle nylon noir dans le vilain bistrot côté banlieue ouest. Comme Esmé n’a pas envoyé sa lettre au grand Canouille – oh et puis même si elle l’avait envoyée… – et que c’est les vacances, elle va là-bas dans la grande maison, dans le grand jardin, autour de midi, Canouille ayant gardé les enfants la matinée, et elle y reste jusqu’au souper, jusqu’au bain des gobettes, jusqu’au lit, jusqu’à l’histoire, et puis Esmé s’en va, rentre chez elle. C’est l’arrangement pour les vacances. De cette manière Mina et Julie ont: la maison de leur père, leur vraie maison, leur grande chambre, leurs lits, leurs jouets, leurs livres, leur tourne-disque, leurs animaux, leurs bicyclettes, leur jardin, leur rue, leurs petits copains, leur père au déjeuner et tout le matin et puis aussi ce pâlot fantôme d’Esmé en rôle sinon de mère de bonne femme à tout faire surgissant en cas de plaies, bosses, tartines et autres divers comptes à régler, tout l’après-midi et la soirée. La maison est sillonnée d’enfants du voisinage car ici on peut salir, crier, mettre de la boue dans les lavabos, s’entre-montrer le pipi et le zizi dans les wc aussi longtemps qu’il le faut, arracher les jonquilles par la tête, faire du tricycle dans la grande chambre, laisser toutes les portes grandes ouvertes puisqu’on entre et sort tout le temps. Esmé ramasse les corolles jaunes décapitées et les met nager dans un bol, elle va fermer et refermer les portes. Elle verse des verres de sirop, elle dit: ne dis pas tout le temps connasse à ta sœur, elle beurre et confiture des tartines, elle dit: remettez-les sur l’assiette si vous ne les voulez plus, ne les cachez pas entre les livres de la bibliothèque ni au fond de vos poches. Les enfants ne rient pas. Esmé non plus. Que fait-elle au juste ici. Que peut-elle faire encore ici. Et toutes les tartines recouvertes de miel, et tous les petits-beurre distribués, tous les jouets retrouvés, recollés, tous les habits interminablement rangés et tous les innombrables objets que disperse infatigablement le sillage des enfants ramassés, rassemblés, retriés – et tout ceci ne donne point, ne donne plus de réponse.